mercredi 12 mai 2021

SOLUTION HAITIENNE À LA CRISE

ÉDITORIAL DE GRANDS DÉBATS


SOLUTION HAITIENNE À LA CRISE


Surgit un forum de la société  civile avec une ambition noble mais, somme toute curieuse. Une solution haitienne à la crise politique, sécuritaire, économique, sociale, institutionnelle qui détruit le pays. On aurait pu crier un bel élan patriotique ! Mais le fait qu'un verbe, le verbe trouver, vient à se juxtaposer devant pour en faire un trouver une solution haitienne à la crise parait curieux et soulève de renversantes inquiétudes dans l'esprit serein de ceux qui croient à la nécessaire et indispensable unité nationale dans ce moment crucial de notre vie de peuple, jadis modèle de l'universalité des droits humains, aujourd'hui paria de la communauté internationale.

La question fondamentale que tout esprit sensé doit soulever c'est quoi une solution haitienne, alors que les partis politiques de l'opposition associés à la société civile avaient annoncé le 7 février la désignation du juge le plus ancien de la Cour de Cassation, en l'occurrence Me Joseph Mécène Jean Louis comme Président provisoire pour gérer la Transition qu'ils appellent eux-mêmes Transition de Rupture. Savent-ils qu'en se faisant, ils se sont donné un Chef, ils ont établi un ordre hiérarchique qui fait de Me Joseph Mécène Jean Louis, leur primus inter pares ? Dorénavant, ils ont intérêt et statut liés à leur président désigné.

Ou bien, sont-ils venus à en prendre subitement conscience ? Au lieu d'un primus inter pares, ils sentent plutôt un impedimenta, un poids encombrant dont certains veulent se délester ? Et pour cause ? Est-ce le mal atavique de la division ?

Ces acteurs de la scène loufoque qui s'ebattent et non se battent ne se rendent pas compte depuis l'échec des négociations de Mariott, qu'ils avaient troqué leur crédibilité contre on ne sait quoi et promènent l'impression d'être plus agitateurs que leaders. Ils ne peuvent comprendre que c'est pas la force de Jovenel, ni le Blanc américain qui maintiennent un président gaffeur et névrosé au pouvoir mais leur inconséquence, leur incohérence et leur parti pris pour des bêtises politiques. On les croyait pas capables d'arriver à désigner une tête le 7 février pour la succession à la présidence du pays. Ils ont réussi à le faire. Ils veulent détruire leur oeuvre. Donner et retenir ne vaut.

L'impression est vive dans l'opinion que l'opposition et la société civile sont incapables de cohésion et que leurs meneurs veulent plus approcher l'internationale non pour négocier une sortie de crise haitienne, qui est déjà là, mais pour tirer des bénéfices de contacts personnels. Le blanc le sait. Il va leur offrir le spectacle du bon plaisir. Au point où ils en sont, la moralité les commande de négocier la mise en oeuvre, avec moins de casse, de la solution haitienne, c'est-à-dire la formation d'un gouvernement sans exclusion et l'exécution d'un agenda transparent de la Transition axé fondamentalement sur le respect des valeurs démocratiques et les principes des droits humains. 

Il y a un travers de verbalisme ou de la maladie de la parole à dénoncer chez les uns et les autres. Elle frise l'infantilisme de croiser des attaques insensées et des répliques insanes.

Le pire infantilisme c'est cette propension de vouloir dire le premier, de faire le premier, de faire bande à part, de se singulariser dans un miroir aux allouettes. Il y aura plus de gloire à défendre une position qui est unitaire au lieu de s'accrocher à des avanies sans gloire.

Pour le triomphe d'une solution haitienne, il faut mettre d'abord dans son coeur, non pas une Haiti d'en haut ou une Haiti d'en bas qui divisent, mais une Haiti qui unit des hommes et des femmes de caractère qui savent se décider sans se renier. Ne pas assumer ce qu'ils ont fait le 7 février équivaudra pour l'oppositon et la société civile à une mort civique et, pire, précisément, la déchéance humaine. 

GRANDS DÉBATS