jeudi 29 novembre 2018

Haïti : "Opinion sur le vif" INDIGNITÉ!


Par Michelle Mevs

Samuel Céliné, journaliste au Nouvelliste a fait bonne oeuvre. Son billet du 26 Novembre au titre explosif: " les cochons du Parlement" aura fait le buzz auprès du public!

La cour du Ministère de l´Intérieur et parking du Parlement haitien: Novembre 2018 (Crédit S. Céliné/Le Nouvelliste)

Céliné aura en même temps fait comprendre à dessein l´état d'insalubrité des lieux. Par conséquent et par extension, c'est l'état du pays dont il est question.

Tel un dessin politique son billet aura frappé efficacement telle une caricature.

Dans l'immédiateté nous, les citoyens haïtiens, réalisons ce que nous-autres, nous acceptons de vivre en cette période d´indignité!

Et pour mieux condenser les faits reprenons ce que Céliné écrit et je cite:

«...ils "(les honorables du parlement)" n’ont pas pensé à engager une compagnie pour récupérer les ordures qui sont du coup, jetés par le petit personnel, au fond même de ce parking ou le président du Sénat vient garer quotidiennement son gros cylindré avant d’entrer dans son bureau.» et, pour conséquence des porcs en toute liberté d'action en quête de nourriture circulant dans l'espace du parking de l´institution.»

Une hisoitre qui perdure

Avant d´entrer dans le vif du sujet, il me vient à l´esprit cet intriguant, exotique roman à succes de Gary Victor publiée depuis l´année 2009. Une fiction realiste dont la problématique perdure encore.

Chantal Guy, de La Presse le décrit comme suit: «Saison de porcs, un polar qui flirte avec la politique et le fantastique.»

Voyons en tout premier lieu ce titre provocateur de l´acticle de Samuel Céliné:

" Les cochons du Parlement" titre qui joue sur la confusion. Nous voulons ici lui faire le crédit de ne l'avoir pas écrit dans un esprit d´insulte ou d´offense mais, plutôt dans l'objectif de frapper juste. Pas de méprise car je perçois que ce journaliste laisse entendre que les animaux ne seraient pas seulement les bêtes "colonisant" l'espace mais pourraient être également des parlementaires occupés à assouvir égoistement leurs ambitions personnels.

Le parking du parlement est-il une porcherie?

Triste image d'une insalubrité ambiante pour ne pas dire d'une déchéance. Mais en toute vérité c´est du à un déni.

La responsabilité sanitaire du responsable de la maintenance des lieux, a certes fait défaut mais rejaillit en relief sur l'acceptation des honorables membres du parlement de faire avec, en stationnant leur "gros cylindrés" à ce parking- porcherie.

Et qu´est-ce que la salubrité en rapport avec la démocratie, me direz-vous?

Ce questionnement aboutit dans l´opinion publique en lien immédiat avec la sphère gouvernementale. Ne dit-on pas que «Le diable est dans les détailles» de sorte que la négligence mène en secteur de gouvernance, à la péripétie qui remonte jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir.

C'est ainsi que nous retrouvons sur les réseaux sociaux le message suivant: «Tandis que Céant (le Premier Ministre) informe de sa démarche de procurer des jobs pour ramasser les immondices: Jovenel (le Président) est encore présent sur le terrain. »

Si nous traduisons l'esprit que renvoie l'image plus haut, voilà ce que nous comprenons:

«Qui voudrait garder au pouvoir un Président fatra? Un Président démocratiquement élu qui ne représente que ce qu'il y a de plus pourri dans l'espace publique et dont le temps du mandat est insupportable? »

En référence à "L'espace" et "le temps" que mentionne Céliné dans son article; Et, par-delà, l´ insalubrité qui remonte jusqu´au chef de l´état.

Voyons à nouveau l'ambiance: Un parking-porcherie s'est constitué «...sur le terrain du Ministère de la Défense, non loin du sépulcre de l’ancien président ...Dumarsais Estimé.»: Cet espace devenu le lieu du bestiaire de la honte. Nous voilà en plein dans l´ indignité!

Et finalement examinons de plus près "le facteur " temps". Quel est-il? aucun doute, selon moi; il s´agit d´aller au delà de la préoccupation du renouvellement d'un mandat, de cette ambition toute personnelle de nos honorables. Il s'agit essentiellement d'une question de durée. L'échéance que mettra l'Etat haïtien par l'entremise gouvernemental à ramener notre territoire national à davantage d´hygiène publique, d´hygiène politique également.

M.M.

mercredi 28 novembre 2018

Hati : Un navire en flamme

Publié dans Haiti Observateur 28 novembre 2018 


Regard de la fenêtre

Haïti. Panorama politique actuelle.

Un navire en flamme!

Par Michelle Mevs 

Des deux côtés le mal est infini. Cette vérité de la palisse convient parfaitement en rapport au contexte actuel au pays en ce mois de Novembre 2018.

Deux options sont offertes au citoyen haïtien en rapport avec la situation politique:

Soit choisir de laisser courir le mandat constitutionnel de cinq années échues au président élu Jovenel Moïse, mais au risque d´endurer un bien impopulaire, un incompétent, un arrogant - en charge de bien mener les affaires du pays-. D´endurer encore des années d'échec pour la population et le pays sous forme de privations, de chômage et d´immondices. Période vers laquelle le chef de l'Etat semble irrémédiablement naviguer à toute allure compte tenu de la faillite économique qui perdure.

Ou encore la seconde: le pousser à la démission par tous les moyens, y compris la violence puisque depuis le début de sa présidence rien ne va plus dans les rouages de la politique qu´elle soit économique ou sociale. D´autant plus, que rien n'y fait quand la population défile en rang dans les rues, en sages revendicateurs sous le control de la police. Elle a le sentiment qu'elle n'est enfin entendue que quand il y a casse, incendies et véhicules incendiées.

Bataille rangée: Les protagonistes s'affrontent

D'une part c´est le Mandat démocratique qui est défendu par le gouvernement et le président Jovenel Moïse, le parti et les partisans du précédent président PHTK

et d'autre part la violence comme recourt final pour faire aboutir des revendications prônées par la population et portées par de nombreux secteurs de l´opposition.

A la clé le refus patent malgré les promesses verbales du président de justice menant à bien le procès concernant la dilapidation des fonds Petrocaribe. Si Jovenel Moise est décrié c´est que ses promesses sont toutes mensongères. Ne leur -a-t il pas promis de faire de la corruption son moto par cinq fois? Ne leur a-t-il pas dit qu'elle jouirait du courant 24/24? et, quoi d'autre encore...

Inquiétude et questionnement

Quel termes d'échange, quelles négociations concrètes, à partir du dialogue, qui viendraient compenser les souffrances de la population; ses difficultées à accepter de subir une présidence qui de fait n'a ni la volonté ni la capacité de délivrer un fonctionnement progressiste au pays? Dans l´opinion publique on constate que le pays n'est pas dirigé!

Il faut remarquer que le dialogue entre les partis politiques n'a pas abouti jusque là. La perte de confiance a fait son chemin et aboutit au rejet de cette gouvernance bancale. L'homme du PHTK qui s'accroche encore au pouvoir n'a pas su ni faire ni convaincre voir rassembler depuis son installation à la présidence. Il évoque pour se défendre le mandat démocratique de cinq années accompagnant son élection.

L'international et la présidence de Jovenel Moïse

L'international et notre puissant voisin et allié, les Etats- Unis d'Amérique et le CORE GROUP, font l'éloge inconditionnel d'une démocratie libérale impliquant l'observation sans condition de la durée d´un mandat démocratique; par contre, la population locale et la diaspora, l'opposition de même que l´opinion publique radicalisées ne l'entendent pas de cette oreille. Ils se préparent à mettre le feu aux poudres malgré quelques intermèdes.

Il faut alors poser la question : Un gouvernement de transition est-il une solution viable? Prendre une décision au niveau du citoyen pour l'un ou l'autre camps se complique davantage quand on sait que les gouvernements de transition ont fait davantage de tort au pays. C'est ce point précis qu'a voulu souligner le journaliste bien connu Frantz Exantus, actuellement démissionnaire de radio Signal FM, se référant au gouvernement transitoire de Jocelerme Privert par exemple: un gouvernement de transition ayant participé à fondre (US$ 30, 000.000) trente millions de dollars du fonds Petrocaribe.  

En ce sens, il voudrait évoquer le concept de deux maux, il faudrait choisir le moindre. Au tre ment dit, il aimerait plutôt suggérer d’encadrer le gouvernement Moise/Céant tout en établissant des normes de contrôle effectif pour l’obliger à assumer ses responsabilités ?

Récapitulatif de quelques dates et événements:

6/7/8 juillet 2018. Emeutes embrasées -contre la hausse des produits pétroliers- suivi de la réponse du Président Jovenel Moïse: "vous avez parlé, je vous ai entendu."

17 Octobre 2018 Les Pétro Challengers sous la hashtag #KoteKobPetrocaribea se lancent dans la rue...Ils font dans l'exclusion des personnages du secteur politique traditionnel. Ils se disent apolitiques et informent qu'ils ne sont pas en faveur de la démission du Président.

Suit la mesure du président qui consiste à revenir sur sa mesure précédente de dé-dollarisation.

13 au 16 novembre Massacre de La Saline. Tandis que Les chefs de gangs armés se battent entre eux pour le control des zones de non-droit ou bidonvilles, entre eux: voilà qu'une opération de nettoyage des "bandits armés" s'y enclenche officiellement comme l'annonce le responsable de la Sécurité Publique au gouvernement. A partir de là de nombreux cadavres sont jetés sur le fatras où ils sont dévorés par des porcs sans qu´aucune mesure officielle ne soit prise. Aucune déclaration faite non plus.

18-23 novembre. Manifestations sur tout le territoire et à la capitale. Le pays est paralysée par la grève qui suit et en amont l'acte du faucon Jean-Charles Moïse pour battre le briquet. Il lance un défi au système au régime quand il fait hisser un drapeau noir et rouge celui de Jean-Jacques Dessaline (1805) au mât à Vertière. Conséquence: le Président Jovenel Moïse ne peut se rendre à Vertière pour commémorer la batailles victorieuse de l'armée indigène sur les français. Il se rendra en toute sécurité et protection policière au Mupanah.

21 novembre : L'ambassadeur Kenneth H. Merten, Sous-Secrétaire d’État au Département d’État américain, en charge du dossier Haïti, s'exprime en rapport aux stipulations du système démocratique qui exige des élections en préalable à tout changement de présidence en Haïti. Tout en condamnant la violence des manifestations, il se réfère à la nécessité d´ investissements...

Le 22 novembre: Le Core group émet son communiqué dans la même ligne que l´ambassadeur Kenneth H. Merten. Citons Le Nouvelliste: " le groupe rappelle que les actes de violence cherchant à provoquer la démission des autorités légitimes n’ont pas leur place dans le processus démocratique…". La composition du Core group consiste en la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies, des ambassadeurs de France, de l’Union européenne, d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États unis d’Amérique, et du représentant spécial de l’Organisation des États américains.

Le 22 novembre : le Sénat de la République reprend les déclarations dans le même sens que l´international, se positionnant contre la violence. A noter que le Président du Sénat Joseph Lambert s´est toujours positionné en faveur du gouvernement de Jovenel Moise.

Le 22 novembre: Annonce d'appui financier budgétaire en 2019. L'annonce est faite par Le Premier Ministre Jean Henri Céant qui affirme "que sur les 100 millions d’euros promis par l’UE, 30 millions ont été reçus par l’État haïtien en juillet dernier, 35 millions seront décaissés en 2019 et 35 autres millions en 2020". (Source Le Nouvelliste.)

23 novembre : Manifestation des masses sur- excitées promettant la violence cherchant à atteindre la zone de Pétion-ville est dispersée depuis Delmas 60/63. Décision prise par le PM en tête du CSPN.

24 novembre: L´opposant Jean-Charles Moïse se rend à l´ONU et se voit renvoyer avec les recommandations d'éteindre son tison violence et de rechercher le palabre de paix.

Les 22 et 25 novembre: Les Déclarations du Président Jovenel Moïse et dans un second temps celle de son Premier Ministre Jean Henri Céant à la nation. Tandis que le Président défend son droit de poursuivre son mandat, le P.M. informe sur son plan.

Le plan Ceant sous le feu des projecteur établit les points suivants: l'appel au dialogue politique; le combat contre l'insécurité commençant par le désarmement; des mesures d'apaisement social, la transparence, et, quelques imprécisions en rapport avec l'investissement et la production nationale; l'emploi des jeune et le plus important la reformes des finance publiques et de l´Etat etc.... Néanmoins, on observe que c´est sans autre précision sur la provenance du capital pour la réalisation de ce plan, en dehors de des 35M pour 2019. L'aide internationale va-t-il constituer le plus gros des apports? En a-t-on l´assurance? rien n´est dit sur le financement au pays pour le long terme....

Prochainement les 26/27/28 novembre. Appel à la grève et la paralysie des voies de transport par l'opposition en mode " Ti mari pa monté ti mari pa desan." Néanmoins , le secteur transport annonce qu´il ne supporte plus cette initiative.

En tout dernier lieux , un Appel à un Sit-in devant la Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif contre les déclarations du juge Arol Elie qui réclame le droit de reprendre le dossier de l'affaire Petrocaribe alors que selon Me André Michel le juge Morin en a déjà pris charge.

L´opposition existe bel et bien 


Le secteur Démocratique et Populaire, le plus radicalisé de même que celui de Jean-charles Moïse n´entendent pas éteindre le feu de la révolte contre un président qu'il n'ont sans doute pas élu puisque tous deux sont des ailes de la doctrine Lavalas de Jean-Bertrand Aristide.

Ils sont nombreux Les autres chefs de parti politique qui font leurs recommandations individuelles. Assad Volcy pour sa part sorti du parti de Moise Jean-Charles recommande la cohabitation. A noter que Me André Michel, le Jacmelien, antérieurement du parti Lavalas, l'avocat qui par sa détermination et son courage a introduit des multitudes de plaintes légales auprès du barreau de Port-au-Prince de citoyens haïtiens contre la dilapidation des fonds Petrocaribe réclame pour sa part le départ du Président haïtien Jovenel Moïse. Il suit de près le développement du dossier par lui introduit auprès de la justice haïtienne

Aux écoutes de Source Loop, on retient ceci : « "De son côté, le sénateur Nenel Cassy L’élu des nippes invite tous les secteurs de la population haïtienne à se mobiliser pour exiger la démission du président Jovenel Moïse dont il affirme l’implication dans la dilapidation des fonds du Petro Caribe».

Le contexte économique et social

La majorité de la population: Un peuple qui agonise et réclame plus de justice sociale. Elle s'est jeté dans l'émmigration or des murs s'érigent partout devant eux. Ils se sent délaissé par le pouvoir qui n´a jamais de réponse à leur offrir que du silence.

La classe moyenne ne trouve pas de jobs et ses revenus se retrouvent amenuisés jour après jour vu la décote accélérée de la gourde ou du dollar haïtien par rapport au dollars des Etats- unis d´Amérique alors qu'en même temps le coût de la vie explose.

Le secteur des affaires sont aux abois en dehors des "compradores" ou "compadre" parti-prenante de la corruption organisée depuis des années par les dirigeants du pays. L'instabilité politique, l'insécurité et la réduction du pouvoir d'achat ne sont pas pour apaiser les inquiétudes de tout investisseur.

Un des aspects négatifs de la situation et pas des moindres: L'action des chef de gangs armés réclamant le controle des territoires et bidonvilles de non-droit, et tout le business mafieux , le danger physique, que cela comporte y compris la pression quand il faut opérer les versement obligatoires en prébendes aux chefs de gangs.

Reprises des chiffres cités dans le discours du 25 novembre du Premier Ministre Jean Henri Céant 

16,000 policiers seulement pour protéger et servir une population de 11 Millions vivant sur un territoire de de 27,500 km2.

Le PIB: est de US$765 par tête d'habitants or 80% des habitants y vivants avec US $2 par jour. De 1998 À 2018 le taux de croissance a vacillé entre 1.3% et 1.8%. Le budget de l'État haïtien engrange ses fonds comme suit: 64% du budget consiste en recettes d'impôts qui proviennent de la DGI et 35% en recette douanières. Sur 1000 enfants nés 59 sont voués à une mort prématurée.

On remarque que le Premier Ministre Jean Henri Céant aura omis de mentionner la décote de la gourde. Aujourd'hui il faut 75 gourdes pour 1 dollar américain.

Bien entendu ses promesses d'ouvrir 1000 entreprises et de procurer des jobs à 200 jeunes laissent indifférents puisque le Président Jovenel Moïse avant le Premier Ministre avait fait tant de promesses demeurées inaccomplies d'où une un engloutissement de la confiance publique.

De toute evidence, Jean Henri Céant, le premier ministre, prête main forte au Président décrié Jovenel Moïse. C´est une bien lourde tâche. Elle pourrait porter préjudice à sa course politique déjà noyée dans océan d'incertitude.

M.M.

dimanche 25 novembre 2018

Réseaux sociaux: Moise Jean-Charles et les préjugés

Je ne fréquente pas les réseaux sociaux. Cette liberté qu’y trouve n’importe qui de dire n’importe quoi a des expressions parfois déroutantes.

Désobéissant à ma règle, j’ai pu constater sans étonnement la violence de certains commentaires concernant la maladie de Moïse Jean-Charles. Souhait de paralysie permanente. Rien que ça. Mais encore mieux : qu’il crève et qu’on en finisse. Le pire dans tout ça, c’est que l’on peut soupçonner les auteurs de ces textes d’avoir la même origine, le même physique que le leader détesté. Ils ont accumulé quelques petits biens, jouissent d’un petit statut social, sont devenus ainsi de petits notables plus conservateurs et malpolis que les grands pour lesquels ils se prennent. Tout kò yo se dan. Touchez pas à mon petit confort. Rien n’est plus minable que le conservatisme du nègre domestique qui, comme dans le Django de Quentin Tarantino, se croit aussi blanc, aussi riche que son maître.

Il y a des gens ici qui ressemblent à ce personnage. Tout ce qui leur rappelle leur origine modeste, les années de galère, les horripile. Leur petit commerce, leur petit français, leur petit anglais, plus créoles qu’ils ne l’admettent, leur petite famille qu’ils essaient de construire sur le modèle de la famille occidentale qui a du mal à se maintenir dans le centre même de l’Occident, leurs petits rituels plus mimétiques qu’originaux. Ils ont, sont, un petit quelque chose. Et que les ouvriers et les travailleurs des transports publics ne viennent pas les emmerder avec les grèves. Et que les paysans crèvent sans se plaindre ni se révolter, la tête penchée vers la terre. Tout est bien : « Ma fille fréquente une université privée, ma femme va à l’église, mon mari a un bon poste, nous avons une maison et on va parfois à Miami, la plus belle ville du monde. » Leur fils s’appelle Robert et leur fille Chantoutou. Ils n’aiment pas les pierres, la rue, les revendications, les syndicats, la gauche, Marx… Les femmes n’ont jamais entendu parler d’Alexandra Kollontaï ou de Rosa Luxemburg. Les hommes, Cristiano Ronaldo, les affaires courantes, une maîtresse ni trop instruite ni trop exigeante… et tout est bien. Comme dans la chanson de Brel : « ils ont inventé prisons et condamnés ».

Et casiers judiciaires et trous dans la serrure

Et les langues coupées des premières censures », « et c’est depuis ce temps qu’ils sont civilisés » et voudraient que « la raison d’État tue… à coups de bâton ». Le titre de la chanson : « Les singes… de mon quartier ».

Ils sont bons chrétiens de jour et mauvais vodouisants la nuit, mais l’humanisme des religions, de celle qu’ils affichent comme de celle qu’ils cachent, ne leur interdit pas de souhaiter la mort d’un homme. Au fait, sans l’avoir lu, ils sont voltairiens et voudraient « écraser l’infâme ».

L’infâme pour eux, c’est ce qui leur rappelle leur passé, leur enfance, et tout cri de colère contre l’ordre établi. Parmi les gens des classes moyennes, hélas, il en est beaucoup. Parcimonieux. Fielleux. Les singes… les singes… de mon quartier.


Antoine Lyonel Trouillot

mercredi 7 novembre 2018

Brésil: Jair Bolsonaro le “Trump Tropical”

HAITI OBSERVATEUR EDITION DU 7 NOVEMBRE 2018 



Politique. Scrutin électoral. Populisme d´extrême droite.

Regard de la Fenêtre

Jair Bolsonaro le “Trump Tropical” Les enjeux et les forces qui ont porté le néo-libéral Jair Mesias Bolsonaro au pouvoir! 

Par ​Michelle Mevs 

Qui est Jair Bolsonaro, ce champion populiste d'extrême-droite qui a engrangé 55,13% des votes au Brésil le 28 Novembre 2018? 

Quelques éléments pour mieux comprendre sa méthode et son positionnement-Faut savoir que Jair Bolsonaro, personnage médiocre, n'était qu'un élément jugé non-présidentiable au Brésil et ceci jusqu'à très tard dans la période électorale qui le plaçait en face du très apprécié Fernando Haddad, le dauphin du parti des travailleurs (PT) de Lula Da Silva, emprisonné pour corruption depuis Avril 2018. 3 ans, blanc, ancien capitaine de l'armée, sombre député durant trois décennies au parlement: le voilà, ce piètre candidat qui s'arme d'une méthode électorale infaillible, celle de Donald Trump et aboutit à l´ envoûtement surprenant de la population à son égard. Fin Août, Bolsonaro se présente comme le seul leader capable d'amener le changement au Brésil. La foule l'acclame!

Sa méthode: Une campagne violente tout en critique et rejet des gestions antérieures. Une réponse innovante à la conjoncture et aux moeurs locaux. Faisant de la puissance de la communication numérique un instrument de discrédit rapide et efficace en mode insurrection électorale contre la gauche au pouvoir ces 13 dernières années: le Parti des Travailleurs P.T. de Lula Da Silva. 

Précisions: Bolsonaro est un hyper- nationaliste de droite pro-militaire, raciste, misogyne, et homophobe qui ne se prive pas d'annonces violentes recommandant le renversement du système quand il diabolise la presse traditionnelle dont le numéro un est le puissant groupe médiatique de droite Globo. Par contre déjà fort en intoxication en réseau sociaux, il sait tirer profit de l'appui du second groupe médiatique au Brésil: le groupe Record de Edir Macedo, lui c´est l´archevêque de l'église évangélique star le “Royaume de Dieu” : la compétition de la TV Globo. 

Être dans une democratie ultra libérale à la Trump pour apporter des suppléments au système démocratique jugé incomplet, tel est l´idéologie que conçoit Jair Bolsonaro. Elle fait recette. 

Donald Trump, est le premier président à l'avoir appelé après sa victoire électorale pour le féliciter. Pas étonnant puisqu´il s´agit de la même théorie politique, de la même application. A titre d'exemple: Le racisme chez Bolsonaro est notoire. Les analystes rapportent que les noirs du Brésil n'ont jamais été réhabilités juridiquement au cours de l'histoire parce qu'au Brésil il n'y a jamais eut de véritable révolte des esclaves; de sorte qu'actuellement cette population demeure encore fortement marginalisée. Pour preuve, la proposition Bolsonaro consiste à rejeter le système des quotas aux Universités. Elle annule le projet- loi pour servir à encadrer la domesticité. L'inégalité raciale n'est pas l'affaire du candidat devenu président ou plutôt il en fait son affaire dans le sens du pire. Le Changement climatique ne l´inquiète pas. Bolsonara mènera une politique visant à reprendre l'exploitation minière en Amazonie, à mettre en jeu les terres des communautés indigènes. Le Ministère de l'Agriculture et celui de l'environnement fusionnent en un seul. Certains pensent l'homme mièvre et sans éclat, incompétent! peu apte à la tâche énorme qui lui est confiée. mais le candidat est malin. Bolsonaro a su éviter la critique de ses adversaires en s'abstenant de publier ou d'exposer les finalités de son programme politique et d´autrepart exerçe une maîtrise particulière sur sa communication. Il ne se présente pas aux débats de la politique traditionnelle qu'au tout dernier moment soutenu par un puissant groupe de presse qui lui est entièrement favorable….Provocateur radical il s'inscrit dans ce mouvement du populisme d'extrême-droite qui progresse dans le monde entier.

Admirateur et nostalgique du régime militaire au pouvoir d´il y a 33 ans

C´est dire qu´il voit tout dans le prisme de la force répressive institutionnalisée. Le port-d'arme libéré et le renforcement des mesures coercitives contre tout délinquants. 5 Sa politique anti-immigration: Bolsonaro fera appel à l'armée pour sécuriser les frontière avec le Venezuela. En général Le concept de nettoyage obtient le consentement de la majorité. “Il faut nettoyer les bandits rouges” dit le Président. Un slogan en écho au “swamp” le “marécage” que Trump avait promis de nettoyer. Il nomme le juge Sergio Moro Ministre de la Justice et Sécurité publique pour combattre l'Extrême violence sévissant au Brésil. Pas moins de 64 ooo homicides l'année dernière. Il s'agit évidemment du même magistrat, celui là-même qui a condamné à 13 ans de prison Lula Da Silva pour corruption.

P​roche du patronat comme ceux de l'agro-business q​ui financent illicitement sa campagne alors que La loi en interdit le financement électoral privé.

Dans la foulée, ce sont ceux-là qui financent également sa campagne médiatique whatsapp et instagram en y publiant des millions de message, discrédit sur Hadad et pro-Bolsonaro. Cette pratique est dénoncée par un grand journal de Sao Paulo. De plus le candidat compte mener une politique économique ultra- libérale ouvrant le marché au capitalisme pure et dure par la privatisation. Les lobby y sont déjà très forts!

Motivateur et manipulateur de la population

Bolsonaro se rapprochant de la population aux frustrations extrêmes: Il s'affiche en personnage autoritaire d'extrême droite, le seul homme capable de résoudre dans la mise en train de décisions radicales les nombreux problèmes de ces 210 Million de brésiliens postrés dans la terreur d'une insécurité endémiques, d´une dégringolade accentuée de l'économie et, en colère pour la défaillance des services au pays alors que les taxes sont engrangés par l'Etat. ​Le chômage qui s'élève à 12 %. Il trouve en Paolo Gates l´ultralibéral qui sera nommé Ministre de l'economie.

Le support des églises évangéliques ​aux élections.

Porté par les voix des nombreux évangéliques, Bolsonaro demeure pourtant un fervent catholique qui le dénomment le Mesias à cause de son nom de baptême Mesias. Toutefois il peut jouer 6 sur les deux registre s'était fait baptisé adventiste dans les eaux de Jourdain. Il prône l'anti-avortement comme Donald Trump, alors que l'église catholique se retrouve en perte du pourcentage 1% de la masse des fidèles par an.

Bolsonaro procède à l'établissement d´un secteur de la communication bénéficiaire au candidat: La presse traditionnelle vs la presse numérique: Il organise une campagne à communication de desinformation sur Whatsapp et instagram etc...des plus efficaces sur un ​Brésil de 210 million d'habitants en majorité urbanisé dont 85% et connecté : Bolsonaro provoque l´envoutement a travers la mobilisation par l'émission de messages violents, extrémistes, à travers les réseaux sociaux et pas seulement. Il a compris que l'époque est à la radicalité et à l´outrecuidance, au clivant: Le grand show- politique tout en provocation. Il ne ménage point en invectives verbales ses adversaires dans un langage nouvellement décomplexé.

Il sait Faire du rejet de la corruption un argument politique massue

​Il fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille et arrive à convaincre l'opinion publique dans l'affirmation que seul les 13 années de la gauche sociale des Lula, Roussel, est symbole de tout ce qui va mal au Brésil. Se basant sur le scandal mondial Odebrecht, il en tire parti alors que dans la réalité la corruption métastase tout secteur au Brésil.

Il fait de l´insécurité un argument politique à sa cause
 

Les déçus de la DEMOCRATIE qui sont sous le joug des gangs de quartiers. A titre d'exemple nous citons une réponse d'une femme de ménage: “De quelle démocratie parlez-vous? Dans mon quartier, on vit déjà sous la dictature des gangs!”» Le besoin d´un homme fort et radical dans ses prises de position sans concessions s´imprime chez les classes populaires. A ceci la réponse de Bolsonaro ​«​un bon bandit est un bandit mort​». Il promet d'accorder des permis 7 de port d'armes ​«aux gens biens» pour combattre la violence extrême qui sévit.

Il Cerne La culture politique du Brésil: ​La Culture du consensus et le refus de violence a toujours prévalu au Brésil mais évolue. La majorité du peuple aurait tendance à penser qu´il faut essayer avec le Bolsonaro du changement radical et si cela ne marche pas, on le fera partir, comme c'est arrivé avec Dilma Rousseff, et même Lula Da Silva…Et donc, On le prend à l'essai car si cela ne va pas, on peut toujours l'éjecter puisque c´est une pratique au Brésil. A noter que la grille droite gauche n'est pas clairement définie en Amérique Latine. On veut tourner la page avec une homme fort qui saura remettre de l'ordre au bercail. Tel est l'espoir qui anime l´électorat populaire et les classes moyennes votant pour Bolsonaro.

Le vide au PT et son entrée en course électorale trop tard et la conjoncture. 

​Le P.T. c´est le parti de Lula Da Silva croupissant en prison pour corruption. Ce dernier n'a pas voulu partager le leadership de son parti et quand il a nommé Fernand Haddad son dauphin pour se lancer dans la course, c'était déjà trop tard. Entre Temps le vide politique temporaire a permis à Bolsonaro d'organiser sa stratégie de campagne souterraine et de la faire progresser. La conjoncture: Le Brésil ante-scrutin se trouvait déjà dans une crise économique et morale accentuée par la gestion du Parti des Travailleurs PT de Lula. Le Modèle d'inégalité sociale et l'élite en mode clientéliste sont connus.

Bolsonaro a agit en Tentative de dégager le système du Parti Travailliste tout en proposant une théorie politique nouvelle 

Bolsonaro frappe l'Ensemble de la classe politique de discrédit. Ce sont en priorité Dilma Rousseff ou Michel Temer, le président sortant; le très populaire Lula Da Silva: tous du PT. Il met en avant par exemple, le système des retraite qui mine le budget de l'etat. les subventions qui vont aux grandes entreprises, alimentent un circuit fermé. Le financement des grandes compagnies au détriment des petites et moyennes entreprise. Illustration: L'usine de Coca Cola à Manaos par 8 menaçait de fermer si on ne lui accordait pas la subvention. La production nationale s'amenuisant fortement. Si nous regardons de plus prêt: les -fortes dépenses dans le social ont conduit à un certain soulagement d'un secteur de la population; néanmoins, des impôts mais pas de services: Le prélèvement des impôts soit 35 % du PIB, n'est pas reversé sur les services.. Le PT n'a pas su faire face aux défis. Il n'a su apporter une quelconque amélioration structurelle au pays. D´état émergent, le Brésil de ces 15 dernière année a fortement régressé.

L´opposition: Faut savoir que l'opposition n'existe principalement que dans un périmètre de bi-partisme comprenant PT et du PSDB, les deux parti majoritaires. Les partis politiques sont au nombre de 35 soit une myriades de partis qui ne font pas le poids. L´opposition se joue donc entre ces deux principaux partis: le PT parti travailleur de gauche et le PSDB de droite. Les nombreux partis morcellent le pouvoir parlementaire. Partant de ce fait, il est à prévoir que la gestion des affaires du pays pour Bolsonaro s'en trouvera complexe. A noter que certains pensent encore que les institutions brésiliennes sont assez forte pour résister à la vague d'extrême droite sans présenter une certaine résistance démocratique dit Alexandre Adler, France. Puisque les erreurs du PT ont été nombreuses quant à leur gestion du pays. Bolsonaro en a profité.

Bolsonaro affirme néanmoins à ces ​147 millions d'électeurs, qu´il est un fervent de la démocratie ​et respectera les droits de l´homme. ​Et pourtant, des messages ambiguës nous parviennent: “quoique les droits de l´homme sont seulement pour les hommes “droits” a-t-on entendu dire durant la campagne. De telles affirmations pourront être vérifiées dans l'exercice du pouvoir de ce nouveau parvenu qu´est Bolsonaro. Observation: Trump est imprévisible se permettant constamment de modifier ses prise de décision selon ses 9 besoins du moment. Il pourrait arriver que Bolsonaro agisse de même en vue de garantir son pouvoir. Une constatation: A peine installé à la présidence n'a-t-il pas décidé comme Trump de bouger l'ambassade du Brésil à Jérusalem?

Comprendre le positionnement de L'armée​: Ce corps ne semble pas intéressé à se responsabiliser du pays dans son état d´ingérabilité. Excellent que le capitaine Bolsonaro en prenne les rênes pense-t- on au sein de cette institution, affirmant toutefois que le socle de son action demeurera la constitution brésilienne. Il est difficile de croire à la bénévolence de ce corps en resurgence.

Le paradigme politique est tout nouveau au Brésil. Ses conséquences sur l'amérique latine et la Caraïbe ne tardera pas. Soyons vigilant. 

M.M