mercredi 28 novembre 2018

Hati : Un navire en flamme

Publié dans Haiti Observateur 28 novembre 2018 


Regard de la fenêtre

Haïti. Panorama politique actuelle.

Un navire en flamme!

Par Michelle Mevs 

Des deux côtés le mal est infini. Cette vérité de la palisse convient parfaitement en rapport au contexte actuel au pays en ce mois de Novembre 2018.

Deux options sont offertes au citoyen haïtien en rapport avec la situation politique:

Soit choisir de laisser courir le mandat constitutionnel de cinq années échues au président élu Jovenel Moïse, mais au risque d´endurer un bien impopulaire, un incompétent, un arrogant - en charge de bien mener les affaires du pays-. D´endurer encore des années d'échec pour la population et le pays sous forme de privations, de chômage et d´immondices. Période vers laquelle le chef de l'Etat semble irrémédiablement naviguer à toute allure compte tenu de la faillite économique qui perdure.

Ou encore la seconde: le pousser à la démission par tous les moyens, y compris la violence puisque depuis le début de sa présidence rien ne va plus dans les rouages de la politique qu´elle soit économique ou sociale. D´autant plus, que rien n'y fait quand la population défile en rang dans les rues, en sages revendicateurs sous le control de la police. Elle a le sentiment qu'elle n'est enfin entendue que quand il y a casse, incendies et véhicules incendiées.

Bataille rangée: Les protagonistes s'affrontent

D'une part c´est le Mandat démocratique qui est défendu par le gouvernement et le président Jovenel Moïse, le parti et les partisans du précédent président PHTK

et d'autre part la violence comme recourt final pour faire aboutir des revendications prônées par la population et portées par de nombreux secteurs de l´opposition.

A la clé le refus patent malgré les promesses verbales du président de justice menant à bien le procès concernant la dilapidation des fonds Petrocaribe. Si Jovenel Moise est décrié c´est que ses promesses sont toutes mensongères. Ne leur -a-t il pas promis de faire de la corruption son moto par cinq fois? Ne leur a-t-il pas dit qu'elle jouirait du courant 24/24? et, quoi d'autre encore...

Inquiétude et questionnement

Quel termes d'échange, quelles négociations concrètes, à partir du dialogue, qui viendraient compenser les souffrances de la population; ses difficultées à accepter de subir une présidence qui de fait n'a ni la volonté ni la capacité de délivrer un fonctionnement progressiste au pays? Dans l´opinion publique on constate que le pays n'est pas dirigé!

Il faut remarquer que le dialogue entre les partis politiques n'a pas abouti jusque là. La perte de confiance a fait son chemin et aboutit au rejet de cette gouvernance bancale. L'homme du PHTK qui s'accroche encore au pouvoir n'a pas su ni faire ni convaincre voir rassembler depuis son installation à la présidence. Il évoque pour se défendre le mandat démocratique de cinq années accompagnant son élection.

L'international et la présidence de Jovenel Moïse

L'international et notre puissant voisin et allié, les Etats- Unis d'Amérique et le CORE GROUP, font l'éloge inconditionnel d'une démocratie libérale impliquant l'observation sans condition de la durée d´un mandat démocratique; par contre, la population locale et la diaspora, l'opposition de même que l´opinion publique radicalisées ne l'entendent pas de cette oreille. Ils se préparent à mettre le feu aux poudres malgré quelques intermèdes.

Il faut alors poser la question : Un gouvernement de transition est-il une solution viable? Prendre une décision au niveau du citoyen pour l'un ou l'autre camps se complique davantage quand on sait que les gouvernements de transition ont fait davantage de tort au pays. C'est ce point précis qu'a voulu souligner le journaliste bien connu Frantz Exantus, actuellement démissionnaire de radio Signal FM, se référant au gouvernement transitoire de Jocelerme Privert par exemple: un gouvernement de transition ayant participé à fondre (US$ 30, 000.000) trente millions de dollars du fonds Petrocaribe.  

En ce sens, il voudrait évoquer le concept de deux maux, il faudrait choisir le moindre. Au tre ment dit, il aimerait plutôt suggérer d’encadrer le gouvernement Moise/Céant tout en établissant des normes de contrôle effectif pour l’obliger à assumer ses responsabilités ?

Récapitulatif de quelques dates et événements:

6/7/8 juillet 2018. Emeutes embrasées -contre la hausse des produits pétroliers- suivi de la réponse du Président Jovenel Moïse: "vous avez parlé, je vous ai entendu."

17 Octobre 2018 Les Pétro Challengers sous la hashtag #KoteKobPetrocaribea se lancent dans la rue...Ils font dans l'exclusion des personnages du secteur politique traditionnel. Ils se disent apolitiques et informent qu'ils ne sont pas en faveur de la démission du Président.

Suit la mesure du président qui consiste à revenir sur sa mesure précédente de dé-dollarisation.

13 au 16 novembre Massacre de La Saline. Tandis que Les chefs de gangs armés se battent entre eux pour le control des zones de non-droit ou bidonvilles, entre eux: voilà qu'une opération de nettoyage des "bandits armés" s'y enclenche officiellement comme l'annonce le responsable de la Sécurité Publique au gouvernement. A partir de là de nombreux cadavres sont jetés sur le fatras où ils sont dévorés par des porcs sans qu´aucune mesure officielle ne soit prise. Aucune déclaration faite non plus.

18-23 novembre. Manifestations sur tout le territoire et à la capitale. Le pays est paralysée par la grève qui suit et en amont l'acte du faucon Jean-Charles Moïse pour battre le briquet. Il lance un défi au système au régime quand il fait hisser un drapeau noir et rouge celui de Jean-Jacques Dessaline (1805) au mât à Vertière. Conséquence: le Président Jovenel Moïse ne peut se rendre à Vertière pour commémorer la batailles victorieuse de l'armée indigène sur les français. Il se rendra en toute sécurité et protection policière au Mupanah.

21 novembre : L'ambassadeur Kenneth H. Merten, Sous-Secrétaire d’État au Département d’État américain, en charge du dossier Haïti, s'exprime en rapport aux stipulations du système démocratique qui exige des élections en préalable à tout changement de présidence en Haïti. Tout en condamnant la violence des manifestations, il se réfère à la nécessité d´ investissements...

Le 22 novembre: Le Core group émet son communiqué dans la même ligne que l´ambassadeur Kenneth H. Merten. Citons Le Nouvelliste: " le groupe rappelle que les actes de violence cherchant à provoquer la démission des autorités légitimes n’ont pas leur place dans le processus démocratique…". La composition du Core group consiste en la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies, des ambassadeurs de France, de l’Union européenne, d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États unis d’Amérique, et du représentant spécial de l’Organisation des États américains.

Le 22 novembre : le Sénat de la République reprend les déclarations dans le même sens que l´international, se positionnant contre la violence. A noter que le Président du Sénat Joseph Lambert s´est toujours positionné en faveur du gouvernement de Jovenel Moise.

Le 22 novembre: Annonce d'appui financier budgétaire en 2019. L'annonce est faite par Le Premier Ministre Jean Henri Céant qui affirme "que sur les 100 millions d’euros promis par l’UE, 30 millions ont été reçus par l’État haïtien en juillet dernier, 35 millions seront décaissés en 2019 et 35 autres millions en 2020". (Source Le Nouvelliste.)

23 novembre : Manifestation des masses sur- excitées promettant la violence cherchant à atteindre la zone de Pétion-ville est dispersée depuis Delmas 60/63. Décision prise par le PM en tête du CSPN.

24 novembre: L´opposant Jean-Charles Moïse se rend à l´ONU et se voit renvoyer avec les recommandations d'éteindre son tison violence et de rechercher le palabre de paix.

Les 22 et 25 novembre: Les Déclarations du Président Jovenel Moïse et dans un second temps celle de son Premier Ministre Jean Henri Céant à la nation. Tandis que le Président défend son droit de poursuivre son mandat, le P.M. informe sur son plan.

Le plan Ceant sous le feu des projecteur établit les points suivants: l'appel au dialogue politique; le combat contre l'insécurité commençant par le désarmement; des mesures d'apaisement social, la transparence, et, quelques imprécisions en rapport avec l'investissement et la production nationale; l'emploi des jeune et le plus important la reformes des finance publiques et de l´Etat etc.... Néanmoins, on observe que c´est sans autre précision sur la provenance du capital pour la réalisation de ce plan, en dehors de des 35M pour 2019. L'aide internationale va-t-il constituer le plus gros des apports? En a-t-on l´assurance? rien n´est dit sur le financement au pays pour le long terme....

Prochainement les 26/27/28 novembre. Appel à la grève et la paralysie des voies de transport par l'opposition en mode " Ti mari pa monté ti mari pa desan." Néanmoins , le secteur transport annonce qu´il ne supporte plus cette initiative.

En tout dernier lieux , un Appel à un Sit-in devant la Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif contre les déclarations du juge Arol Elie qui réclame le droit de reprendre le dossier de l'affaire Petrocaribe alors que selon Me André Michel le juge Morin en a déjà pris charge.

L´opposition existe bel et bien 


Le secteur Démocratique et Populaire, le plus radicalisé de même que celui de Jean-charles Moïse n´entendent pas éteindre le feu de la révolte contre un président qu'il n'ont sans doute pas élu puisque tous deux sont des ailes de la doctrine Lavalas de Jean-Bertrand Aristide.

Ils sont nombreux Les autres chefs de parti politique qui font leurs recommandations individuelles. Assad Volcy pour sa part sorti du parti de Moise Jean-Charles recommande la cohabitation. A noter que Me André Michel, le Jacmelien, antérieurement du parti Lavalas, l'avocat qui par sa détermination et son courage a introduit des multitudes de plaintes légales auprès du barreau de Port-au-Prince de citoyens haïtiens contre la dilapidation des fonds Petrocaribe réclame pour sa part le départ du Président haïtien Jovenel Moïse. Il suit de près le développement du dossier par lui introduit auprès de la justice haïtienne

Aux écoutes de Source Loop, on retient ceci : « "De son côté, le sénateur Nenel Cassy L’élu des nippes invite tous les secteurs de la population haïtienne à se mobiliser pour exiger la démission du président Jovenel Moïse dont il affirme l’implication dans la dilapidation des fonds du Petro Caribe».

Le contexte économique et social

La majorité de la population: Un peuple qui agonise et réclame plus de justice sociale. Elle s'est jeté dans l'émmigration or des murs s'érigent partout devant eux. Ils se sent délaissé par le pouvoir qui n´a jamais de réponse à leur offrir que du silence.

La classe moyenne ne trouve pas de jobs et ses revenus se retrouvent amenuisés jour après jour vu la décote accélérée de la gourde ou du dollar haïtien par rapport au dollars des Etats- unis d´Amérique alors qu'en même temps le coût de la vie explose.

Le secteur des affaires sont aux abois en dehors des "compradores" ou "compadre" parti-prenante de la corruption organisée depuis des années par les dirigeants du pays. L'instabilité politique, l'insécurité et la réduction du pouvoir d'achat ne sont pas pour apaiser les inquiétudes de tout investisseur.

Un des aspects négatifs de la situation et pas des moindres: L'action des chef de gangs armés réclamant le controle des territoires et bidonvilles de non-droit, et tout le business mafieux , le danger physique, que cela comporte y compris la pression quand il faut opérer les versement obligatoires en prébendes aux chefs de gangs.

Reprises des chiffres cités dans le discours du 25 novembre du Premier Ministre Jean Henri Céant 

16,000 policiers seulement pour protéger et servir une population de 11 Millions vivant sur un territoire de de 27,500 km2.

Le PIB: est de US$765 par tête d'habitants or 80% des habitants y vivants avec US $2 par jour. De 1998 À 2018 le taux de croissance a vacillé entre 1.3% et 1.8%. Le budget de l'État haïtien engrange ses fonds comme suit: 64% du budget consiste en recettes d'impôts qui proviennent de la DGI et 35% en recette douanières. Sur 1000 enfants nés 59 sont voués à une mort prématurée.

On remarque que le Premier Ministre Jean Henri Céant aura omis de mentionner la décote de la gourde. Aujourd'hui il faut 75 gourdes pour 1 dollar américain.

Bien entendu ses promesses d'ouvrir 1000 entreprises et de procurer des jobs à 200 jeunes laissent indifférents puisque le Président Jovenel Moïse avant le Premier Ministre avait fait tant de promesses demeurées inaccomplies d'où une un engloutissement de la confiance publique.

De toute evidence, Jean Henri Céant, le premier ministre, prête main forte au Président décrié Jovenel Moïse. C´est une bien lourde tâche. Elle pourrait porter préjudice à sa course politique déjà noyée dans océan d'incertitude.

M.M.

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