HAITI OBSERVATEUR EDITION DU 7 NOVEMBRE 2018
Politique. Scrutin électoral. Populisme d´extrême droite.
Regard de la Fenêtre
Jair Bolsonaro le “Trump Tropical” Les enjeux et les forces qui ont porté le néo-libéral Jair Mesias Bolsonaro au pouvoir!
Par Michelle Mevs
Qui est Jair Bolsonaro, ce champion populiste d'extrême-droite qui a engrangé 55,13% des votes au Brésil le 28 Novembre 2018?
Quelques éléments pour mieux comprendre sa méthode et son positionnement-Faut savoir que Jair Bolsonaro, personnage médiocre, n'était qu'un élément jugé non-présidentiable au Brésil et ceci jusqu'à très tard dans la période électorale qui le plaçait en face du très apprécié Fernando Haddad, le dauphin du parti des travailleurs (PT) de Lula Da Silva, emprisonné pour corruption depuis Avril 2018. 3 ans, blanc, ancien capitaine de l'armée, sombre député durant trois décennies au parlement: le voilà, ce piètre candidat qui s'arme d'une méthode électorale infaillible, celle de Donald Trump et aboutit à l´ envoûtement surprenant de la population à son égard. Fin Août, Bolsonaro se présente comme le seul leader capable d'amener le changement au Brésil. La foule l'acclame!
Sa méthode: Une campagne violente tout en critique et rejet des gestions antérieures. Une réponse innovante à la conjoncture et aux moeurs locaux. Faisant de la puissance de la communication numérique un instrument de discrédit rapide et efficace en mode insurrection électorale contre la gauche au pouvoir ces 13 dernières années: le Parti des Travailleurs P.T. de Lula Da Silva.
Précisions: Bolsonaro est un hyper- nationaliste de droite pro-militaire, raciste, misogyne, et homophobe qui ne se prive pas d'annonces violentes recommandant le renversement du système quand il diabolise la presse traditionnelle dont le numéro un est le puissant groupe médiatique de droite Globo. Par contre déjà fort en intoxication en réseau sociaux, il sait tirer profit de l'appui du second groupe médiatique au Brésil: le groupe Record de Edir Macedo, lui c´est l´archevêque de l'église évangélique star le “Royaume de Dieu” : la compétition de la TV Globo.
Être dans une democratie ultra libérale à la Trump pour apporter des suppléments au système démocratique jugé incomplet, tel est l´idéologie que conçoit Jair Bolsonaro. Elle fait recette.
Donald Trump, est le premier président à l'avoir appelé après sa victoire électorale pour le féliciter. Pas étonnant puisqu´il s´agit de la même théorie politique, de la même application. A titre d'exemple: Le racisme chez Bolsonaro est notoire. Les analystes rapportent que les noirs du Brésil n'ont jamais été réhabilités juridiquement au cours de l'histoire parce qu'au Brésil il n'y a jamais eut de véritable révolte des esclaves; de sorte qu'actuellement cette population demeure encore fortement marginalisée. Pour preuve, la proposition Bolsonaro consiste à rejeter le système des quotas aux Universités. Elle annule le projet- loi pour servir à encadrer la domesticité. L'inégalité raciale n'est pas l'affaire du candidat devenu président ou plutôt il en fait son affaire dans le sens du pire. Le Changement climatique ne l´inquiète pas. Bolsonara mènera une politique visant à reprendre l'exploitation minière en Amazonie, à mettre en jeu les terres des communautés indigènes. Le Ministère de l'Agriculture et celui de l'environnement fusionnent en un seul. Certains pensent l'homme mièvre et sans éclat, incompétent! peu apte à la tâche énorme qui lui est confiée. mais le candidat est malin. Bolsonaro a su éviter la critique de ses adversaires en s'abstenant de publier ou d'exposer les finalités de son programme politique et d´autrepart exerçe une maîtrise particulière sur sa communication. Il ne se présente pas aux débats de la politique traditionnelle qu'au tout dernier moment soutenu par un puissant groupe de presse qui lui est entièrement favorable….Provocateur radical il s'inscrit dans ce mouvement du populisme d'extrême-droite qui progresse dans le monde entier.
Admirateur et nostalgique du régime militaire au pouvoir d´il y a 33 ans.
C´est dire qu´il voit tout dans le prisme de la force répressive institutionnalisée. Le port-d'arme libéré et le renforcement des mesures coercitives contre tout délinquants. 5 Sa politique anti-immigration: Bolsonaro fera appel à l'armée pour sécuriser les frontière avec le Venezuela. En général Le concept de nettoyage obtient le consentement de la majorité. “Il faut nettoyer les bandits rouges” dit le Président. Un slogan en écho au “swamp” le “marécage” que Trump avait promis de nettoyer. Il nomme le juge Sergio Moro Ministre de la Justice et Sécurité publique pour combattre l'Extrême violence sévissant au Brésil. Pas moins de 64 ooo homicides l'année dernière. Il s'agit évidemment du même magistrat, celui là-même qui a condamné à 13 ans de prison Lula Da Silva pour corruption.
Proche du patronat comme ceux de l'agro-business qui financent illicitement sa campagne alors que La loi en interdit le financement électoral privé.
Dans la foulée, ce sont ceux-là qui financent également sa campagne médiatique whatsapp et instagram en y publiant des millions de message, discrédit sur Hadad et pro-Bolsonaro. Cette pratique est dénoncée par un grand journal de Sao Paulo. De plus le candidat compte mener une politique économique ultra- libérale ouvrant le marché au capitalisme pure et dure par la privatisation. Les lobby y sont déjà très forts!
Motivateur et manipulateur de la population
Bolsonaro se rapprochant de la population aux frustrations extrêmes: Il s'affiche en personnage autoritaire d'extrême droite, le seul homme capable de résoudre dans la mise en train de décisions radicales les nombreux problèmes de ces 210 Million de brésiliens postrés dans la terreur d'une insécurité endémiques, d´une dégringolade accentuée de l'économie et, en colère pour la défaillance des services au pays alors que les taxes sont engrangés par l'Etat. Le chômage qui s'élève à 12 %. Il trouve en Paolo Gates l´ultralibéral qui sera nommé Ministre de l'economie.
Le support des églises évangéliques aux élections.
Porté par les voix des nombreux évangéliques, Bolsonaro demeure pourtant un fervent catholique qui le dénomment le Mesias à cause de son nom de baptême Mesias. Toutefois il peut jouer 6 sur les deux registre s'était fait baptisé adventiste dans les eaux de Jourdain. Il prône l'anti-avortement comme Donald Trump, alors que l'église catholique se retrouve en perte du pourcentage 1% de la masse des fidèles par an.
Bolsonaro procède à l'établissement d´un secteur de la communication bénéficiaire au candidat: La presse traditionnelle vs la presse numérique: Il organise une campagne à communication de desinformation sur Whatsapp et instagram etc...des plus efficaces sur un Brésil de 210 million d'habitants en majorité urbanisé dont 85% et connecté : Bolsonaro provoque l´envoutement a travers la mobilisation par l'émission de messages violents, extrémistes, à travers les réseaux sociaux et pas seulement. Il a compris que l'époque est à la radicalité et à l´outrecuidance, au clivant: Le grand show- politique tout en provocation. Il ne ménage point en invectives verbales ses adversaires dans un langage nouvellement décomplexé.
Il sait Faire du rejet de la corruption un argument politique massue
Il fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille et arrive à convaincre l'opinion publique dans l'affirmation que seul les 13 années de la gauche sociale des Lula, Roussel, est symbole de tout ce qui va mal au Brésil. Se basant sur le scandal mondial Odebrecht, il en tire parti alors que dans la réalité la corruption métastase tout secteur au Brésil.
Il fait de l´insécurité un argument politique à sa cause
Les déçus de la DEMOCRATIE qui sont sous le joug des gangs de quartiers. A titre d'exemple nous citons une réponse d'une femme de ménage: “De quelle démocratie parlez-vous? Dans mon quartier, on vit déjà sous la dictature des gangs!”» Le besoin d´un homme fort et radical dans ses prises de position sans concessions s´imprime chez les classes populaires. A ceci la réponse de Bolsonaro «un bon bandit est un bandit mort». Il promet d'accorder des permis 7 de port d'armes «aux gens biens» pour combattre la violence extrême qui sévit.
Il Cerne La culture politique du Brésil: La Culture du consensus et le refus de violence a toujours prévalu au Brésil mais évolue. La majorité du peuple aurait tendance à penser qu´il faut essayer avec le Bolsonaro du changement radical et si cela ne marche pas, on le fera partir, comme c'est arrivé avec Dilma Rousseff, et même Lula Da Silva…Et donc, On le prend à l'essai car si cela ne va pas, on peut toujours l'éjecter puisque c´est une pratique au Brésil. A noter que la grille droite gauche n'est pas clairement définie en Amérique Latine. On veut tourner la page avec une homme fort qui saura remettre de l'ordre au bercail. Tel est l'espoir qui anime l´électorat populaire et les classes moyennes votant pour Bolsonaro.
Le vide au PT et son entrée en course électorale trop tard et la conjoncture.
Le P.T. c´est le parti de Lula Da Silva croupissant en prison pour corruption. Ce dernier n'a pas voulu partager le leadership de son parti et quand il a nommé Fernand Haddad son dauphin pour se lancer dans la course, c'était déjà trop tard. Entre Temps le vide politique temporaire a permis à Bolsonaro d'organiser sa stratégie de campagne souterraine et de la faire progresser. La conjoncture: Le Brésil ante-scrutin se trouvait déjà dans une crise économique et morale accentuée par la gestion du Parti des Travailleurs PT de Lula. Le Modèle d'inégalité sociale et l'élite en mode clientéliste sont connus.
Bolsonaro a agit en Tentative de dégager le système du Parti Travailliste tout en proposant une théorie politique nouvelle
Bolsonaro frappe l'Ensemble de la classe politique de discrédit. Ce sont en priorité Dilma Rousseff ou Michel Temer, le président sortant; le très populaire Lula Da Silva: tous du PT. Il met en avant par exemple, le système des retraite qui mine le budget de l'etat. les subventions qui vont aux grandes entreprises, alimentent un circuit fermé. Le financement des grandes compagnies au détriment des petites et moyennes entreprise. Illustration: L'usine de Coca Cola à Manaos par 8 menaçait de fermer si on ne lui accordait pas la subvention. La production nationale s'amenuisant fortement. Si nous regardons de plus prêt: les -fortes dépenses dans le social ont conduit à un certain soulagement d'un secteur de la population; néanmoins, des impôts mais pas de services: Le prélèvement des impôts soit 35 % du PIB, n'est pas reversé sur les services.. Le PT n'a pas su faire face aux défis. Il n'a su apporter une quelconque amélioration structurelle au pays. D´état émergent, le Brésil de ces 15 dernière année a fortement régressé.
L´opposition: Faut savoir que l'opposition n'existe principalement que dans un périmètre de bi-partisme comprenant PT et du PSDB, les deux parti majoritaires. Les partis politiques sont au nombre de 35 soit une myriades de partis qui ne font pas le poids. L´opposition se joue donc entre ces deux principaux partis: le PT parti travailleur de gauche et le PSDB de droite. Les nombreux partis morcellent le pouvoir parlementaire. Partant de ce fait, il est à prévoir que la gestion des affaires du pays pour Bolsonaro s'en trouvera complexe. A noter que certains pensent encore que les institutions brésiliennes sont assez forte pour résister à la vague d'extrême droite sans présenter une certaine résistance démocratique dit Alexandre Adler, France. Puisque les erreurs du PT ont été nombreuses quant à leur gestion du pays. Bolsonaro en a profité.
Bolsonaro affirme néanmoins à ces 147 millions d'électeurs, qu´il est un fervent de la démocratie et respectera les droits de l´homme. Et pourtant, des messages ambiguës nous parviennent: “quoique les droits de l´homme sont seulement pour les hommes “droits” a-t-on entendu dire durant la campagne. De telles affirmations pourront être vérifiées dans l'exercice du pouvoir de ce nouveau parvenu qu´est Bolsonaro. Observation: Trump est imprévisible se permettant constamment de modifier ses prise de décision selon ses 9 besoins du moment. Il pourrait arriver que Bolsonaro agisse de même en vue de garantir son pouvoir. Une constatation: A peine installé à la présidence n'a-t-il pas décidé comme Trump de bouger l'ambassade du Brésil à Jérusalem?
Comprendre le positionnement de L'armée: Ce corps ne semble pas intéressé à se responsabiliser du pays dans son état d´ingérabilité. Excellent que le capitaine Bolsonaro en prenne les rênes pense-t- on au sein de cette institution, affirmant toutefois que le socle de son action demeurera la constitution brésilienne. Il est difficile de croire à la bénévolence de ce corps en resurgence.
Le paradigme politique est tout nouveau au Brésil. Ses conséquences sur l'amérique latine et la Caraïbe ne tardera pas. Soyons vigilant.
M.M