mercredi 1 mai 2019

Les cathédrales ne doivent pas disparaître

Haiti-Observateur publication de la première semaine du mois de Mai 2019

Regard de la Fenêtre
Opinion.


Les cathédrales ne doivent pas disparaître.

par Michelle Mevs


La cathédrale de Paris a disparue sous les flammes en ce mois d´Avril 2019.  L'émotion mondiale que cette tragédie a suscitée a fait les gros titres de la presse internationale durant plusieurs semaines exprimant condoléances et regrets à la France. 


Notre Dame de Paris incendiée en Avril 2019

En revanche, nous avons entendu des voix discordantes sur les réseaux sociaux  haïtiens. Comment et pourquoi pleurer la disparition d´un édifice aussi vieillot alors que chez-nous nos cathédrales à Port-au-Prince avaient été déjà réduits en flamme en 1991 et écrasées en 2010; Leurs cloches fêlées,  orgue et vitraux disparus; ceci depuis plus de de neuf années. 


Ancienne Cathédrale Notre Dame de l´Assomption
de Port-au-Prince incendiée par une main criminelle
 et politique en 1991



Dans le même ordre d'idée, de nombreux internautes haïtiens se questionnaient: Comment comprendre cette richesse colossale participation en  milliard d'euros sortis des comptes en banque des plus riches sur ciel et terre?  Et même  la contribution de la  classe moyennes française qui pourtant se plain du niveau de ses revenus et celle des  gagne-petits qui  voulaient  eux-aussi en être .
...Les contributions qui s'accumulent pour assurer que la reconstruction de ce patrimoine bien français soit entrepris.

Inconcevable pour de nombreux internautes de notre pays face aux besoins immenses et immédiat des haïtiens.

Comment accepter que des gens meurent de faim en Haïti sans que la France et le Core Group en fassent leur absolue priorité. Les français préféreraient-ils s'investir en politique haïtienne, adressant leur thème favoris en mode intromission dans la politique sur le terrain en Haïti où pourtant logent des êtres humains en détresse. L'aide de la France est-elle suffisante ? La solidarité humaine française ne semblerait pas concernée par Haïti outre-mesure...

Ce sont des question du même acabit que traite le journal Mail & The Guardian de Johannesburg. «Journal appartenant depuis 2002 au patron de presse zimbabwéen Trevor Ncube. Résolument à gauche, le Mail & Guardian milite pour une Afrique du Sud plus tolérante».

Et voici un  point de vue à partir de d’Afrique du Sud.  Un éditorial intitulé: «Notre-Dame : l’afflux de dons, une démonstration du privilège blanc.»

Pour ce journal sud-africain, cette vague de solidarité est révélatrice d'un certain parti-pris blanc se rapportant au thème de l’inégalité criante entre les pays lorsqu’ils doivent faire face à des situations de catastrophe...

Pour Haïti, où certains sont troublés par le niveau des contributions provenant du monde entier en faveur d'un édifice disparu dans les flammes.... réflexion analogue entre Haïti et l'Afrique du Sud. Tout cet argent...pourquoi? surtout quand  l'incendie n'a pas causé de pertes en vie humaine, et nul  blessé...

En revanche, la vie humaine des haïtiens devrait-elle compter si peu? Une vie haïtienne serait-elle poids-plume contre poids de pierres d'une cathédrale à Paris. Paris pèse lourd... Et, tous reconnaissent que Paris c'est un lieu de gens importants, imposants; une capitale internationale où la civilisation vaut son pesant d'or par son histoire, sa cuisine, son industrie touristique. Une ville des grandes fortunes, du grand luxe, par contre Port-au-Prince Haiti c’est l´extrême...

Les haïtiens de la capitale devront se résigner sans cathédrale: Tandis que les institutions de l´eglise haïtienne n'ont pas les moyens d'entreprendre de projet de reconstruction, quand  l'Etat Haïtien est actuellement mise en faillite par  un infâme gouvernement PHTK. 

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Ruines de la Cathédrale Notre Dame de l’assomption
détruite par le séisme de 2010.

Conséquemment, ce n'est pas demain la veille que nous, les haïtiens, pourront dignement assister à une messe de Te Deum dans une cathédrale flambant neuf.  Or, La spiritualité des haïtiens est mondialement reconnue. Actuellement, elle survit même si elle oscille de son socle morale et même religieux, d'où ce chaos qui secoue Haïti.

Pour plus de clarté, je décris ici ce qu´est la spiritualité. Elle se définit comme la vie de l'esprit; la qualité d'une personne ou d'un groupe attachée aux choses de l'esprit, de l'âme, aux valeurs morales et religieuses.

Faut pas croire que c'est la “misère” de longue-durée de la majorité de notre population tout le long de notre histoire qui est à l´origine de cette grande ferveur en nos coeurs qui habite également notre subconscient collectif. Nos “esprits Loa”, qu´elles soient des Erzulies ou notre Sainte vierge Marie, notre Sainte Anne, ...Toutes les Notre Dame, celle de l´assomption, du Mont-Carmel etc. sont au coeur de nos assemblées en prière.

Les premières, nous les avons transportées dans notre mémoire depuis l'Afrique et celles proche du Christ, nous ont été apportées par des vagues de clergés voyageurs et d'évangélistes européens.  En symbiose voilà qu´un  syncrétisme religieux s'exerce partout sur le territoire d'Haïti hier comme aujourd´hui.

Les cathédrales a quoi servent-elles?

Ce sont d'abord des lieux de rassemblement du sacrifice sur l'autel envers un esprit bon comme le recommande la bible depuis l´Exode 20:24. «Tu m'élèves un autel de terre, sur lequel tu offriras tes holocaustes et tes sacrifices d'actions de grâces, tes brebis et tes boeufs. Partout où je rappellerai mon nom, je viendrai à toi, et je te bénirai».

«La cathédrale est toujours le siège épiscopal régional considéré comme le signe et le symbole de la juridiction des évêques. La cathédrale n'est pas seulement une église dédiée au service du culte, elle avait conservé,surtout durant les premiers siècles du christianisme, le caractère d'un tribunal sacré, analogue à celui de la basilique antique. Ainsi, les cathédrales demeurent jusqu'au xive siècle, des édifices à la fois religieux et civils etc. » (source Wikipedia). Si je prends la peine de souligner cet aspect  de la pratique antique c'est pour mieux expliquer l'intérêt spirituel et concret qui animent les  pratiquants exerçant  leur foi dans nos cathédrales.

Ces cathédrales, ces édifices majestueux d'un patrimoine, sont chargés de sens religieux, architectural, artistique mais particulièrement historique et pour l'essentiel, notre passé se retrouve encapsulé dans ces espaces qui en même temps concrétisent la spiritualité: la foi, et l´amour des croyants envers eux-même et leurs prochains.

En Haïti, je me souviens encore de l'ancienne cathédrale de structure -bois, et toit d'ardoises- celle de -Notre Dame de l'assomption St Jacques Majeur- autel de foi chrétienne et en même temps sanctuaire de magie vodouesque.

Cet édifice, l´ancienne cathédrale, fut  pour notre malheur  incendié.  IL disparut dans les flammes durant la nuit sombre du 6 au 7 janvier 1991, conséquence d'une violence populaire des mains des Lavalas à la suite du coup d'état manqué de Roger Lafontant, un duvaliériste de la première heure . C'est dire le sens que revêtait pour les haïtiens ce lieu du culte au niveau sociopolitique.

Ce fut là, notre première peine car cette cathédrale datant des temps anciens, de l'année 1771, au-delà de la foi qu'elle suscitait, était le dépositaire de tout sentiment patriotique de nos aïeux depuis Toussaint L'ouverture qui y priait. Il s'agissait non seulement de liberté, mais avant tout d'égalité en rapport à ce syncrétisme religieux qui est nôtre.

L'importance de nos cathédrales s'inscrit dans le témoignage qu'elle nous livre. Tout un pan de notre vie de peuple, de notre spiritualité mais également de notre esprit patriotique dans la combativité.

Puis, en Haïti le séisme de 2010 nous frappa, détruisant la nouvelle Cathédrale Notre Dame d'Août ou de l´Assomption en notre capitale Port-au-Prince.

Au moment de sa consécration, en 1914, Haïti était soumis à la hiérarchie épiscopale française. À la fin des travaux sur la cathédrale de style néoroman de l´architecte français René Michel Ménard, le bâtiment était la plus grande structure du monde en béton armé; matériaux qui à l'époque était supposément anti-sismique.

La tragédie de l´année 2010: Notre pays fut endeuillé de la perte de plus de 200.000 de nos fils et filles, frères et soeurs; il y a également les handicapés qui devaient affronter les affres de démembrements et perte de fonctions.

L´aide international ne manqua pas d´affluer. Si nous avions reçu des dons, il n'étaient nullement désintéressés. D'autant plus que sur chaque dollar seulement quelques centimes était notre pour la reconstruction.

Les édifices de toute catégorie, les maison en béton majoritairement, s'écroulaient et furent réduit en poussière. Notre vie de tous les jours s'en verrait affectée jusqu'à aujourd´hui.

Notre avenir est hypothéqué non seulement dans sa pratique matérielle mais notre spiritualité en est vivement ébranlée: Comment les esprits et les saints -tous protecteurs- avaient-ils pu permettre une destruction pareille? Et Dieu lui-même nous punissait- il d'une faute nationale?

Paris, France: Plus récemment j'assistais en direct à la télé quand en Avril 2019 «la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont l'existence date de 1163 soit le XIIème siècles, ce symbole de la chrétienté à l'époque de Louis VII, -pour la France et le monde- s'écroulait, dévorée par les flammes…

Le monde perdait l’un de ses édifices les plus emblématiques de notre humanité...». L'émotion gagnait les français et, le monde entier participait de ce deuil d'un patrimoine unique au monde. Les leaders du monde entier faisaient part de leur sympathie envoyant leur condoléance à la France.

“Et les dons affluèrent. Les fonds destinés à la reconstruction, atteignant la somme de 650 millions d’euros en quelques heures à peine, dès le lendemain du sinistre. (Source Guardian Johannesburg)

Si l'haïtien ne vit pas seulement de pain mais également de spiritualité, et, quand il n'a pas de pain, c'est l'espoir qui le tient debout. Aussi, pas étonnant que cette spiritualité pré-existante en Haïti s'accentue aujourd´hui dans une quête quotidienne et renforcée de réponses par la prière. Elle mobilise dans ses multiples croyances l'homme haïtien et particulièrement la gente féminine.

La cathédrale haïtienne symbolise le rassemblement autour du christ, symbolise également le lieu de réunion en osmose avec l'identité haïtienne dans son cadre religieux, politique, mémorielle, culturelle.

Le Mail & Guardian de Johannesburg a jugé bon d'expliquer:

«La France a le luxe de relever la tête.

Ce qui signifie que la France et ses habitants peuvent s’offrir le luxe de relever la tête après une catastrophe, et qu’une tragédie qui touche la France sera partagée par le monde entier comme si tous étaient affectés. C’est une démonstration du privilège blanc, à une échelle internationale.

Non que cela doive modifier notre réaction à l’incendie de Notre-Dame. Cela devrait en revanche avoir une influence sur notre réaction la prochaine fois que le feu ravage un musée dans une ville qui n’est pas aussi riche ou glamour que Paris.

Cela devrait influencer la façon que nous avons de réagir aux catastrophes naturelles, qui risquent fort de se multiplier et de gagner en intensité avec l’aggravation du changement climatique — lequel frappera sans doute plus durement les pays en développement. Cela devrait modifier immédiatement notre réaction au cyclone en Afrique australe, à la sécheresse en Afrique de l’Est et aux inondations en Asie du Sud.

Si tel était le cas, ce serait un accomplissement digne d’éloges, à même de compenser la perte de la flèche de la cathédrale qui s’est abîmée dans le brasier».

Et oui on aurait voulu reconstruire la cathédrale de Notre Dame nationale sis à Port-au-Prince. Bien malheureusement il y a eut et il y a encore d'énormes contingences, bien d'autres priorités.

En ce sens, je cite la bible: Hélas, une fois le Messie rejeté, le temple où ils étaient heureux de se retrouver devra être détruit pierre par pierre, la maison laissée déserte (Matt. 23). Toutes choses alors sont faites nouvelles, car Celui que son peuple a rejeté est fait Seigneur et Christ, et « nous voyons Jésus glorifié» .

Et, dans une plus large perspective, le monde contemporain, l'extrême droite qui s'établit fait dans l'idéologie que la puissance force le respect.

Après que les étrangers aient décidés que seule l´athéisme, l´agnosticisme, étaient correctes, étaient cartésiens et avancée rationnelle de civilisation: Le désert, le néant partant de cette négativité-choisie, enfantait  le désespoir. J'ai constaté que les générations actuelles se recherchent un ancrage dans la spiritualité, d'où une jeunesse en partance ailleurs,  loin de cette idée,  pour se convertir dans l'une ou l´autre des religions qu´elles soient islamiques ou autres.

Nonobstant, le sentiment attachant que la population française a démontré lors de l'incendie de Notre Dame de Paris est fulgurant. Preuve que l'émotion et la transcendance de la spiritualité forge l'humain.

En France le jeune président Emmanuel Macron économiste et banquier a voulu bien faire et activait avec force et vitesse la reforme du système francais et voila que les gilets jaune l'ont rappelé que l'homme est avant tout l'objet de tout progrès; que le model d'un pays puissant et riche ne servait pas à grand chose s'il ne faisait pas du bonheur des français l'objectif essentiel de sa réforme. Commençant par les impôts qui enlise les classe laborieuse, les retraités et ceux d'en bas.

Le mal vient de l'exclusion et de la volonté de l'homme d'avoir toujours raison sur les autres, d'établir la domination de ses propres croyances sur toute autre.

Et l'inégalité est renforcée quand un groupe jouit d'un privilège sur tout autre; avantage qui ne peut être nivelé alors qu'il n'est pas justifié Que ce soit en religion ou en politique cette ambition est néfaste.

Le mal vient des faux-prophètes qui se sont engouffrés dans la brèche de la souffrance en Haïti, tandis que les réponses pour d´une vie meilleure  ne se font nullement entendre.
De la marchandisation des églises, de telles assemblées que nous constatons; de la prolifération des églises aux pasteurs, n'ayant pas étudié la théologie mais parce que populaires, font dans les déclarations aberrantes et blasphématoires. Ce n'est que et manipulation, banditisme.

Le mal vient de cette mode à la  tartuffe. De la posture hypocrite de nos concitoyens qui paradent  et de déblatèrent sur leur profonde religiosité. A titre d'exemple on a entendu un homme d´affaire beaucoup  trop insister sur sa foi et ses bonnes oeuvres afin de se défendre de la critiques.

Syncrétisme: Le syncrétisme religieux entre le christianisme du blanc et le vaudou du noir, cette résistance, cette ouverture d'esprit, cette stratégie d'inclusion pour la survie peut-elle servir de modèle pour évoluer dans notre contexte d'insécurité locale et la mouvance typologique du model politique américaine comme celui  mondialisé. C'est inspirant de sorte que  que notre objectif socio-culturel devrait s´exprimer dans cet ordre d´idée.

N'oublions pas que la morale comme l'éthique ne proviennent pas exclusivement d'une religion bien spécifique -qu'elle soit chrétienne ou vaudou ou islam etc...-mais, est un un fil tiré de la foi en quelque chose de bon et de bien, d'une volonté de respect et d'amour. C'est par en revanche un enseignement contenu en de nombreuses religions...

Et dire que nous aurions pu avoir prodiguer un peu d'amour et de financement à cet édifice symbolique en exécutant en 2012 le projet de Cardona un architecte portoricain dont l'église catholique devait être le maître d´œuvre mais pas seulement, le Vatican le gouvernement,ou la classe des riches et croyants haïtiens

Hélas l'indécision de l'église Catholique qui qui ne su ou pu se pourvoir de sources financements ou de l'Etat haïtien qui accordait pas trop d'importance à ce projet tandis qu'il confronte la situation catastrophique post- séisme 2010. Qu'est-ce-qui a prévalu sur l´amour? L'incompréhension peut-être?

Le mal occupe l'espace du pays -qui empruntant le masque de l´oubli de ce précieux  patrimoine national que sont nos cathédrales-, l´haitien s´en va  à sa perte. Nos cathédrale  celles détruites comme celles qui en ruine s´écroulent,  méritent toute notre attention de peuple et de nation.

Je peux pourrais eventuellement croire  que la déduction des impôts aura été un  incitation majeure pour les milliardaires français participant aux fonds de  la reconstruction de la Cathédrale  Notre Dame de Paris. Car, cette politique permet 60% de remises sur le montant des sommes avancées pour un projet de reconstruction de patrimoine est connue.

Un apport en financement pour la reconstruction de notre Dame de L´Assomption à Port-au-Prince aurait probablement été possible pour Haïti à condition que -le modèle français, celui pratiqué également aux Etats-Unis d´Amérique- fut légalement mis en place chez-nous, en Haïti. En préliminaire faudrait que les plus fortunés mettent de l'ordre dans leurs affaires, qu'elles fonctionnent dans la légalité, qu´ils agissent du moins au plus près de celle-ci. De plus, que les autorités de l'Etat Haïtien fassent un effort pour motiver le citoyen-investisseur au lieu de  menacer à tout moment.   Pression et procédures pénales. Que ce genre de financement soit possible ou fonctionnel parce qu´il est essentiel à la préservation de notre patrimoine.

Mais, entretemps, Notre Dame de l´Assomption ne s'est pas pas encore relevée de la poussière. M.M.


Plus d’un milliard d’euros de dons ont déjà été récoltés pour reconstruire la cathédrale parisienne dévastée par un incendie. Pour ce journal sud-africain, cette vague de solidarité est révélatrice de l’inégalité criante entre les pays lorsqu’ils doivent faire face à des catastrophes.
Sa destruction a suscité un immense chagrin et un élan de sympathie et de soutien. Les dirigeants de la planète se sont empressés d’exprimer leurs condoléances. Sur tous les continents, les journaux en ont fait leur une. Et les dons ont afflué sur le fonds destiné à la reconstruction, atteignant la somme de 650 millions d’euros en quelques heures à peine, dès le lendemain du sinistre. Une expression extraordinaire de solidarité, sans précédent, suite à un désastre qui n’a fait ni morts, ni blessés. Mais alors que les réactions de deuil se

Editorial
Cet article a été publié dans sa version originale le 18/04/2019.

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