On entend le plus souvent que la prison est l'école du crime, ou que la pauvreté est la cause de la criminalité. Qu'on ne s'y méprenne pas! Le problème est ailleurs. L'insécurité n'est plus l'affaire de la police nationale dont la lutte contre le banditisme est en grande partie réduite à peu de choses par notre justice clocharde et mercantile. La vraie cause de l'insécurité en Haïti vient principalement de la justice qui n'assume plus sa mission. La police, avec ses qualités et ses péchés, fait ce qu'elle peut pour effectuer sa tâche de protection des citoyens. Cependant, entre le riche et le pauvre, entre le fort et le faible, entre l'honneur et l'argent...des juges corrompus choisissent de sacrifier le paix publique.
Dans une démocratie, la confiance dans les magistrats est un enjeu essentiel, une condition de l'efficacité et de la crédibilité du système juridictionnel. Or, l'institution judiciaire est toujours au cœur des polémiques: outre les dysfonctionnements et les limitations, il y a un déficit de confiance envers la justice. Ce qui est de nature à détériorer davantage son image et à compromettre sa réputation d'impartialité et d'indépendance. La corruption altère non seulement l'institution en elle-même qui est l'objet d'une publicité déplacée mais attaque également la personnalité de son auteur, lui faisant perdre de vue l'essentiel de la bonne conduite du magistrat.
Presque tous les jours, la magistrature haïtienne est confrontée à la révélation de faits ou de comportements, commis par une infirme minorité de certains de ses représentants, qui nous sont apparus susceptibles de constituer de graves manquements aux devoirs de leurs charges. Un magistrat qui prend exagérément la défense de bandit, en échange de pots-de-vin, et diabolise la police au point de n'y voir que des tortionnaires n'est autre qu'un blanchisseur de banditisme. Un magistrat qui prend de l'argent pour libérer des kidnappeurs et mis hors de cause des trafiquants de drogue devrait être écarté de la magistrature pour éviter que le discrédit ne jaillisse sur l'ensemble du corps composé d'hommes et de femmes de qualité dont nous savons l'honnêteté et le dévouement absolus.
Appelons un chat un chat: Le fonctionnement actuel de notre système judiciaire met en danger la sécurité des citoyens car définitivement, le bandit et le juge corrompu exercent la même profession. Et toute politique de lutte contre la délinquance sera vouée à l'échec avec ces éléments en toge qui favorisent l'impunité et se désintéressent des victimes. Certains magistrats ont leurs mains sales jusqu'aux coudes...pour les avoir plongées dans la merde et dans le sang. Une fois de plus, nous alertons les membres du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) sur l'état réel de la magistrature et l'urgence de réagir à l'immense danger qui se précise.
Dans un environnement semé de tentations de toutes sortes, le magistrat devrait être très attentif dans sa relation avec les justiciables. Cela demande un effort constant et une foi consentie. Mais, quand la justice manque à ses devoirs et outrepasse ses droits, quand un bon nombre de kidnappeurs appréhendés entre 2010 et 2016 sont dans la nature, quand des ministres de la justice interviennent et que des manitous de la cour de cassation s'en mêlent, quand au niveau des tribunaux, on prend plus soin des coupables que des victimes, quand il est décidé que celui qui dit la vérité doit être exécuté, et quand des juges pourris se joignent à la mafia, mettant en péril la vie et la tranquillité d'esprit des plus justes...il y a lieu de dire que, dans une certaine mesure, la justice est effectivement la principale responsable de l'insécurité.
Heidi FORTUNÉ
Magistrat, Inspecteur Judiciaire
Cap-Haïtien, Haïti, ce 07 août 2016
http://heidifortune.blogspot.com
Dans une démocratie, la confiance dans les magistrats est un enjeu essentiel, une condition de l'efficacité et de la crédibilité du système juridictionnel. Or, l'institution judiciaire est toujours au cœur des polémiques: outre les dysfonctionnements et les limitations, il y a un déficit de confiance envers la justice. Ce qui est de nature à détériorer davantage son image et à compromettre sa réputation d'impartialité et d'indépendance. La corruption altère non seulement l'institution en elle-même qui est l'objet d'une publicité déplacée mais attaque également la personnalité de son auteur, lui faisant perdre de vue l'essentiel de la bonne conduite du magistrat.
Presque tous les jours, la magistrature haïtienne est confrontée à la révélation de faits ou de comportements, commis par une infirme minorité de certains de ses représentants, qui nous sont apparus susceptibles de constituer de graves manquements aux devoirs de leurs charges. Un magistrat qui prend exagérément la défense de bandit, en échange de pots-de-vin, et diabolise la police au point de n'y voir que des tortionnaires n'est autre qu'un blanchisseur de banditisme. Un magistrat qui prend de l'argent pour libérer des kidnappeurs et mis hors de cause des trafiquants de drogue devrait être écarté de la magistrature pour éviter que le discrédit ne jaillisse sur l'ensemble du corps composé d'hommes et de femmes de qualité dont nous savons l'honnêteté et le dévouement absolus.
Appelons un chat un chat: Le fonctionnement actuel de notre système judiciaire met en danger la sécurité des citoyens car définitivement, le bandit et le juge corrompu exercent la même profession. Et toute politique de lutte contre la délinquance sera vouée à l'échec avec ces éléments en toge qui favorisent l'impunité et se désintéressent des victimes. Certains magistrats ont leurs mains sales jusqu'aux coudes...pour les avoir plongées dans la merde et dans le sang. Une fois de plus, nous alertons les membres du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) sur l'état réel de la magistrature et l'urgence de réagir à l'immense danger qui se précise.
Dans un environnement semé de tentations de toutes sortes, le magistrat devrait être très attentif dans sa relation avec les justiciables. Cela demande un effort constant et une foi consentie. Mais, quand la justice manque à ses devoirs et outrepasse ses droits, quand un bon nombre de kidnappeurs appréhendés entre 2010 et 2016 sont dans la nature, quand des ministres de la justice interviennent et que des manitous de la cour de cassation s'en mêlent, quand au niveau des tribunaux, on prend plus soin des coupables que des victimes, quand il est décidé que celui qui dit la vérité doit être exécuté, et quand des juges pourris se joignent à la mafia, mettant en péril la vie et la tranquillité d'esprit des plus justes...il y a lieu de dire que, dans une certaine mesure, la justice est effectivement la principale responsable de l'insécurité.
Heidi FORTUNÉ
Magistrat, Inspecteur Judiciaire
Cap-Haïtien, Haïti, ce 07 août 2016
http://heidifortune.blogspot.com
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