Dimitri Heŕard, le nouveau commandant de l'USGPN |
L’incident survenu à l’Arcahaïe, le vendredi 7 avril, que la présidence qualifie tentative d’assassi- nat du chef de l’État, n’était, en
fait, qu’un acte de banditisme. C’est ce qui ressort d’une entrevue du président du Sénat, le
sénateur Youri Latortue, avec la
presse. Venue d’un hautfonctionnaire
de l’acabit de M. Larotrue, cette information vaut son pesant
d’or. Car elle permet de faire la
lumière sur un incidentsur lequel
s’est précipité le président haïtien
pour mettre la Police nationale
sous coupe réglée. Selon le sénateur Latortue, la
voiture du président Moïse n’a
pas essuyé de jets de pierre, comme l’avait précédemment
indiqué le Service de communication de la présidence.
Toutefois, ces déclarations
de Youri Latortue, faites le
mardi 18 avril, soit près de
deux semaines après l’incident, intriguent les observateurs qui se demandent pourquoi le président du Sénat a
attendu tout ce temps avant de tirer cette affaire au clair. Car, de toute évidence ce délai permet à la version officielle des
faits diffusée par la présidence
d’être accréditée auprès du
public.
En tout cas, M. Latortue, qui voyageait, avec le président de la Chambre basse
Cholzer Chancy, dans le même
véhicule que le président Jovenel, fait une relation de l’in- cident, qui est totalement opposée à la version officielle
présentée par la présidence.
Le sénateur de l’Artibonite
a indiqué que le véhicule du
président Moïse n’a pas été
l’objet d’une attaque, car n’ayant essuyé de jets de pierres, comme il a été au préalable
annoncé dans le communiqué
émanant de la présidence, et
diffusé le dimanche 9 avril, soit
deux jours après l’incident. Le
parlementaire n’a pas tardé à
souligner, par contre, que des
individus avaient placé un
autobus en travers de la route, et qui avait effectivement mobilisé le cortège présidentiel. Il
devait ajouter que les individus
qui se trouvaient sur la route ne
pouvaient constituer un réel
danger pour le président. Il a révélé en outre que sans hésitation et dans l’immédiat, les
agents de sécurité préposés à la
protection du cortège officiel
du président de la République
se sont mis immédiatement en
position pour frayer un passage au cortège, tout en s’assurant que les jeunes hommes
qui se trouvaient sur les lieux
ne pouvaient constituer une
menace réelle pour le convoi.
Avant l’intervention du
sénateur Latortue sur ce qu’on
appelle l’affaire de l’Arcahaïe, le porte-parole adjoint de la Police nationale, l’inspecteur
Gary Desrosiers, n’avait pas voulu confirmer ni infirmer la
version officielle ayant fait état
de tirs dirigés sur le véhicule
du président Moïse.
Dimitri Heŕard, cadet de l'Ećole supéŕieure militaire Eloy Alfavo, en Equateur, saluant le préśident Michel Martelly |
Sans aucun doute, cet incident a le potentiel de mettre la
crédibilité du président haïtien
à rude épreuve, surtout qu’il a
immédiatement déclenché une
série de déplacement et de mises en disponibilité au sein de
la Police nationale. Un des cas
les plus célèbres est la nomination d’un jeune commissaire
récemment intégré à la PNH. Jovenel Moïse a nommé un nouveau commandant à l’Unité de sécurité générale du Palais national
(SGPN). Il s’agit de Dimitri
Hérard, 31, qui a étudié à
l’Académie militaire d’Équateur. Un protégé de Guy
Philippe, actuellement en prison à Miami, attendant son
jugement dont la tenue est
fixée au 1er mai.
Dans les milieux autorités, à la capitale haïtienne, on affirme que M. Hérard serait impliqué dans le « bateau sucré »
d’Acra.
Rappelons que Marc
Antoine Acra, inculpé pour trafic de drogue, avait fui le pays
en février 2016, pour se réfugier en République dominicaine.
On se rappelle que, M. Philippe, fraîchement élu sénateur de la Grand’Anse, a été
arrêté par un contingent de la
Direction centrale de la Police
judiciaire (DCPJ). Remis aux
agents de la Drug Enforcement
Administration (DEA), le
même jour, soit le 5 janvier de
cette année, il fut transféré sans
délai à Miami où il est inculpé
pour trafic de drogue et blanchiment d’argent.
Signalons aussi que dans
une déclaration faite récemment, le president Moïse a laissé entendre qu’un président ne
peut pas et ne doit pas mentir. Sans l’ombre d’un doute, il
doit une explication à la nation
en vue de justicier sa dénaturation des faits survenus le vendredi 7 avril, à l’Arcahaïe. Surtout son empressement à ordonner des réformes au sein de
la Police nationale.
H.O.
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