Nicolas Maduro lance la
cryptomonnaie appeleé ṕetro, le
21 février 2018 à Caracas, Vénézuela
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REGARD DE LA FENÊTRE
Article repris de Haiti-Observateur de la semaine par Michelle Mevs
Par Michelle Mevs
Article repris de Haiti-Observateur de la semaine par Michelle Mevs
Par Michelle Mevs
Au Venezuela la monnaie pétro remplace le débile bolivar. Le président Nicolas Maduro, aux prises avec le chaos vénézuélien, dote son pays d’une nouvelle monnaie, le pétro, une crypto-monnaie sous dispositif numérique ledger blockchain, mais en même temps entreprise de l’État vénézuélien.
Pour plus de précision, il faut savoir que le ledger blockchain est une page dépendant d’un système d´enregistrement virtuel et numérique (non centralisé par une institution) qui permet d’émettre et d‘effectuer des transactions de valeurs, dont la crypto monnaie, à travers un processus informatisé complice appelé « miners ».
En effet, le bolivar est « out » et le petro « in » et les termes définis dans le livre blanc vénézuélien publié à cet effet. Voilà un grand défi pour les États-Unis d’Amérique de Donald Trump et une contre-offensive lancée contre l’opposition par le président Nicolas Maduro.
Selon les déclarations du président du Venezuela, mises en doute par la presse américaine : USD 735 millions en devises diverses ont été récoltées la première journée de l’émission du petro, le 21 février (au taux de référence basé sur le prix du brut sur le marché international, actuellement à USD 60 $). Le paquet global représente une offre mise à la disposition du marché international totalisant USD 100 millions de petros, soit USD 6 milliards $ par étape, bien entendu.
Alors que les négociations entre le gouvernement Maduro et l’opposition vénézuélienne qui se déroulaient en République Dominicaine ont récemment échouées, Nicolas Maduro décrète des élections générales pour le 22 avril 2018, une joute d’ores et déjà boycottée, en raison de son irrespect des normes démocratiques, par une majorité d’opposants et de pays de la communauté internationale tels que les États-Unis et l’Espagne, entre autres. Le prix des produits pétroliers ayant subi une chute vertigineuse, la production étant également à la baisse, tout cela, dans une ambiance de corruption généralisée, ont occasionné la dégringolade du bolivar jusqu’à 90 % de son cours moyen. Alors que l‘hyperinflation mine l’économie du pays et les produits de première nécessité ne peuvent suffire aux besoins de la population vénézuélienne rendant éprouvante l’existence des citoyens.
Quelles sont les possibilités de succès de cette monnaie pour Nicolas Maduro ?
En définitif, Nicolas Maduro est en train de faire des levées de fonds en devises contre la volonté des États-Unis et la critique de certaines institutions et opposition locales à son régime. Trouver le financement et la liquidité dont le gouvernement Maduro a besoin pour sa survie, en offrant les pétrodollars en gage, opération qui rappelle les émissions traditionnelles de bons du trésor ou lettres de change, tel est l’objectif actuel. Alors, le pétrodollar par sa nature même devrait, selon le plan de Maduro, assurer la reprise des transactions; et donc des exportations de pétrole sur le marché international.
En butte à l’embargo financier imposé par les États-Unis, qui empêche la tenue régulière des transactions et l’obtention du financement, il aura fallu à Maduro de trouver une échappatoire. Car, pour lui, l‘avantage est clair, puisque cette monnaie, libre du contrôle bancaire ìnternational et à l’abri des sanctions globales, pourrait fournir la liquidité nécessaire au fonctionnement au jour le jour du pays.
Le principe de l‘opération est simple : Le petro est garanti par l’immense réserve pétrolière dont le Venezuela est le plus grand détenteur mondial. Le prix international du pétrole indexé est celui du brut vénézuélien et le prix du pétrodollar, quoique l’offre et la demande dépendent de facteurs internes. Il ne manquerait donc plus que la confiance pour faire tourner la machine.
Assurément les applications du blockchain vont créer un paradigme nouveau dans le secteur financier et culturel international et vénézuélien. Quoique les conséquences soient encore inconnues, l’indépendance de cette monnaie vénézuélienne du type bit coin (BTC) des agents bancaires et institutions de crédit protégés contre les sanctions financières internationales pourrait bien apporter une bouffée d’oxygène à court terme au régime bolivarien fortement contesté.
Pour le moment, le bolivar attend d’être rapatrié par le gouvernement vénézuélien. Or le billet de 100 000 bolívares vaut moins qu’USD 0,50 $ au marché de change parallèle. Il servirait, selon BBC Monde, à s’acquitter des taxes et impôts et serait offert et vendu sur une plateforme à concevoir.
Entre-temps, Carlos Vargas, le super intendant des crypto monnaies, au Vénézuela,souhaitait, encore selon BBC Monde, attirer les investisseurs du Qatar, de la Turquie, du Moyen Orient, d’Europe et des États-Unis, sans aucune restriction.
L’achat du petro offert à tous
L’achat du petro offert à tous
Nonobstant les avantages hypothétiques que pourrait procurer le petro au régime Maduro, quelques spécificités négatives attirent l´attention de l’observateur. Par exemple, selon le livre blanc sur l’économie digitale vénézuélienne 55 % des revenus en devises iraient à un fond discrétionnaire souverain vénézuélien. De plus, toute conversion de petro sera faite en bolivars en fonction du prix du brut au moment de la transaction.
Par ailleurs, l’Assemblée nationale et la Chambre législative refusent d’avaliser l’accroissement de la dette du pays, puisque, selon elles, l’émission du pétrodollar va en ce sens. Une fois pour toutes, elles ont déclaré le petro illégal et inconstitutionnel, s’érigeant en opposition par rapport à la position du Département du Trésor public vénézuélien, qui renforce l’initiative crypto monnaie pétrodollar.
Il est bon de signaler qu’il existe des centaines de crypto monnaies, dont l´ethereum de par le monde et dont le plus fameux est le bit coin BTC.Tandis que celui-ci est libre de toute régulation gouvernementale, de contrôle bancaire et de fonds d´investissement, le petro est centralisé et sujet à certaines décisions politiques et financières du gouvernement bolivarien.
À noter que ce n’est pas le seul pays à recourir au système numérique. Déjà, Dubaï travaille a adopté le dispositif cryptomonnaie. En Estonie, il sert de base aux émissions notariales et enregistrement du cadastre.
Signalons aussi que le Venezuela a annoncé encore le lancement d’une crypto monnaie basée sur l’or extrait de ses mines.
Entre-temps, lisons certaines réflexions sur le sujet émises dans l’éditorial du Wall Street Journal, édition du 22 février 2018 : «Les critiques soutiennent que cette initiative constitue une tentative désespérée de Caracas pour acquérir de la liquidité à un moment où le Venezuela ne peut rembourser sa dette externe de USD 150 milliards $ (...) Le département du Trésor des États-Unis a averti qu‘une telle initiative pourrait violer les sanctions imposées l’année dernière ». Alors que la presse américaine qualifie cette monnaie de « crypto-con », il est certain que cette décision de Nicolas Maduro constitue un défi aux institutions bancaires, ainsi qu’aux décisions unilatérales des puissances tutrices. En revanche, il est bon de tenir compte des bienfaits ou méfaits du régime actuel par rapport à la vie ou la survie du peuple vénézuélien dont le refuge le plus prometteur semble être inévitablement l’immigration en terre étrangère.
M.M.