mercredi 21 mars 2018

Le chef de l’USGPN est-il arrêté par la DEA ?

Dimitri Hérard Selva, le commandant de la USGPN.
LES TRAFIQUANTS DE DROGUE EN HAÏTI INQUIETS

Le chef de l’USGPN est-il arrêté par la DEA ?

Il serait lié au « bateau sucré » d’Acra...

Depuis hier (mardi 19 mars), une guerre de rumeurs faisait rage autour de la soi-disant arrestation du chef de l’Unité de sécurité générale du palais national (USGPN) par des agents de la Federal Drug Enforcement Administration (FDA), et qui l’ont immédiatement transféré à Miami. À l’instar de Guy Philippe. Démenti non officiel soit disant attribué à la PNH déclarant qu’il était à l’Académie de Police, à Frères, aujourd’hui même; ou déni mis au compte du journaliste Gary Pierre-Paul déclarant avoir parlé avec un haut gradé du Palais national qui lui a fait entendre parler l’intéressé, sans qu’il ait eu l’occasion de lui parler lui-même. Mais la rumeur faisant état de son arrestation n’en finit pas. Jusque très tard, mardi soir, aucune concession,d’un côté comme de l’autre. Il reste maintenant à entendre la voix de Dimitri Hérard Selva pour faire taire ces bruits, de toute évidence, pour le moins nuisibles, et qui ont la tète dure.

En attendant que M. Selva intervienne lui-même à l’émission de Pierre-Paul, qui semblait se porter garant de sa présence en Haïti (au Palais national, ou suivant ses cours spéciaux à l’Académie militaire); ou encore que le Palais national oppose un démenti formel à ces rumeurs nocives, il est opportun de presenter les origines de la nouvelle et comment elle s’est développée au fil des dernières trente-six heures.

Mis aux arrêts à l’ambassade américaine.

En effet, tout d’abord, une communication lancée sur le réseau WhatsApp fait état de l’arrestation, lundi après-midi, à l’ambassade des États-Unis, à Port-au-Prince, de Dimitri Hérard Selva, commandant de l’USGPN par des agents de la DEA. Il s’était, affirmait la communication, présenté au bureau du Consulat américain logé dans l’immeuble de l’ambassade, aux fins de renouveler son visa. Mais avant même que soient remplies les formalités requises, il devait comprendre qu’il n’avait pas besoin de visa pour entrer aux États-Unis, car il existait un mandat d’amener contre lui émis par un juge fédéral à Miami.

Aussitôt, informait encore le message de WhatsApp, il se serait vu passer les menottes par des agents fédéraux, avant d’être transporté à l’aéroport international Toussaint Louverture, en uniforme de haut gradé de la PNH, pour être finalement embarqué à bord du dernier vol de la American Airlines à destination de Miami, qui laissa la capitale haïtienne, « à 18 h 47 » ou 6 h 47.

Le message transmis par WhatsApp a précisé que le commandant Selva a été « reçu par le consul David D. Parker ». Il semble que ce dernier, encore selon le message, ait alerté le personnel de la DEA de la présence au Consulat de ce haut gradé de la PNH, qui était recherché par la justice fédérale.

Bien que l’auteur du message n’ait pas daigné s’identifier, il n’a pas pour autant raté l’occasion de ventiler son indignation, protestant que la dignité du pays était encore une fois bafouée. Il semblait qu’il ou elle faisait allusion à ce que des Haïtiens appellent l’«enlèvement » de Guy Philippe, par de policiers de la BLTS accompagnés d’agents de la DEA. Ces derniers prirent les dispositions nécessaires pour transférer le prisonnier à Miami, à bord d’un vol spécial.

Impliqué dans l’affaire du « bateau sucré »

Selon des sources proches des agents de la DEA, en Haïti, Dimitri Hérardd Selva était déjà sous le radar de cette organisation depuis plusieurs années, car ces mêmes sources ont indiqué qu’il était l’objet d’une enquête menée sur place par des agents haïtiens.

Dans son édition du 19 avril 2017, Haïti-Observateur avait dénoncé le choix de Selva comme commandant de la USGPN, car n’ayant pas d’expérience pour occuper un tel poste, mais que Jovenel avait jeté son dévolu sur lui parce qu’il avait pleine confiance en lui. Dimitri Hérard Selva, qui était alors âgé de 32 ans, revenait depuis à peine quelques mois d’Équateur où il était à l’Académie militaire. Jovenel Moïse voulait faire de lui le directeur général de la PNH parce qu’il mijotait un plan pour se défaire de Michel Ange Gédéon. Mais le plan du président haïtien a achoppé s’étant heurté à la résistance de la communauté internationale qui jugeait inopportune la décision de remplacer Gédéon. Mais aussi M. Moïse s’est retrouvé face aux Américains s’opposant au choix de M. Selva qui était alors accusé de trafiquer de la drogue.

Il semble que, suite à ce contretemps, Dimitri Hérard Selva a été encouragé à se spécialiser à l’Académie de Police afin qu’il devienne commissaire. D’ailleurs, ceux qui répudient la nouvelle de son arrestation ont déclaré qu’il était en classe aujourd’hui-même, une manière de dire qu’il n’a pas été arrêté puis transféré à Miami, comme veulent le faire entendre ses « détracteurs ».

Les apologistes de Selva s’en prennent à ceux qu’il qualifie de « jaloux », et qui répandent ces rumeurs contre lui parce que ne tolérant pas qu’à 33 ans il puisse accéder à des postes que convoitent certains frères d’armes se trouvant au Palais même, et qui colportent ces rumeurs pour l’empêcher de bénéficier des promotions pour lesquelles l’entraînement qu’il suit va pouvoir le qualifier, comme commissaire, par exemple.

On ne peut vraiment pas savoir ce qu’il y a derrière cette machination, si machination il y a effectivement. Mais certains éléments trouvés dans ce dossier présente une coïncidence étrange avec ce qui est répété dans le message. Tout cela semble indiquer que les agents fédéraux qui auraient été déployés dans le pays, afin de procéder à l’arrestation de gens impliqués dans des activités illicites, seraient à pied d’œuvre. Il est aussi opportun de rappeler que, dans la mesure où l’intéressé a participé à l’importation de la drogue débarqué en Haïti par le bateau panaméen le Manzanares, les associés de Selva doivent mettre leur barbe à la trempe.

D’autre part, il ne faut pas exclure la coopération accordée aux enquêteurs fédéraux par Guy Philippe, qui aurait porté sur la dénonciation de nombre de gens qui, en Haïti, sont en plein dans le commerce de stupéfiants comme étant à l’origine des récentes activités des agents fédéraux.

Au bout du compte, il faut poser la question : parmi tous les commandants se trouvant au sein de la PNH pourquoi ces dénonciateurs imaginaires ont-ils opté pour prendre pour cible Dimitri Hérard Selva ?

H.O.

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