L’année 2023, qui tire vers sa fin, est la plus éprouvante pour les milieux des affaires.
Particulièrement, dans l’Artibonite, l’insécurité, tolérée à dessein politicien inavouable,
provoque la rupture d’approvisionnement, la fermeture de certaines entreprises, des faillites
non déclarées par convenance ou gêne, des licenciements, le ralentissement des activités
agricoles, un taux très élevé de l’inflation, des dysfonctionnements professionnels généralisés.
L’économie régionale s’est effondrée sous l’œil indifférent de ceux-là qui prétendent exercer
les fonctions étatiques. Tout aussi indifférent devant des crimes abominables.
Pour redresser cette situation, il faudra au moins une génération à condition que de bonnes
mesures s’enchaînent à la revitalisation des activités économiques, à la facilitation,
l’encouragement des innovations, à l’élimination des obstacles institutionnels qui freinent les initiatives entrepreneuriales. Le concentrationnisme de l’administration centrale est anachronique, contre-productif, idiot même. On est au 21e siècle, Haïti ne peut survivre avec les réflexes coloniaux. Le « tout par et pour la métropole « est devenu tout par et pour Portau-Prince. Le « tout par et pour les colons » est remplacé et systématisé par tout par et pour les oligarques. On en est venu dangereusement à entretenir des milieux infrahumains dans les zones rurales, dans les ghettos urbains et suburbains. Même des secteurs d’investissement comme les ports, les zones franches etc. sont considérés comme des réserves patronymiquesde la grande famille élargie des prédateurs de l’Etat, des détrousseurs traditionnels de la société, sans que cela soit prescrite par la loi, ni acceptable par la conscience humaine. Au lieu de promouvoir, encourager, élargir le bataillon des investisseurs dans les provinces, on tend à le réduire. Des projets importants, générateurs de nombreux emplois tardent à être soutenus dans le Nord-Est, dans l’Artibonite. L’incident du port de Saint Louis du Sud ravive l’impression que les pratiques discriminatoires pèsent encore sur les territoires régionaux.
Dans cette période de crise exceptionnelle, de graves difficultés d’approvisionnement, des entrepreneurs gonaïviens, voulant recourir à des importations directes, se sont vus opposer le blocage du port sous l’empire d’une mesure gouvernementale aussi insensée que préjudiciable. Les provinces ne demandent qu’à voir préserver leurs droits économiques. Il faut changer globalement l’Etat, la Société, et les coutumes individuelles pour faciliter un saut gigantesque vers le progrès économique et social. L'investissement de nos frères et sœurs vivant à l’étranger ne doit plus être perçu comme un acte d’adversité qu’on permet à certains de décourager, déconstruire, déstabiliser surtout dans le domaine foncier. Au contraire, des structures administratives sont à aménager pour attirer leurs investissements et attribuer une prime sous forme d’exonération conditionnelle à ceux qui investissent dans leur milieu d’origine. Ainsi, pourront naître et se multiplier des pôles régionaux endogènes de développement durable.
Pour en donner l’exemple, l’association des entrepreneurs de l’Artibonite (AEA), aura construit en 2024 le pôle de développement de l’Artibonite en collaboration des universités locales UPAG, EDSEG, UNDH/UDERS des Gonaïves, des compétences natives et toute autre unité volontaire de formation et de recherche. Le Conseil de l’AEA se réjouit qu’un nouveau groupe de cadres nationaux, Haïti-Richesses, informé de ce projet, tienne à en participer. Le développement ne peut venir généralement que du partenariat entre l’université et les entreprises, l’Etat jouant son rôle de locomotive intelligente. Que ce modèle soit suivi par les autres départements jusqu’à en constituer un réseautage national solide !
Les milieux des affaires ont beaucoup perdu cette année. Les dirigeants ne s’en soucient guère. Des mesures de compensation doivent être prises en leur faveur, particulièrement, ceux de Martissant à la pointe de la Grand’Anse, de Laffiteau à la dernière limite du Nord Est.
L’Association des Entrepreneurs de l’Artibonite (AEA) n’a cessé de demander et revendique encore que l’argent, réservé autrefois aux parlementaires pour des dépenses d’appoint, soit reconverti en un fonds de garantie au développement de l’entreprenariat régional et que soient prises instamment des mesures compensatoires pour redynamiser l’économie de l’Artibonite, prioritairement l’agriculture, à la suite d’une large concertation soucieuse d’éviter les déséquilibres inégalitaires.
Dans moins de 15 jours, on sera parvenu au premier janvier, la date du 220ème anniversaire de l’Etat national, le premier pays qui a rendu universelle l’humanité et déconstruit l’esclavagisme. Que va-t-on célébrer ?
La honte de liquider l’héritage et le patrimoine précieux des Pères de la Patrie?
- La honte de transformer la liberté en un droit d’oppression économique, sociale, culturelle,
politique des plus forts sur les plus faibles?
- La honte de travestir notre égalité de peuple en un devoir de dépendance, de soumission en
échange de quelques sous à détourner à des utilités personnelles injustifiable?
- La honte de trahir la fraternité par absence de sensibilité et solidarité sociales?
A force de bafouer les valeurs morales qui ont pu faire naître notre pays, nous en perdons les repères, nous le transformons en une jungle infrahumaine où la vie s’effrite en voie dedisparition. Tant que nous n'aurons pas reconnu la prééminence de ces valeurs morales et d’autres généralement acceptables dans l’administration de la chose publique, la gestion des entreprises, la conduite des rapports sociaux et humains, nous n’aurons jamais une vie normale et digne, ni ne pourrons non plus prétendre droit à la reconstruction de ce pays, non plus au respect de son droit international par les autres États et peuples.
C’est le vœu de l’association des entrepreneurs de l’Artibonite (AEA) pour qu’avec courage, détermination, persévérance, nous fassions primer les valeurs morales sur la cupidité, l’insensibilité sociale, l’égoïsme, la haine, la jalousie, l’attachement à la médiocrité, l’adversité à l’entreprenariat. Que désormais Haïti soit une communauté mobilisatrice d’initiatives pour la création et la distribution équitable de la richesse!
Courageuses fêtes de fin d’année à tous !
Gonaïves, le 20 décembre 2023
Pierre Robert Auguste
Président
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