DÉTOURNEMENTS DE FONDS PUBLICS, CORRUPTION ET ACTIVITÉS ILLICITES
Martelly : L’impunité
par le truchement d’un
régime fantoche
L'ambassadeur Pedro Antonio
Canino Gonzales du Venezuela lors d'une rencontre avec Michel Martelly au Palais National et lors d'une rencontre avec Evans Paul à la primature.
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Par Léo Joseph
Avant même que soit installées
de structures nécessaires pour effectuer l’audit des administrations Martelly-Lamothe et de
Martelly-Paul, les informations
recueillies ça et là semblent accréditer l’existence, au cours du
quinquennat tèt kale, d’une vaste
opération de détournements de
fonds publics, d’activités illicites
et de corruption au détriment des
intérêts du peuple haïtien. Alors
que les autorités des États-Unis, pays dont les membres de la famille Martelly sont des citoyens ont suivi et inventorié des
comptes en banque alimentés de
transferts clandestins faits pour le
compte de l’ex-famille présidentielle haïtienne, il reste encore des
dizaines de millions qui ont été
ramassés puis transférés via personnes interposées utilisées comme prête-noms.
On avait toujours l’impression que l’acharnement de l’ex-président musicien à organiser
des élections faites sur mesure
avait pour objectif de le couvrir
d’impunité, afin de le protéger
contre des poursuites judiciaires
dont il craignait être l’objet dès
qu’il serait privé du « privilège »
de dicter les décisions desjuges à
tous les niveaux du système judiciaire. Mais, les premières informations diffusées dans la presse invitent à lever le voile sur les activités illégales, franchement criminelles, du chanteur du compas. Sweet Micky se battait du bec et
des ongles afin de réussir à se
faire succéder par son homme
lige, en l’occurrence Jovenel
Moïse, unique moyen de s’épargner les nombreux désagréments
qui pourraient surgir contre lui. Dans le cadre de ses démarches
pour mettre son poulain à la tête de l’exécutif, une fois son quinquennat terminé, Martelly agissait en connaissance de cause, car
imbu de ses déprédations contre
les caisses publiques et les nombreuses violations des lois du
pays sous forme d’activités illicites menées de concert avec des
amis et partisans dont la réputation dans le monde interlope est
de notoriété publique. Il est donc
aisé de comprendre pourquoi, en
dépit des mises en garde venues
de pays amis, notamment les États-Unis d’Amérique, Michel
Martelly attirait dans son entourage des anciens musiciens et
courtisans ayant trempé dans des
combines louches ou participé au
commerce de cocaïne et d’autres
substances interdites.
Les fonds Pétro
Caribe principale victime de Martelly
On aura beau accuser, dénoncer
les déprédations de Michel
Martelly sur le Fonds Pétro Caribe, mais on n’arrivera jamais à connaître toute l’affaire, à moins que
soit déclenchée une enquête exhaustive sur son administration. C’est pourquoi il faut se méfier
des dirigeants qui font traîner en
longueur la décision d’ordonner
un audit de la gestion des deux
administrations qui étaient en
charge durant le quinquennat de
Sweet Mickey. Puisque, des
révélations faites par des proches
collaborateurs de ce dernier ont
indiqué clairement que les projets
sociaux de la présidence (Palais
national et première dame) se
trouvent parmi les moyens utilisés par l’ex-première famille d’Haïti pour dévaliser les caisses de
l’État, rançonnant les différents
ministères et allégeant le Fonds
Pétro Caribe de plusieurs centaines de millions de dollars, par
l’octroi de contrats de gré à gré
accordés aux partisans du pouvoir et amis.
En effet, des centaines de millions de dollars extraits des
comptes en banque de Pétro-Caribe sont versés sous forme de
paiements à ces compagnies qui effectuent le règlement des factures par un système de surfacturation mis en place de concert
avec le Palais national. Les responsables des compagnies chargées d’exécuter les travaux bénéficient des contrats en acceptant
de verser des ristournes au président.
Dans l’optique des parties
contractantes, il s’agit d’une
situation où l’on gagne à tous les
coups. Car les firmes bénéficiaires de contrats n’auraient rien
si elles n’acceptent pas de verser
des pots de vin au chef de l’exécutif. Dans le même ordre
d’idées, ce dernier ne peut rien
collecter sans se mettre d’accord
avec celui qui donne son aval
pour que lui soit donné le contrat. On laisse croire que dans bien des cas le versement de ristournes s’effectue via une institution bancaire off-shore.
Des prête-noms pour
brouiller la piste des
millions détournés ou
mal acquis
Grégory Mayard-Paul |
En effet, des proches du pouvoir tèt kale ont révélé que l’un
des fonctionnaires de l’État ayant
servi de prête-nom à la famille
Martelly n’est autre qu’Alix Célestin, directeur général de l’Autorité portuaire national (APN), étant entré en fonction à cette
même institution presqu’immédiatement après l’accession du
musicien au pouvoir. Non seulement qu’il a fourni des dizaines de millions à la famille présidentielle, il a joué le rôle de blanchisseur des avoirs pour l’ex-président Martelly, la première dame
et le fils aîné du couple présidentiel.
Toutefois, ce moyen alambiqué d’opérer ces transactions financières n’a pu mettre hors de piste les agents fédéraux constamment aux aguets. Car, depuis plus de deux ans, les autorités judiciaires américaines, mises au courant des activités illégales de la famille Martelly, notamment dans la corruption, et le détournement de fonds publics, en sus du commerce illicite de stupéfiants, avaient tout ce beau monde dans leur collimateur.
Rénald Pascal |
Toutefois, ce moyen alambiqué d’opérer ces transactions financières n’a pu mettre hors de piste les agents fédéraux constamment aux aguets. Car, depuis plus de deux ans, les autorités judiciaires américaines, mises au courant des activités illégales de la famille Martelly, notamment dans la corruption, et le détournement de fonds publics, en sus du commerce illicite de stupéfiants, avaient tout ce beau monde dans leur collimateur.
Alix Célestin |
Par ailleurs, Alix Célestin a investi des millions de dollars fournis aux Martelly dans plusieurs constructions d’immeubles, prétendant avoir financé ces immeubles à l’aide de prêts accordés par des banques locales. C’est aussi la même chose pour Rénald Pascal, propriétaire de Belvédère. Servant de prête-nom à Olivier Martelly, présentement aux prises avec la justice américaine, on prétend qu’il aurait acheté, à Montagne Noire, dans les hauteurs de Pétion-Ville, une maison ayant appartenu à la famille Sajous pour la somme d’un million de dollars. Ces mêmes sources ont laissé entendre qu’il aurait également construit un complexe résidentiel à Péguy-Ville (à la rue Solon Ménos) estimé à 3 millions.
Signalons, en passant, qu’une
compétition fait rage, dans la
construction d’immeubles de
grand prix, entre les barrons tèt
kale. Puisque Grégory Mayard-Paul, amis proche et conseiller de
l’ex-président Martelly, avait
construit, également à Péguy-Ville, mais à la rue E. Pierre, un
immeuble qui aurait coûté 4 millions.
De même, des sources proches de l’ancien régime tèt kale
ont affirmé que Ronsard Saint-Cyr, présentement directeur général du Fonds d’assistance économique et social (FAES) a réalisé une série de constructions de
cette envergure, en Haïti et en
République Dominicaine.
Quel est l’état de
santé des finances du
pays ?
La question des finances du pays et des Affaires économiques
Wilson Laleau, d’autre part.
Wilson Laleau |
En effet, M. Privert a tiré la
sonnette d’alarme, faisant croire
que les finances du pays sont
dans un état « catastrophique ». Prenant le contre-pied de la thèse
de l’occupant provisoire du Palais national, M. Laleau impute
les dires du chef de l’exécutif à
une méprise, voire à la malveillance, car, selon lui, il n’y a
pas lieu de se faire tant de souci
concernant les affaires du pays.
Mais des observateurs sont
d’un avis contraire, par rapport à
la version véhiculée par Laleau, puisque, arguent-ils, celui-ci a été
le grand argentier sous Martelly
et il est témoin des gaspillages de
fonds perpétrés par ce dernier
ainsi que les décaissements réalisés sur les fonds Pétro-Caribe et
d’autres ressources de l’État. En
un sens, les mêmes observateurs
pensent que la défense de l’administration Martelly qu’a faite Wilson Laleau s’inscrit dans le cadre
d’une auto-défense du ministre
des Finances dont le nom a été
cité dans des transactions financières jugées inappropriées.
Qu’en est-il des difficultés rencontrées
par le BMPAD ?
Au moment où Wilson Laleau se
fait le défenseur de l’administration Martelly-Lamothe et Martelly-Paul, on apprend que le Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement (BMPAD), chargé de l’importation de produits pétroliers, se trouve confronté à de sérieuses
difficultés, car voguant pratiquement dans la faillite. C’est ce qui
ressort de la réunion qui s’est
déroulée vendredi dernier entre le
président provisoire et Eustache
Saint-Lot, directeur général de
cette institution.
Selon le rapport fait à
Jocelerme Privert par M. Saint-Lot, le BMPAD traîne huit mois
d’arriérés totalisant un montant
d’USD 91 millions $. Alors que
doit s’effecteur bientôt une livraison de pétrole qui coûtera environ USD 9 millions $. Pour l’instant, écrit le journal Le Nouvelliste, le BMPAD possède, à la Banque nationale de la République
d’Haïti ou Banque centrale
(BRH) et à la Banque nationale
de crédit (BNC) la somme totale
d’USD 66 millions $. S’il décide
d’éponger cette dette, il lui manquerait 25 millions en sus des 9
millions à payer pour la prochaine livraison.
Ronsard St-Cyr |
Selon d’autres informations
recueillies sur place, le Venezuela, qui traverse une crise économique aigue, exerce des pressions pour se faire payer par Haïti. Or cette situation est on ne peut
plus bizarre quand on se souvient, il y a à peine huit mois, l’ambassadeur vénézuélien en
Haïti présentait Haïti comme un
débiteur modèle. En effet, à l’occasion de la
commémoration du dixième
anniversaire de l’accord Pétro
Caribe, Pédro Antonio Camino
Gonzales avait, le vendredi 26
juin, fait état de la satisfaction de
son gouvernement par rapport à
la manière dont le gouvernement
haïtien gérait ce fonds. Cité dans l’édition du 26 juin
2015 du Nouvelliste, le diplomate vénézuélien déclarait : « Haïti
figure parmi les pays de la Caraïbe et de l’Amérique latine
qui paient à temps la facture dans
le cadre de l’accord Petro Caribe
créé en 2005 par le président
Hugo Chavez, qui a gouverné le
Venezuela de 1999 à 2013 ».
Eustache Saint-Lot |
Michel Martelly continue de se battre pour repousser toute possibilité de faire un audit de son administration, car connaissant bien les détournements de fonds et d’autres brigandages.
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