mercredi 16 mars 2016

Un prêt de 50 millions recherché…

LES CAISSES DE L’ÉTAT VIDÉES PAR L’ÉQUIPE MARTELLY

Un prêt de 50 millions recherché…

Au moins 10 % aux courtiers si l’affaire marche…

Par Léo Joseph

Un mois après son installation au Palais national, les problèmes financiers hérités de Michel Martelly commencent à harceler Jocelerme Privert. Coincé de toute part par des hommes affamés introduits par lui dans l’administration publique, aussi bien que par les employés de l’État réclamant leurs dus, sans oublier les créanciers du gouvernement le talonnant, le président provisoire se voit acculer à négocier un prêt important. Mais dans certains milieux financiers, à Port-au-Prince, on fait remarquer que ceux qui mènent les négociations en vue de trouver ces fonds sont motivés par d’autres raisons que celles consistant à liquider les dettes de la nation. En Haïti, quand des fonctionnaires qui ont établi leur réputation de « voraces » arrivent au pouvoir, ils ne vont pas de main morte pour grossir rapidement leurs comptes en banque. Surtout quand il est question de mandat très limité dans le temps. Bien que les bailleurs de fonds traditionnels d’Haïti soient tenus en dehors des démarches visant à trouver ce prêt de USD 50 millions $, ils seraient, toutefois, les premiers à en prendre connaissance. Car sachant la gravité de la situation économique du pays, particulièrement le pillage des caisses de l’État par Martelly et ses hommes, les soi-disant amis d’Haïti se sont arrangés pour être mis au parfum par rapport à tout ce qui se passe dans le pays, surtout en qui concerne les finances. C’est ce qui a permis que les négociations que mènent actuellement les courtiers parviennent à la connaissance de certains milieux diplomatiques, à la capitale haïtienne.

On apprend, en effet, que les hommes de Privert sont en train de remuer ciel et terre pour trouver USD 50 millions $ que les dirigeants actuels prétendraient vouloir investir dans le « paiement des dettes publiques ». À cette fin, on explique que des consultations très avancées auraient été menées auprès des hommes d’affaires de certains pays de l’Amérique latine, qui seraient liés à des dirigeants de ces pays. Si officiellement l’affaire se révèle difficile, dans le privé, certains hommes d’affaires, et même des banques, auraient, dit-on, manifesté un certain intérêt.

Mais dans l’empressement de certains courtiers « à boucler la boucle », ils semblent privilégier les démarches sur place. Parce que, dit-on dans les milieux informés, même s’il faut trouver une dizaine d’entités pour réunir cette valeur, cela se révèle plus séduisant pour les intermédiaires. Souhaitant aller très vite en besogne, afin d’éviter d’être pris de court par les événements, conclure un marché avec des entrepreneurs locaux serait l’option idéale pour les démarcheurs. On laisse croire qu’il sera plus facile de conclure un tel marché avec des hommes d’affaires du pays, qui comprennent mieux que personne l’urgence à laquelle se trouve confrontée les actuels dirigeants.

D’après ce qui se répète, dans les milieux proches du Palais national, de telles démarches sont rendues nécessaires parce que le fonds Petro Caribe a cessé d’être la poule aux œufs d’or qu’il était avec l’équipe Martelly-Lamothe, puis Martelly-Paul. Des centaines de millions ont été décaissés à partir des comptes, à la Banque centrale (BRH) et à la Banque nationale de crédit (BNC), de Pétro Caribe pour être investis à qui-mieux-mieux dans des projets bidons ou faits sur mesures en vue de faciliter le détournement des fonds publics. L’indisponibilité des ressources alimentées par la vente du pétrole vénézuélien orchestrée par Martelly et son équipe met à mal l’administration Privert, qui ne sait à quel saint se vouer pour trouver le soulagement qu’il recherche.

C’est pourquoi, il aurait trouvé « séduisante », dit-on dans des milieux diplomatiques, l’idée avancée par les courtiers d’engager des négociations avec des «hommes d’affaires du pays ».

Une affaire menée dans l’opacité totale

Il y a fort à parier que cette démarche ne vise en rien les intérêts supérieurs de la nation. Il faut retenir que cette affaire de USD 50 millions n’a pas été connue grâce à la transparence administrative pratiquée par la présidence provisoire, mais plutôt suite aux révélations faites par un diplomate qui disait savoir que les négociations avançaient sans que le peuple haïtien en ait été informé. D’ailleurs, les hommes du pouvoir n’ont aucune raison de permettre que des « intrus » se mettent de la partie. Cela suffit pour montrer que la gent au pouvoir aujourd’hui n’a aucune intention d’informer les citoyens de ce qu’ils entendent faire avec les 50 millions $.

Du train où vont les démarches, si et quand le pays sera finalement informé de ce prêt, acteurs et participants auront déjà partagé la part du lion entre eux, laissant une poussière pour régler les affaires de l’État. Avec le modèle mis en place par Michel Martelly, que Privert semble vouloir faire sien, il existe de fortes chances que, à l’instar de Pétro Caribe, ce prêt, s’il devient réalité, constituera un fardeau financier insupportable pour les générations montantes. C’est bien le cas avec l’argent du pétrole vénézuélien dont la dette envers le Venezuela se chiffre aisément à plus d’un milliard. Car, quand on sait que des arriérés de l’ordre d’USD 90 millions $ sont dus à la République bolivarienne, on verra galoper rapidement le montant de la dette externe d’Haïti envers ce pays lorsque les paiements en souffrance seront ajoutés aux obligations totales régulièrement programmées sur le long terme.

On sait que le pays nage dans une crise financière, tel que cela a été révélé par Jocelerme Privert lui-même annonçant la « catastrophe » dans laquelle est plongée la nation, mais quand on parle de prêt de USD 50 millions, il n’y a point de doute que les citoyens haïtiens ont toutes les chances d’être victimes d’un autre coup fourré.


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