dimanche 10 avril 2016

Comprendre le centre financier de La Gonâve à la lumière du scandale Panama papers

Beguens Théus

Après le scandale de corruption et d'évasion fiscale de Panama papers secouant le monde et avilissant aussi 8 entreprises haïtiennes, on ne saurait vite oublier le décret du 7 janvier 2016 de Martelly créant le centre financier international de l’ile de La Gonâve (CFI). Maintenant, peut-on mieux comprendre le sens de mon combat préventif et ma position citoyenne archivée dans «les bonbons empoisonnés du décret créant le centre financier de l’ile de La Gonâve».
 
Aujourd’hui, avec le scandale de Panama papers, nul n’ignore les trous noirs combinés avec les bonbons empoisonnés du décret créant le centre financier de l’ile de La Gonâve. Si les bonbons empoisonnés sont des articles mortuaires du décret, alors les trous noirs désignent des éléments funèbres du projet. Dans les trous noirs de l’économie, les économistes énumèrent donc les crimes financiers, la corruption, la contrebande, le commerce d’armes et de la drogue, l’évasion fiscale, les paradis financiers et fiscaux. Ces crimes financiers affectent la santé économique comme des virus affectent la santé humaine. Pourtant, certains défenseurs dudit décret ne sont pas gênés d’acclamer fort partout dans l’espace public que ce «projet» ouvre en Haïti une porte au paradis financier pour des riches étrangers comme si, à leur avis, «paradis financier» signifie vertu financière et «évasion fiscale» une bonne affaire pour le pays.
 
Effets atomiques de Panama papers
Le scandale financier de Panama Papers de 2016 est aussi grave que le scandale financier de 2008. A la seule différence, le scandale de 2008 est institutionnel et a flambé de lourdes institutions financières, tandis que celui de 2016 fraichement éclaté dans Panama papers est avant tout humain et a ébranlé de puissantes célébrités et personnalités politiques du monde. Mais, dans les deux cas, les effets sont catastrophiques et les conséquences sont lourdes.   
 
Dans la liste noire révélée par les journalistes de ICIJ dans Panama papers, figurent les noms de plus de 140 personnalités parmi les plus puissantes du monde dont des anonymes, des milliardaires, des personnalités politiques de haut rang, des chefs d’État en fonction, des anciens chefs d’État, des chefs de gouvernement, des ministres, des directeurs, des parlementaires, des célébrités de la musique et du sport qui sont mêlés et baignés dans la corruption et les crimes financiers des sociétés offshore (extraterritoriale). Dans le cadre de cette affaire scandaleuse, des manifestations en Europe appellent à la démission des politiques souillés ; des enquêtes et poursuites se poursuivent, ici et là, dans le monde. C’est, en l’occurrence, ce modèle de projet financier que dispose le décret créant le centre financier de l’ile de La Gonâve (CFI), initié en catimini par le régime de Martelly avant sa chute le 7 février 2016. 
 
CFI de La Gonâve et Offshore de Panama papers
Les sociétés CFI de La Gonave sont les filles embryonnaires des sociétés offshore de Panama papers. Elles présentent les mêmes caractéristiques avec les mêmes trous noirs économiques, la même opacité financière, des maitres anonymes similaires, les mêmes paradis financiers, les mêmes paradis fiscaux, le même mécanisme d’évasion fiscale, les mêmes boucliers de corruption et de crimes financiers. On ne peut attendre d’un centre financier un service différent de ce qu’offre véritablement un centre financier, surtout un centre de cette famille offshore en quête de paradis financier et d’évasion fiscale. Car, rappelons-le, un centre financier n’offre que des services financiers profitables aux maitres capitalistes du centre. Cela n’y intègre jamais « population et développement local », sachant que les biens des riches appartiennent aux riches et ne sont pas nos biens à tous.  
 
Ainsi, les effets de Panama papers des sociétés offshore bouleversant le monde d’aujourd’hui annoncent déjà les effets des sociétés CFI allant, dans sa version nouvelle, bouleverser le monde de demain. En passant, il est à rappeler qu’aucun décret ni loi octroyant gratuitement propriété foncière et titre de propriété aux maitres des sociétés offshore n’a été révélé jusque-là dans Panama papers, contrairement aux maitres [anonymes] des sociétés CFI bénéficiant du gouvernement haïtien le don de propriété foncière et le titre de propriétaire à La Gonâve. En un mot, à la lumière du scandale des sociétés offshore de Panama papers noyées dans les trous noirs du paradis financier, de l’évasion fiscale et de la corruption facilitant l’accumulation à grande vitesse des richesses des riches, on comprend mieux la réalité du projet de l’offre des sociétés CFI de La Gonâve.
 
Perspectives 
Le décret du 7 janvier 2016 créant le CFI de La Gonâve reste débout, jusqu’ici. Car, ce décret suivi d’un arrêté nommant le directeur du centre n’a été ni rapatrié ni amendé ni abrogé par les pouvoirs législatif et exécutif actuels, en vertu du principe de parallélisme des formes et des procédures. Considérant ledit décret encore en vie, se demande-t-on, qu’est-ce qu’attendent les maitres anonymes des sociétés CFI pour implémenter leur « projet », ces nouveaux colons jouissant du don gratuit des biens fonciers des paysans et du titre de propriétaire à La Gonâve par les dispositions des articles 4, 6, 7, 54, 55, 56, 57, 96, 98 du présent décret ?   
 
Beguens Théus
Le gonavien d’Haïti
10 avril 2016  

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