NOTE DE PRESSE
A trois (3) jours de l’échéance du 24 avril 2015, le Parti Fusion des Sociaux-Démocrates Haïtiens (FUSION) est malheureusement dans l’obligation de constater que, comme n’importe quel analyste pouvait le prévoir, il n’y aura pas d’élections dimanche prochain et il n’y aura pas non plus de président élu le 14 mai ni même le 14 juin. Les injonctions comminatoires et les menaces très peu diplomatiques de la communauté internationale n’y pourront rien. Nous avions prévenu la nation que l’accord mort-né du 6 février 2016 conclu entre le président Martelly et les présidents des deux chambres issues des élections contestées de 2015 en excluant toutes les organisations politiques et de la société civile, ne saurait en aucun cas constituer la solution durable à la profonde crise politique à laquelle notre pays est confronté.
La FUSION tient à tirer une fois de plus la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation et à rappeler aux uns et aux autres que si nous sommes dans cette impasse c’est principalement à cause des fraudes et de la violence armée qui ont caractérisé les élections des 9 août et 25 octobre 2015. Si nous voulons mettre un terme à l’instabilité politique, nous devons en finir avec la malédiction des élections frauduleuses. La décision du CEP de publier des résultats partiels pour les municipales, la veille du début des discussions pour la mise en place de la commission d’évaluation, loin de contribuer à la solution du problème n’a fait que le compliquer.
Dès le 10 août 2015, la FUSION, conjointement avec d’autres organisations politiques, a dénoncé les fraudes et les violences enregistrées un peu partout à travers le pays et demandé la constitution d’une commission tripartite pour évaluer le processus électoral, condition indispensable pour crédibiliser les résultats et restaurer la confiance dans le système. Malheureusement peu nombreux ont été les acteurs politiques à partager cette position. Avec la bénédiction de la communauté internationale, à l’exception d’un nombre restreint de partis politiques, tous les candidats se sont précipités tête baissée dans la course à la présidence en espérant que de façon magique, les fraudeurs n’allaient pas oser rééditer le 25 octobre les fraudes du scrutin précédent. Au moment où de l’avis quasi unanime des acteurs politiques et de la société civile la commission d’évaluation est un passage obligé, il est surprenant et consternant de constater que le pouvoir, contrairement à ses déclarations publiques, a choisi de ne pas convier plusieurs partis politiques dont la FUSION, aux discussions pour la constitution de ladite commission.
Contrairement aux prises de position de ceux qui veulent instrumentaliser la commission au profit de leurs aspirations et intérêts politiques, la FUSION croit que celle-ci doit avoir pour seule mission de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé les 9 août et 25 octobre 2015 et de tirer les conclusions qui s’imposent en se fondant sur le décret électoral et les principes élémentaires de la démocratie.
La FUSION croit qu’il est possible de transformer cette crise en une opportunité unique pour la famille haïtienne de s’unir pour poser des bases solides en vue de la construction d’une démocratie digne de ce nom. Pour cela il faut, dans une démarche inclusive, mettre autour d’une table les principaux acteurs de la vie politique et sociale en vue de négocier et de conclure un véritable accord pour une transition apaisée. Ce serait l’occasion de débattre d’un vrai pacte de gouvernabilité et d’un véritable projet national.
La FUSION juge utile de redire que notre système électoral tel qu’il est conçu ne peut pas garantir des élections incontestées. La solution durable au problème électoral passe par l’introduction des urnes électroniques brésiliennes dont la FUSION fait la promotion depuis plusieurs années. Le président ne les a pas adoptées parce que d’après lui le blanc ne l’accepterait pas. Pourtant avec la moitié du montant versé par le gouvernement haïtien dans le « trust fund » géré par le PNUD pour les dernières élections, nous aurions pu acquérir le nouveau système et reprendre le contrôle de cet acte de souveraineté qu’est le choix de nos dirigeants. Ce matériel pourrait servir des dizaines et des dizaines de fois pour l’organisation d’autres élections, ce qui nous libèrerait définitivement de l’ingérence et des diktats de la communauté internationale.
La FUSION estime qu’il n’existe pas de solution expéditive au problème politique haïtien et que les discussions pour une sortie durable de la crise doivent commencer maintenant sans attendre le 14 mai pour faire le constat indiscutable de l’échec de l’accord du 6 février. Elle en appelle aux citoyennes et aux citoyens qui sont indignés par la situation actuelle, à celles et à ceux qui refusent la démocratie au rabais que la communauté internationale veut nous imposer et leur demande de rester vigilants, exigeants et mobilisés, car il en va de notre avenir en tant que peuple libre, en tant que nation indépendante.
Port-au-Prince le 21 avril 2016
Edmonde SUPPLICE BEAUZILE
Christ-Roi Port-au –Prince, Haiti
509-2811-7466
www.partifusion.htfusionhaiti@yahoo.fr
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