REGARD DE LA FENÊTRE
Haïti : L´audiovisuelle dans l´œil de l´opinion publique nationale et internationale.
Publié sur Haiti Observateur du 31 janvier 2018
FAKE NEWS : PERSONNE NE POSSÈDE LA VÉRITÉ!
Par Michelle Mevs, le 29 Janvier 2018.
Personne ne possède la vérité. Si personne ne l'a jamais tout à fait, on peut néanmoins l'étudier au plus près des faits. La vérité n´est jamais une fiction, mais sa recherche reste un véritable défi.
« Pour la vérité et pour l'histoire…» se plaisent à dire les journalistes Haïtiens, comme un leitmotiv, en vue de dégager les faits des entretiens. Le rapport avec la réalité est un sujet qui interpelle. Mais comment comprendre les limites de la vérité universellement ? Qu´il s´agisse de violence du dénigrement (ou du « fake news »), de contre-vérité ou de propagande (« untruth », faits-alternatifs) ou encore de faire le buzz ou d'obtenir une « exclusivité »: le paysage médiatique de la stratosphère en est saturé!
De nos jours, il est facile de discréditer à volonté qui que ce soit sans réserve, et sans conséquence réelle pour celui qui est coupable d'une telle infraction. L'audiovisuelle : médias numériques, radio, TV, youtube, fb, twitter, whatsapp, etc… dans sa globalité est devenu un instrument de divulgation hors morale ou hors éthique, de sorte qu'il devient nécessaire et urgent de relever le défi.
À l'heure du numérique, les opinions prévalent sur les faits, alors qu'au plus proche de la vérité, il n'y a que l'investigation du matériau factuel qui ouvre sur la vérité, la vraie ! La norme actuelle dans l´audiovisuelle consiste à substituer l'information, la vérité des faits ( « truth of facts ») par l'opinion, par la perception propagandiste. Cette dernière est souvent sponsorisée.
Quand Le récit s'engage dans le tunnel de l'intérêt individuel ou de groupe, et qu´aucune lois ne la réglemente en Haïti, du moins pas encore, il règne forcément une grande confusion dans l´opinion publique. Ne devrions-nous pas penser que l'audiovisuel est une plate-forme d´enfer où l'homme devient un loup pour l'homme ?
Comment comprendre le traitement de la « vérité » dans la sphère politique et publique aux Etats-Unis. Par exemple, quand le président Donald Trump fait savoir au monde, à la mi-janvier, par un tweet à sa sauce, que l'amélioration de l'économie américaine est de son seul fait, son allégation est considérée par les économistes comme un « autre fait ». Et la réponse lui vient sous forme de démenti quand Lisa Cook va twitter :« We set in motion what we see now. You can’t create an economy overnight ». « Nous avons mis en marche ce qui ce qui est là, On ne peut créer une économie du jour au lendemain ». (Voir la publication de PBS.Org. News du 18 janvier 2018 sous le titre : « Trump takes credit for the good Economy »). Trump s'attribue le mérite d'avoir remis l'économie en état.
Toujours aux États-Unis, le président Donald Trump s'acharne contre des principaux médias, tels que CNN, The New York Times, Washington Post, qu'il accuse de propagateur de pre-fake-news (des informations pré-fabriquées).
Comment répondre légalement au dénigrement, à la désinformation (« fake news ») quand on en est soit-même victime ? En France, Emmanuel Macron veut combattre la désinformation, la propagande. La France est en train d'élaborer un projet de loi sur l'audiovisuel public, loi qui sera promulguée fin 2018. La législation vise à réglementer les excès de toute propagande mensongère, d'où qu'elle vienne, par rapport à la diffusion dans l´audiovisuel. Le « fake news », en période électorale comme en temps normal, est toujours nocif à la bonne marche de la démocratie et au bon fonctionnement de la société pense-t-il. Emmanuel Macron ayant été lui-même victime lors de sa campagne électorale par les médias russe Sputnik et RT en a pris l´initiative. Ne lui prêtait-on pas des comptes offshore aux Bahamas, une vie privée perverse ? Des messages qui menaçaient sérieusement la crédibilité du candidat à la présidence à un moment critique des élections françaises. On apprend, par exemple, qu'en vertu de cette loi, un juge pourra être saisi en référé et décider de la suppression d'un contenu d'un message jugé mensonger.
Les médias dans le secteur de l'audiovisuel
« La presse est l'ennemi du peuple », dit Trump. Nixon détestait viscéralement les journalistes; et Michel Martelly se montrait méfiant et intolérant et extrêmement injurieux envers les médias haïtiens. Nombreux sont les chefs d´Etat qui craignent l'impacte de l'information sur la société et sur leur gouvernement. Cela s'explique par l'angoisse qu'ils ressentent face aux journalistes dont la fonction consiste à rendre compte de la réalité, d'investiguer et de vérifier les faits. Cela dérange certains politiques, ceux qui font fi de ce qui est correcte, juste et honnête. Ils préfèrent évoquer une fiction; ceci, quand ils ne font pas dans la dissimulation.
La demande du public en information est vorace. Cela n'a jamais marché aussi bien pour les médias traditionnels, journaux, audio visuelle également. Des ventes annuelles accrues, de l'ordre de 150 millions de copies vendues ponctuellement et 3 millions d'abonnés au NY times et Washington Post (acquis par Amazon). La raison principale de cette réussite, commentent les dirigeants de ces journaux, c´est que les gens ont soif de faits véridiques. Ils sont confrontés à un manque extrême d'informations crédibles et d´analyses sérieuses.
Pour leur part, les radios et media on-line jouissent davantage de liberté cependant, malgré leur quête ou exigence de popularité, ils ne peuvent dépasser la ligne rouge du « fact news » pour sombrer dans le « fake news» puisqu à long terme, cela ne leur rend pas service. Dans une société restreinte comme celle d'Haïti, où tout le monde se connaît quasiment, le moment arrivera où la clientèle déçue de la manipulation médiatique ira chercher ailleurs ses informations... On n'a qu'à écouter Matin Débat de Luco Désir pour l´entendre mentionner à tout bout de champs, de sa voix de santore, qu´il est à la recherche de la vérité. Il aura compris que c´est une vision correcte à adopter.
Quant à Donald Trump par rapport à Haïti, nous savons tous qu'il cavale sur les faits-alternatifs ou (alternative fact) comme sur un cheval de bataille politique. Poursuivant sa course folle, il incite à la violence du racisme; d'ailleurs, ses excès sont nombreux et scandaleux... Nous, les Afro-haïtiens et les Africains en plus des Salvadoriens avons reçu une forte dose de vitriol de la part de Trump nous décernant le qualificatif inacceptable de « shithole ». Pour lui et son équipe, il s'agit toujours d'émettre leur propres interprétations des faits sans jamais tenir compte des événements dans leur intégralité, ou du moins d'y appliquer une certaine objectivité.
Dans un contexte plus large, il y a danger d'infiltration des ennemis nationaux; et aucun pays n'en est exempt. Nous lisons la publication du journal français L´Échos : «... Sous le coup d'une enquête du Sénat américain, Facebook a reconnu que 126 millions d'Américains ont vu de fausses nouvelles diffusées par des agences russes sur son réseau. Aux États-Unis, une proposition de loi est en cours d'élaboration, qui obligera les plates-formes Internet à faire toute la lumière sur leurs clients en matière de publicité politique ».
Les recommandations du pape François
Le 24 janvier 2018, dans un document intitulé « La vérité vous libérera – Fake News et journalisme pour la paix » : « Le pape François s'est dressé contre la diffusion des fausses informations, qui servent, selon lui, le bas-œuvre du malin. Et le pontif de citer La Bible : « La vérité vous libérera ». Il va même jusqu'à expliquer la tromperie dont Eve fut victime au Jardin d´Éden. Quand Satan, dans sa fourberie, lui fit miroiter qu´en mangeant le fruit défendu, elle atteindrait la connaissance du bien et du mal..
L'enseignement du pape François se lit ainsi : Les résultats des énoncés « Fake News » sont conséquentes et personne n'y échappe, Ève l'a été également. De fait le mensonge, la médisance, la tromperie existent depuis que le monde est monde. C'est juste que Donald Trump, le président américain, en a répandu ouvertement l'usage comme un fait accompli, un fait “politiquement correcte”. Il en a fait son sceau tout à l'avantage de sa cause politique : « L'Amérique d'abord ».
La désinformation est un continuum
S´il n´est pas un chanteur professionnel comme Michel Martelly le polémiste, du moins Donald Trump comme lui, sait pérorer haut et fort sa propagande. « Rendons l'Amérique grande comme elle l'était ! » ne cesse-t-il de répéter; comme si les États-Unis avaient été détruits par Barack Obama. Nous savons tous qu'il n'en est rien. Rappelons, également « pour la vérité et pour l'histoire », que le président Bush et son slogan « arme de destruction massive » en Irak n'était pas loin de ce type de propagande mensongère pour justifier sa guerre. On a découvert trop tard qu'il n'y avait que manipulation dans cette assertion.
Mode de fonctionnement des médias en Haïti
En Haiti, les faiseurs d´opinion et sources de diffusion des informations sont principalement les radios et leurs émissions phares dont les émissions sont enregistrées et relayées par Youtube. En retour, les auditeurs émettent sur les réseaux sociaux les données reçues, les commentent, les re-distribuent. En ce sens, ils deviennent à leur tour des agent de diffusion, des propagateurs d´émissions.
La radio en Haïti est-elle un espace de « sensations » ou de ragots, contrairement à ce qu'a dit récemment valéry Numa dans son émission sur Vision 2000? Aura-t-il voulu rassurer le public en perte de confiance? Les médias y sont-ils susceptibles de succomber aux pression du pouvoir, aux pouvoir de l'argent ? Dressons ici un bref panorama: D'une part, en Haïti, les patrons des médias ont chacun leur secteur d´influence et leur agenda politique à imposer, tandis les professionnels de la presses, aux revenus nettement insuffisants, se situent en face non seulement des pouvoirs d'argent mais également des politiques qui, ayant accès au trésor de l'Etat démontrent une grande facilité de corrompre. Bien entendu la presse tabloïd (presse populaire) a toujours existée, la différence c'est qu'elle est aujourd'hui bien plus impactante par le truchement de ses images et son service audio. De plus, les accusations fausses se mêlant aux vraies, elles ne sont pas facilement identifiables, à moins d'être un décodeur professionnel ou d'avoir accès à un tel service.
Rappelons l'opinion du pape quand il décrit certaines activités des Médias : « dans la folle course à la primeur, le buzz (les journalistes) doivent se rappeler que l'essentiel de l'information n'est pas la rapidité avec laquelle elle est rapportée ou son impact sur l'audience ou les lecteurs, mais les personnes qu'elle concerne ». Ainsi dit le pape, faisant en outre valoir que les journalistes devraient se focaliser moins sur les « dernières nouvelles » que sur les causes sous-jacentes des conflits.... Mais certains peuvent être « des serpents » qui portent les journalistes à se faire le relais des fake news. Le souverain pontife s'est basé sur un verset biblique, comparant leur utilisation au diable dans la Bible, qui, sous la forme d'un serpent, persuade Ève de manger le fruit défendu. En lui assurant que la pomme lui apporterait la connaissance du bien et du mal, satan a fourni de mauvaises informations à Ève, a souligné le Pape François.
Qu'en est-il du lobbying ?
Se mettre au service du pouvoir, en faisant du lobbying, n'a rien de répréhensible. Cependant il est important pour le lobbyiste de s'identifier ouvertement. Il est essentiel que le journaliste engagé comme lobbyiste sauvegarde sa réputation et son honneur afin de faire montre de probité, sinon d'une certaine logique dans l'exercice de son engagement envers un groupe ou un autre. Cette pratique est quasiment impossible en Haïti quand le pouvoir représenté a si peu d´indicateurs solvables, et des positions difficilement défendables. Car, il faut bien le noter: le sens de la responsabilité citoyenne, la bonne renommée, le sens de l'éthique et du fair-play sont les caractéristiques d´un lobbyiste talentueux et efficace. En Haïti il est regrettable que des arguments de conseillers au gouvernement ne vont pas toujours dans le sens de la logique ni du respect de la population.
La démocratisation de l´information
Les média sociaux, Facebook Whatsapp, Twitter et Youtube, Snapchat et les autres sont devenus la source principale d'informations ponctuelles aujourd'hui davantage que la télévision, ou la presse traditionnelle parlée et écrite. Et ils sont également des émetteurs de données. Ces canaux de distribution mentionnés assurent la multiplication de la propagande, de faits, d'idées, d'opinions de manière exponentielle. Les applications et le wifi accélèrent le processus de livraison de l'information en un click sur l'écran de l'appareil mobil, du portable ou tous autres émetteurs, qu'ils soient des appareils en ligne ou des médias traditionnels. Les algorithmes permettant de cibler une majorité d'une population par rapport aux goûts et attitudes communes et similaires, qui s´atomisent et se renforcent à la fois. La réception d'un public émerveillé par l´usage de ces outils font l'immense succès des GAFA. Un public fasciné, qui reçoit/ émet dans des opinions de manière extrêmement accommodante…Pas étonnant qu'il soit addict à l'utilisation du numérique, sans même qu´il s'en rendre compte.
Quelques spécificités: On ne doit jamais sous-estimer l'interaction de la démocratie et des médias. Car il faut bien comprendre « La démocratisation et les médias dans la création et de la distribution de l’information ».
Le numérique ouvre l'accès aux territoires: Et quelle facilité pour l'individu des territoires les plus reculés au monde, -en province, en Haiti par exemple-, d'avoir accès aux émetteurs mondiaux d´information òu qu´ils soient localisés. Eux jouissent également de cette immense capacité de diffuser ou de se faire entendre.
Il ne faut pas, non plus, minimiser le pouvoir de « l’anonymat dans cette fabrication et diffusion de l’information. Des adversaires de toute origines et spécificités en arrivent à se camoufler sous des pseudonymes et groupes bidons. Des puissances étrangères, telle que la Russie, achetant des espaces publicitaires à fb, en vue d'orienter l'opinion, à l'occasion des élections américaines en sont un exemple flagrant ».
L'enfer du dénigrement et de la propagande dans les médias haïtiens
Le journaliste, sait-il qu'il doit jouer le rôle d'un héros et non pas d'un bandit, car sa responsabilité est grande dans l'évolution des mentalités citoyennes par rapport à de son activité de contre-pouvoir démocratique.... Il demeure entendu que les journalistes à succès professant sur les radio et journaux et relayés par Youtube se réclament être des citoyens engagés pour la patrie commune et ambitieux dans le bon sens du terme. Ils sont en mal de reconnaissance nationale ou internationale, mais aussi de succès économique: des droits tout à fait légitimes et louables. Ils sont nombreux et talentueux, nos journalistes en Haïti qui sont à la recherche de moyens correctes.
Nonobstant, il arrive que certains membres de la presse, non moins qualifiés et non moins talentueux, s'ingénient à diffuser sur le net des arguments tordus ou faux faisant œuvre de harcèlement contre certains, secteurs ou institutions du pays, pour des raisons à decouvrir ou dans le cadre d´un activisme oppositionnel. Bien entendu, trop souvent, il arrive aux moins expérimentés de céder à la facilité.
La majorité des professionnels des médias en Haïti se montre fort courageuse, ne craignant pas de s´attirer les foudres des puissants. S´ils sont avides de reconnaissance de leur auditoire etc, ceci ne peut qu'être à leur crédit. Leur dynamisme au quotidien est remarquable et mérite appreciation.
Indiscutablement, les médias locaux sont confrontés à une dure concurrence pour trouver de la publicité ou acquérir du sponsorship. Il serait souhaitable qu'ils entreprennent des étude du marché par rapport aux dossiers traités pour travailler en toute transparence. Par ailleurs, Une meilleures préparation en amont de leurs émissions leur permettrait sans doute de gagner en public et en popularité donc en sponsorship. Mais ceci, ils le savent déjà! Les limites du marché publicitaire sont un barrage à surmonter, un problème pour les médias locaux.
Nous nous réjouissant que dix de nos journalistes de la radio et audio-visuel soient élus les plus valables et populaires de l'année 1917, citons: Liliane Pierre-Paul, Jean Monard Métellus, Gary Pierre Paul Charles, Roberson Alphonse, Luco Desir, Wendel Théodore, Guerrier Henry, Michel Joseph, Denel Sainton. (Source la Gazette Haïti). Il serait bon d'ajouter ici un influenceur des médias, un nom, celui de Patrick Moussignac, patron de presse haïtien, et PDG de Radio Télévision Caraibes. Son action participative est notoire sur la scène politico médiatique en Haïti et même dans la diaspora. C´est que cette personnalité recueille a tout bout de champs les félicitations de ses confrères des plus jeunes aux plus expérimentés, se montrant un pôle de réunification du métier à lui tout seul
Les victimes des réseaux sociaux via «fake news »
Comment décrire les victimes de « fake news » en Haïti ? D'une manière générale, plus on est connu ou reconnu dans la sphère publique, plus le détracteur en tirera un certain avantage au détriment de sa victime. Le personnage public ou la célébrité sont dans la visée de la presse. Ils sont la cible préférentielle d'une campagne de désinformation qui peut empirer en dénigrement. Le commun des mortels l´est moins souvent, sauf par ses adversaires personnels jaloux ou vindicatifs (femmes jalouses ou revanchardes, par exemple).
Il arrive que des groupes de jeunes se décident de se lancer à l'attaque d'un individu qu'ils prennent pour cible. Quand un personnage public est désigné comme bouc- émissaire dans un pays ou les médias sont libres et se projettent en avant dans un mode d'auto-complaisance, d´investigation zéro, de narcissisme, de morbidité ou de chantage: la méchanceté à l'ère du numérique fait chou et rave. Une telle pratique rendue facile par le truchement des réseaux sociaux augure la propagation du mal, l'agression, le haine des uns par les autres.
En même temps, dans un pays au double versant culturel matriarcale et machiste où l'on vénère la mère et n'apprécie pas à leur justes valeurs les femmes aimées, épouses ou maîtresses, le système « fake news » atteint le comportement religieux. L´image de la bigoterie et de la tartufferie sert de compensation à toute mauvaise action commise. L'ambiguïté va bon train.
La chronique d'une mort annoncée en « fake news »
Combien de fois avons nous entendu annoncer la maladie ou la mort de certains personnages ou personnalités bien connues et importantes en Haïti pour apprendre après coup qu'il n'en était rien. Actuellement, en politique au pays, cette pratique récente consiste à annoncer la nouvelle d'une grave maladie concernant un adversaire ou même sa mort. c´est une façon de détruire par anticipation l´avenir de l´autre, de le tuer virtuellement. Quand on veut nuire à la carrière d´autrui, on dit qu'il est malade. Cela sous-entend son incapacité d'exercer sa profession ou de s'adonner à ses activités. On l'interne virtuellement à l'hôpital, spécifiant chambre et médecin en charge ou en assurant éventuellement que la personnes est déjà passé à l´autre monde. En voilà une façon surprenante de se propulser carrément dans le domaine du fake news et de faire surgir tout un agrégat de suppositions macabres à l´annonce publiée.
Et puis il y a le carnaval de la moquerie revancharde à travers des chansons carnavalesques de bas- niveau, scatologiques et foisonnant de bêtisiers sexuels et sociopolitiques. Il y a notamment le harcèlement médiatique agressant certains journalistes connus qui se déroule bien honteusement depuis trop longtemps.
Les faits objectifs existent, mais l'interprétation des données s'appelle analyse et non fiction. Or, il y a également le dicton qui prévaut « À chacun sa vérité ». L'être humain a la faculté de transformer le subjectif, comme par enchantement, en expression d´une contre-vérité, un mensonge forgé à partir d' aprioris, ou encore pour accomplir un agenda caché. C´est à cause de ce côté humain qu'il faut éviter à ne pas confondre l'interprétation subjective et vérités objectives.
Comment donc faire dans la la vérité, selon qu'on soit président élu démocratiquement, un journaliste de scoop ou de carrière, ou encore un simple citoyen, un jeune universitaire et un jeune paysan dont l'approche à la compréhension ou à l'assimilation des événements pourrait varier ? Force est de constater en tout cas, qu'il faut s'en tenir à « la vérification des faits » ou à l´établissement de la matérialisation des événements. Tout homme est libre de se faire une opinion et d'exprimer son opinion, néanmoins il est impérieux de s'assurer que le clivage critique entre les individus et les groupes d'individus ne sert pas de mobiles à détruire ou à tuer, car c'est bien de cela qu'il s´agit.
Il nous faut évoquer ici la délation négociée de certaines personnes qui veulent se faire passer pour des lanceurs d'alertes héroïques. Alors, il est impérieux de questionner : ont-elles des preuves tangibles des faits qu'elles avancent ? Dans ce même ordre d'idées on se doit de douter de l'exactitude des informations fournies aux journalistes par des gens se faisant passer pour des lanceurs d'alerte. Disent-elles toujours la vérité ? Et Si elles seraient des déviants, qui révéleraient un scandale moyen pour mieux en dissimuler un autre encore plus grand ? De tels individus pourraient tout aussi bien être mobilisés afin de créer par leur révélation la pagaille, provoquer l'instabilité. Somme toute, voilà où nous conduit l'étude d'un espace corrompu : à la méfiance, à la défiance.
En Haïti il y a parfois solidarité entre lanceurs d'alerte et les personne évoluant à l'intérieur du système de pouvoir. Dans ce cas des représentations graphiques, des photos, des documents disparaissent de l'obscurité des dossiers des pouvoirs en place. Une preuve probante que des citoyens à l'intérieur du système et au sein de l'administration publique se rebelle, s'engageant à faire la lumière en toute solidarité avec le contre pouvoir. On retrouve nombre de documents sur whatsapp qui révèlent des tractations obscures, des magouilles sous-jacentes et surtout une volonté arbitraire de domination et un désir de continuité électorale d´un régime sombrant dans les dérives. Nombreux sont-ils dans le système qui prennent le risque de dévoiler au public ce que les autorités auraient voulu occulter. Ces lanceurs d'alerte, sont de simples citoyens courageux et solidaires. Ils prennent des risques à révéler des secrets d´intérêt publique, des accords signés avec des organismes internationaux engageant le pays etc.. A bien penser: Les contrats et documents engageant la nation ne devraient-t-ils pas être du domaine public? Il y a carence légale d'accès à l'information; à l'accès à l'information de haut niveau et aux conséquences nationaux comme, par exemple, les contenus de projets de lois en préparation, les contrats de fourniture en énergie pour ne citer que ceux-la. le site Tout-Haiti et Edens Desbas qui réclament l'accès à la libre l'information pour Haïti se mettent en avant.
Des conflits et polémiques aux effets exponentiels
La polémique c´est le conflit entre deux versions. Celles-ci s'auto-alimentent et s'engagent dans une boucle de violence accrue, un cercle vicieux. Répondre aux injures ou aux dénigrements, à la désinformation c'est bien souvent comme donner des coups d'épée dans l'eau. D'autres mesures seraient nécessaires. Quand le rationnel est mort et qu´il ne reste plus que l'émotion médiatique propageant une certaine fiction présentée comme vérité, la situation dégénère pour le pire. À noter que certains hommes de presse sont prêts à tout pour faire le scoop ou le buzz. Ils se lancent en même temps en concurrence sauvage contre leurs collègues, s'appliquant à entretenir une certaine polémique inventée pour l'occasion. Pour conclure, disons que la polémique est nocive à long terme à l'intérêt public et ne dessert que quelques secteurs.
Le préjudice irréparable des « fake News »
La désinformation et la propagande d’aujourd’hui diffèrent de ce qu’elles étaient dans le passé. Elles sont autrement plus violentes ou plus pernicieuses dans l'écosystème post-vérité que nous vivons. Et le dénigrement est néfaste puisque jamais il ne rétablit tout à fait la bonne renommée offensée. Pire que tout autre outrage, c'est un viol. Une femme violée ne redevient pas vierge quels que soient les excuses ou le dédommagement reçus a posteriori. Il en est de même pour le dénigrement.
Les sondages sont-ils fiables ?
Attention aux sondages où se retrouvent ces même déviations entre vérité et fiction ou les interprétations des chiffres et des études sont présentées comme vérité. D´ailleurs, il arrive que les firmes de sondages choisissent pour des raison propres de mentir aussi bien que n'importe qui. EIles font dire aux chiffre ce qu´elles veulent, dit-on, couramment.
La loi sur la diffamation et sur l´audiovisuel? En Haïti, l'élaboration de la loi sur la diffamation avec emphase sur l´audiovisuelle nous interpelle. Ceux qui la promeuvent la font passer pour un élément libérateur des préjudices de la désinformation ou « fake news ». Le débat est ouvert en ce sens en France, au Etats-Unis. et pourquoi pas en Haïti?
La notion de la recherche de la vérité est un attribut des journalistes. Les mesures de dissuasion et la condamnation pénale contre toute dérogation à la loi pourrait éventuellement corriger la situation et apporter un changement de comportement.
Une loi sur la diffamation existe déjà en Haïti, mais date de quelques années. On avait prétendu que son but était de faire taire les opposants aux régimes totalitaires.
Les scénarios peuvent être multiples et variés. Deux exemples : certains journalistes sont victimes de la vindicte présidentielle; d'autres personnes sont l'objet du harcèlement systématique de certains journalistes à la solde de groupes d'intérêt. Quelque soit la situation, justice doit être rendue. Il est souhaitable que la loi encadre l'expression de la vérité, qu´elle encourage la prise de responsabilité citoyenne quant au respect de la vie d'autrui dans la société haïtienne !
Récemment, un projet de loi contre la diffamation débattu et voté au Sénat n'a pas vu le jour. Il semble qu´il soit dans les tiroirs de la Chambre basse, peut-être jusqu'à sa résurgence prochaine. En tout état de cause, améliorer ce projet de loi sur la diffamation en y ajoutant un chapitre entier sur le secteur audiovisuel serait souhaitable... Tâche ardue quand il s'agit d'un défi à relever, puisqu'il faudra considérer à tout moment la liberté d´expression individuelle et celle de la presse comme essentielle au processus démocratique et n´en pas déroger. Autoriser la révision périodique des lois d'application sur le sujet pour s'en tenir à tout moment au plus près de la vérité dans l'intérêt du public réjouira les professionnels des médias eux-même. Leur leitmotive « pour la vérité…(et pour l´histoire) » n´indique-t-il pas que la vérité serait une pierre angulaire de leur édifice de communication ?
Michelle Mevs
29 janvier 2018