dimanche 2 juillet 2017

HEUREUX ANNIVERSAIRE JEAN CLAUDE.

Villa d'accueil,1984
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Une journée particulière: Trois Juillet.
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Le Shérif, les cowboys et les indiens.
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Dans nos appartements privés au Palais National, j'avais fais aménagé des grands dressings car la garde-robe de Jean Claude était aussi importante que la mienne. Il ne se gênait pas du tout pour empiéter sur mon espace et un jour en ouvrant mon tiroir de sous-vêtements, tel n'était ma surprise d'y trouver un pistolet 38 et une boîte de cartouches.

Jean Claude avait une belle collection d'armes qu'il chouchoutait, nettoyait et astiquait. Avec les voitures, c'était sa grande passion. Je me souviens que Nicolas, âgé à peine d'un an et demi, connaissait et identifiait toutes les armes répertoriées dans un magnifique livre illustré que JCD avait reçu en cadeau du Général Roger St Albin. Son père lui disait: "Kilou, montre moi la photo de l'Uzi." Et le petit, ne sachant pas encore bien parler, pointait de son petit doigt la photo de la mitraillette en question. "Et Le pistolet 38?". "Et Le 45?". "Et la petite mitraillette Tchèque?". Kilou trouvait toujours et ce jeu entre eux se répétait inlassablement chaque jour. Nicolas connaissait ce livre par coeur et n'a jamais raté "l'examen" avec son père. Il mimait aussi de sa petite voix le bruit des détonations soit des pistolets ou des mitraillettes.

J'étais agacée de voir mon fils indifférent aux albums de dessins animés et aux livres d'histoires pour enfants, et qui devenait de plus en plus un expert en armes. J'en fis part à Jean Claude mais mes récriminations tombaient dans l'oreille d'un sourd. J'avoue que j'étais un peu jalouse de leur complicité à ce "jeu", car Nicolas ne me montrait pas le même enthousiasme quand je lui lisais une histoire d'enfants avant de dormir. Comme c'était un petit garçon gentil, il se contentait de me dire: "Merci! Bonne nuit maman". Mais je réalisais qu'il n'avait pas cette étincelle dans les yeux et n'affichait pas ce grand sourire complice comme avec son papa après leurs jeux. Cet album de photos d'armes était devenu le livre de chevet de mon fils à mon grand désespoir. Comme son père, Il collectionnait les voitures, mais en miniatures, et les armes...mais en jouets.


Un soir, vêtu de son pyjama, avec à la taille toujours sa petite ceinture ou pendait son pistolet de jeu de cowboy, Nicolas fit irruption dans notre chambre et me dit d'un air tres sérieux: "Haut les mains maman!". Sur le coup, j'ai pensé qu'il avait trouvé le 38 dans mon tiroir de sous-vêtements et je me suis mise à trembler tout en obéissant à "ses ordres". Je levai les mains au-dessus de ma tête et jetai un coup d'œil rapide et inquiet à Jean Claude qui terminait un entretien téléphonique avec l'un de ses Ministres et lui dit d'une voix basse avec les dents serrées: "JC, tu peux ordonner à ton petit soldat de fils de bien vouloir baisser son arme?". Mon mari s'est rendu compte de ma frayeur et avec sa voix lente et nasillarde, il dit à Nicolas: "Repos soldat!". Le petit rengaina son arme et salua militairement son père en claquant ses petits talons et sauta dans ses bras. Ouf! Je baissai les bras et après avoir mis au lit mon petit cow-boy de fils, j'ai eu une bonne dispute avec JC qui me promit ce jour là de débarrasser mes tiroirs de toutes ses armes et de les mettre sous clé hors de portée des enfants. Et naturellement, le récit de cet incident fit le tour de la famille et JC s'est rendu compte que je pouvais naturellement me tromper car les jouets avaient l'air plus vrai que nature.

Je me souviens de la matinée du 3 Juillet 1984, jour d'anniversaire de Jean Claude, j'étais en plein préparatifs de sa soirée d'anniversaire qui devait se tenir à la Villa d'Accueil, quand il décida de s'accorder une bonne heure avant le déjeuner, à jouer aux cow-boys et aux indiens avec son fils. Il appela en renfort mes frères Ti Nes, Rudy et Ronald. Ce jour là, Il voulait absolument faire plaisir à Nicolas qui le suivait comme son ombre. C'était sa façon à lui qui était fils unique avec trois sœurs, de rattraper cette enfance solitaire au Palais National et aussi de créer des liens tres forts avec son fils.
Qu'à cela ne tienne! C'était son anniversaire. Son jour! Le jour le plus important de sa vie!! Jean Claude attendait cette date toute l'année et comme j'avais une bonne équipe qui me secondait pour la réception, je decalai mon rendez-vous à la Villa d'Accueil pour lui faire plaisir.

Nicolas et ses frères aînés, Alix et Sacha, leurs cousins, Derrick, Christopher, Misha, Christian et Stanislas, étaient déguisés en cowboy ou indien et nos appartements devenaient un champ de bataille du Far West, ce qui réjouissait mon Shérif de mari et mes frères. Moi j'étais la gentille squaw qui avait la tâche de surveiller et de limiter les dégâts. Je courais partout avec notre dernière née, Anya dans les bras, une petite couronne de plumes sur sa tête. Elle ne comprenait pas trop ce qui se passait, mais avait de grands fous rires quand elle entendait tirer les pétards. Les garçons jouaient à cache-cache et JC et mes frères devaient trouver leurs cachettes. C'était pire que dans une garderie avec des gamins courant partout. Heureusement que nos appartements étaient climatisés et bien insonorisés, sinon cela deviendrait insupportable pour la mère de JC qui vivait à l'étage au dessus. Après une bonne heure à me prendre des fléchettes à ventouse, je sonnai la cloche pour marquer l'arrêt des combats. Et tout ce beau monde passait à table pour déjeuner après avoir reçu les félicitations du Shérif Jean Claude, satisfait des performances des cowboys et des indiens.

Une journée parfaite.

Heureux Anniversaire Monsieur le Président.

Bonne fête Tonton.

Bonne fête Papa.

Michele Bennett Duvalier
Paris, France
Le 3 Juillet 2017

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