Arret̂é à Miami, Ricardo Martinelli attend son extradition |
Arrêté à Miami, un ex-président du
Panama attend son extradition
Déclenchée il y a à peine trois
ans, à Brasilia, la capitale du
Brésil, la lutte contre la corruption gagne d’autres pays de l’hémisphère. Dans le cadre de cette
levée de boucliers contre un
fléau, qui est devenu la norme
administrative en Haïti, les autorités judiciaires du Panama ont
décidé de suivre les brisées de
leurs homologues brésiliens. Suite à une requête d’extradition
émise à l’encontre d’un ex-président panaméen, ce dernier a été
mis aux arrêts, lundi soir, non
loin de sa résidence sise à Coral
Gables, dans la région sud de
Miami.
En effet, Ricardo Martinelli, 65 ans, ex-président du Panama, est arrêté à la métropole floridienne, soupçonné dans son
pays d’espionnage à l’encontre
de ses opposants politiques et de
fraude. Il est comparu mardi devant un juge fédéral après son
arrestation la veille, aux environs
de 6 h 30 p.m. Il risque d’être
extradé à Panama City en vertu
d’une requête formulée auprès
des États-Unis par la justice de
son pays. M. Martinelli a dirigé son pays entre 2009 et 2014. Il
réside dans le sud de Miami
(sud-est des États-Unis) depuis janvier 2015, a précisé le
quotidien Miami Herald citant
une source policière. L’arrestation de Richardo Martinelli
précède de quelques jours la
visite officielle, prévue le 19
juin, aux États-Unis, de Juan
Carlos Varela, actuel président
panaméen. Il sera reçu par son
homologue américain, Donald
Trump.
Notice rouge émise à
l’encontre de
Martinelli par
l’Interpol
Les démarches entamées par
le Panama en vue d’obtenir
l’extradition de l’ancien chef
de l’État panaméen remontent
déjà à plus de deux ans. Le
Panama a demandé aux États-Unis d’effectuer l’extradition
de Richardo Martinelli, tandis
que Interpol a émis, en mai, une « notice rouge» à son
encontre.
L’ex président Martinelli
est recherché suite à son accusation par la Cour suprême du
Panama d’avoir mis sous table
d’écoute environ 150 opposants. Selon des sources crédibles, depuis la fin de son
mandat, en 2014, Ricardo
Martinelli fait l’objet au total
d’une dizaine de plaintes portées contre lui pour sa gestion
passée. Elles portent, notamment, sur la surfacturation présumée d‘un contrat public de USD 45 millions $ d’achat de
denrées déshydratées destinées aux écoles, en sus des
soupçons de fraude et d’évasion fiscale.
Suite à cette première audience, par devant le juge
Edwin Torres, Martinelli a été maintenu en détention en attendant une autre séance prévue pour le 20 juin, au cours
de laquelle sera déterminée
son éligibilité à libération sous
caution.
Parmi les personnes qui
ont été victimes d’enregistrement illégal de leur conversations téléphoniques figurent
des opposants politiques, des
journalistes, des syndicalistes, des juges de la Cour suprême, ainsi que sa propre maîtresse, tel que explicité dans l’acte
d’accusation des autorités judiciaires américaines.
On laisse croire, de surcroît, que ce système d’espionnage d’État était financé à
hauteur de USD 13,4
millions $ détournés des
programmes sociaux et dont
l’acquisition des équipements
a été faite auprès d’un fournisseur israélien.
Il est rapporté qu’en octobre 2015, le Panama avait formellement inculpé Ricardo
Martinelli et in mandat d’arrêt
international avait été immédiatement émis contre lui.
Demande de caution
pour Martinelli
Au tribunal, l’avocat de M. Martinelli, Marcos Himenez, a déclaré que l’action contre son client est lancée à l’instigation de l’actuel président du
Panama, Juan Carlos Varela, attirant l’attention sur le moment choisi pour effectuer
l’arrestation de l’ex-président
survenu après que ce dernier
eut déclaré son intention de se porter candidat aux prochaines
élections présidentielles de
son pays.
Jimenez a formulé une
demande de mise en liberté
sur parole de son client qu’il
dit pourrait être assigné à résidence surveillée, en attendant
une décision finale relative à
son extradition par un tribunal
fédéral. Marcos Jimenez a
évoqué le cas de Andrés Felipe Arias Leiva, un ex-ministre de l’Agriculture de Colombie
qui vit actuellement à Weston, Floride. Il a indiqué que M. Arias Leiva a été libéré sous
une caution d’un million de
dollars, l’année dernière, tandis que le processus d’extradition suit son cours.
Michel Martelly reco̧it Ricardo Martinelli au Palais national, à Port-au-Prince. |
Jimenez a encore déclaré
au juge : « La détention est
manifestement inappropriée ». Ricardo Martinelly n’était pas
dans sa meilleure tenue vestimentaire, lors de son apparition au tribunal. Il s’est présenté devant le juge en uniforme
de prison en khaki, les poignets et les chevilles attachés
et ne s’était pas rasé.
Le magistrat juge Edwin
Torres a fixé au 20 juin la date
à laquelle doit se dérouler l’audition en vue de déterminer la
possibilité ou non d’accorder caution au prévenu. Mais le
magistrat a averti en disant
que dans toute procédure d’extradition « la libération sous
caution ne s’obtient pas facilement ».
Au Panama, Richardo
Martinelli est accusé de détournement de fonds, d’interception de communications, surveillance et persécution, sans autorisation judiciaire.
Un ami de
Michel Martelly
Richardo Martinelli passe
pour un ami de l’ex-président
haïtien Michel Martelly. Il a
effectué une visite à Port-au-Prince, le 19 février 2014 au
cours de laquelle il avait promis d’augmenter le nombre de
vols de la Copa, ligne aérienne officielle du Panama, la
Copa, entre Panama City et
Port-au-Prince, la capitale haïtienne.
À la lumière des événements qui se déroulent dans
l’hémisphère occidental autour de la corruption, blanchiment d’argent et autres activités illicites, il y a lieu de croire
que l’évolution dans la pratique politique finira par atteindre Haïti. Cela pourrait
arriver plustôt qu’on le pense.
H.O.
H.O.
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