jeudi 16 juin 2016

Qui tombera demain ?

« Qui tombera demain ? » à temps normal, est une interrogation qui devrait donner le froid dans le dos. Elle devrait interpeler la conscience citoyenne de tous ceux dont la logique est encore en activité. Car, Chaque jour un nouveau nom s’ajoute à la liste des victimes de l’insécurité grandissante dans le pays. A aucun moment de notre histoire de peuple, ceux qui sèment le deuil au sein de nos familles haïtiennes n’ont connu de répit. Aux yeux de tous, ils descendent avec complaisance et lâcheté nos sœurs et frères. Ils les liquident comme si le fait de vivre dans un pays comme Haïti ne suffit pas comme punition. Tout se passe en ayant l’impression que toutes les forces vives de la nation sont complètement anesthésiées. Aujourd’hui nous sommes tous face au risque d’être victime suivi du phénomène de l’enquête se poursuit. L’impunité qui est selon notre compréhension l’une des formes les plus accomplies de l’injustice devient une règle exempte d’exception. Nous devenons une société où la valeur de la vie se mesure tout simplement à la volonté de celui qui croit détenir la violence. Combien de fois, nous avons déjà entendu dans des manifestations : justice et réparation ? Combien d’encres qui sont déjà coulés pour révolter contre cette situation intolérable ? Chaque haïtien qui tombe est une victime de trop, à la une ou non dans les journaux. En Haïti, il faut absolument tout pour construire une vie, mais rien pour la détruire. Le professeur Anil Louis Juste, après tous ces efforts en tant qu’intellectuel aussi bien qu’en tant que militant, a connu la mort au plein jour par des inconnus. Parfois, il suffit une motocyclette et une arme pour détruire les fruits de l’Effort de toute une vie. En listant les noms de ceux qui sont déjà tombés sous les bals des inconnus, nous refusons de regarder l’avenir avec des yeux rassurants. « Qui tombera demain ? » s’avère de jour en jour un questionnement dont la réponse est perdue dans l’incertitude de notre avenir. Tout au moins, nous sommes convaincus que celui qui descendra la prochaine victime ne tiendra pas compte de son teint clair, sinon notre grand acteur et publiciste François Latour ne serait pas mort. Il n’aura pas non plus le temps de prendre en considération sa brillante carrière intellectuelle, Jacques Stephen Alexis devrait avoir une seconde vie pour nous aider à mieux comprendre cet état de fait. Il ne manifestera aucun respect pour sa foi religieuse, nous nous souvenons d’ailleurs de toutes les larmes qui ont été versées aux funérailles du fameux pasteur Jean Moles Lonvinsky Berthomieux. Enfin de compte, que vous soyez empereur comme Jean Jacques Dessalines, riche comme Antoine Izméry, influent comme Léopold Dominique, intellectuel comme Jacques ROCHE, dynamique comme Guiteau Toussaint ou anonyme comme un simple CITOYEN , vous êtes très loin d’être à l’abri de ce fléau qui consume chaque cellule du tissu de notre société. Personne n’est épargné pour son mutisme voire pour son indifférence. Il n’existe qu’un seul critère pour être parmi ceux qui sont à la file indienne au couloir de la mort : « être en Haïti ».

Ceux qui tombaient hier comme Massillon Coicou aussi bien que ceux qui tombent aujourd’hui comme Stephane Bruno ne peuvent en aucune manière ceux qui tomberont demain. Intelligent que vous soyez, nous vous invitons à deviner la réponse à notre question de départ : « Qui tombera demain ? »

Roosevelt DUCTAN Av.
Maitre en Population et Développement
Gouvernance des Politiques Publiques/
50937712374/ductan2007@yahoo.fr

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