Haiti se noie doucement mais sûrement

Michèle Bennett Duvalier

MES POINTS SUR LES I DE MICHELE BENNETT DUVALIER
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Haiti se noie doucement mais sûrement
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La nature reprends ses droits.
---------------------------------------------"Nos problèmes ont été créés par l'homme et nous pouvons donc les résoudre. Nos possibilités ne connaissent pas de limites. Aucun problème humain ne va au delà de nos capacités". John F. Kennedy
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Depuis 2 jours, défilent en boucle sur les réseaux sociaux, des photos, des vidéos de l'aéroport Toussaint Louverture et de certains quartiers inondés de Port-au-Prince, route de l'aéroport, Tabarre, Pèlerin et PetionVille. Ces photos et vidéos montrent toutes les saletés et les crasses charriées dans l'eau boueuse venant des hauteurs de la capitale. Le bilan provisoire est désastreux: près de 3000 familles sinistrées et 3500 maisons inondées pour le seul Département de l'Ouest. Un mort et 4 blessés à Cité Soleil et des rivières en crue.

La nature reprends ses droits. Nul besoin à ce stade de s'en prendre aux uns ou aux autres. Nul besoin de rendre responsable tel ou tel Gouvernement, mais plutôt se demander comment on peut faire pour pallier à ces catastrophes naturelles qui s'abattent sur notre pays depuis quelques années et de plus en plus souvent.

Que l'on soit riche ou pauvre, que l'on ait une grande villa où une cahute, nous sommes tous concernés. Il s'agit de notre pays. Il s'agit de Haiti. Il faut que notre pays redevienne la Perle des Antilles, Le pays où Il faisait si bon d'y vivre. Et pour cela il faut une conscience collective.

La population était de 6 Millions en 1986 dont près de 600.000 à Port-au-Prince. En 2017, soit 31 ans après, la population est passée à près de 11 Millions dont près de 4 Millions dans la zone métropolitaine.

Les bidonvilles ont poussé comme des champignons depuis ces 30 dernières années. Une urbanisation sauvage tolérée par les différents Gouvernements sans plan d'urbanisation. Des petites villes sont construites dans les passages des rivières, des ravines, à flanc des mornes et montagnes. Les détritus y sont même jetés dans ces ravines et rivières et sont charriés vers la capitale lors d'importantes inondations. Le déboisement intensif de nos forêts a réduit la couverture forestière à seulement 2%.

Nul ne peut rester insensible à ces images terribles de nos compatriotes pataugeant dans des eaux infectes, causant souvent des épidémies. J'ai pleuré en regardant cette jeune femme qui tentait de traverser une rue de la capitale, l'eau lui arrivait presqu'à la taille. Des images dégradantes qui sont une atteinte à la dignité de tout être humain. Le peuple haïtien déjà en grande souffrance mérite mieux.

Nous n'arrêtons pas de compter les morts et de constater des dégâts considérables après chaque averse, provoquant souvent de grandes inondations. La dégradation incessante et inquiétante de notre environnement devrait nous interpeller.

Loin d'être une spécialiste de l'environnement, je suggère que le Ministère de l'Education pourrait inclure dans le programme scolaire des classes de primaire et du secondaire, un cours d'une heure par semaine sur la protection de l'environnement et le Ministère des Affaires Sociales, pourrait instituer des cours du soir pour les adultes, surtout ceux issus des campagnes et qui ont migré dans la capitale. Ces derniers avaient l'habitude de traiter les déchets dans leurs jardins ou leurs champs en les brûlant, mais arrivés dans la capitale, ils les jettent dans les caniveaux ou dans les rues. Le 1er Mai pourrait redevenir comme dans les années 60-80, le jour où chaque citoyen et les écoliers plantent un arbre. Il faut inclure la jeunesse dans une campagne de reboisement que Le Ministère de l'Environnement pourrait prendre l'initiative de faire 3 fois par an. Beaucoup de nos jeunes sortis de l'université sont sans emploi et viennent grossir le rang des chômeurs. Le secteur privé pourrait penser à faire des usines de recyclages de certaines matières, comme bouteilles en verre, plastique, etc.

Apprenons des erreurs du passé et ressaisissons nous. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Avec l'aide des maires des villes et communes, les Ministères du Plan, de l'Urbanisation et de l'Intérieur devraient appliquer les lois déjà existantes, à savoir : le respect des zones protégées et non constructibles et interdire l'urbanisation sauvage. Les Casecs peuvent aussi être mis à contribution. Je me souviens des gardes-forestiers en charge de la surveillance de nos forêts dans les années 80.

La Caravane du Changement du Président Jovenel Moïse pourrait y ajouter le volet Environnement?

Également notre pays est devenu la République des ONG. Nombreuses sont les ONG partout sur le territoire et ce, sans autorisation de fonctionner. On devrait si possible leur demander de consacrer une partie de leur budget au reboisement du secteur où ils sont installés.

Notre Constitution nous accorde des droits mais nous avons aussi des devoirs envers notre pays dont l'environnement se dégrade à une vitesse inquiétante. On ne peut plus rester les bras croisés à regarder nos terres partir en boue vers la mer.

Nous devons commencer à faire le tri de nos déchets, et nous informer de l'endroit où le personnel de maison dispose de ces déchets s'ils ne sont pas ramassés par la commune. Une grande majorité de nos amis de la diaspora est très respectueuse des pays qui les accueillent, mais des qu'ils reviennent en visite à Haiti, ils reprennent les mêmes gestes et les mêmes mauvaises habitudes de tout jeter par terre, dans les rues, dans la mer.

Ce n'était que des petites idées de la citoyenne haïtienne que je suis. Résidant en France, je me sens très concernée par tout ce qui se passe dans mon pays et nous devons nous demander ce que nous voulons laisser à nos enfants.

"Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays". John F. Kennedy

Michèle Bennett Duvalier
Paris, France
Le 4 Mai 2017