samedi 27 mai 2017

Mes Souvenirs de la journée du Mardi 27 Mai 1980.


- Mariage Présidentiel (Première Partie)
- Récit de mes 24 heures précédant le mariage.
A Jean Claude.
---------------------------------------------

Ce jour là je me suis réveillée très tôt et je découvrais avec amusement que mes fils Alix 6 ans et Sacha 4 ans avaient squatté mon lit au cours de la nuit. J'ouvris les rideaux de ma chambre et à travers la baie vitrée qui donnait sur le balcon dominant la piscine, je regardais une dernière fois mon petit jardin où j'ai eu tellement de plaisir à planter des rosiers, des hibiscus, bougainvilliers et autres. Les orchidées accrochées au manguier étaient toutes en fleurs et je réalisai que c'était ma dernière journée dans cette maison sise à Pèlerin qui m'avait été offerte par mes parents et à laquelle j'étais très attachée. J'y vivais avec mes deux enfants. Joan, ma soeur, ma complice des bons et mauvais jours, avait emménagé chez nous 3 mois auparavant à son retour des USA ou elle avait fait ses études universitaires.

Il pleuvait des cordes et j'ai pensé à ce vieux dicton: "Mariage pluvieux, Mariage heureux." Les enfants chahutaient sur mon lit car pour eux c'était jour de fête. Ils étaient dispensé d'école car je voulais les avoir avec moi toute la journée jusqu'à mon départ de la maison. Mes parents habitaient à Morne Rigaud de l'autre côté de la colline, à vol d'oiseau de chez moi et ma mère Aurore avait prévu d'organiser une petite réception chez elle rien que pour les enfants et leurs nombreux cousins pour leur faire participer à la fête et regarder en même temps la retransmission en direct de la cérémonie du mariage sur la chaîne de la TNH (Télévision Nationale d'Haiti).  

     JCD et sa Mère Mme Simone O. Duvalier descendant le
grand escalier du Palais National pour se rendre à la Cathédrale
 La météo avait prévue une journée pluvieuse et je me faisais du souci car la réception devait se tenir au Ranch de Jean Claude à La Croix-des-Bouquets. Mes futures belles-sœurs, Marie Denise et Simone, en charge de l'organisation du mariage, avaient prévu des tentes dans les jardins du Ranch. Alors, pluie ou pas, les trois mille invités seraient à l'abri.

La veille, avec Jean Claude et ses sœurs, on a visité la Cathédrale de Port-au-Prince ou s'activaient le décorateur, les fleuristes et les membres du Protocole en charge de recevoir et d'asseoir les nombreux invités dont le Clergé, le Corps diplomatique, les dignitaires étrangers, les membres du Gouvernement, les différents Corps Constitués de l'Etat, les amis et les membres de nos deux familles. Tout se déroulait normalement et j'ai pris mon temps pour admirer le merveilleux travail des fleuristes.

  Arrivée à la Cathédrale de Port-au-Prince au bras
du parrain de noces, l'Ambassadeur Edner Brutus
27 Mai 1980
Un abri en forme de tente a été installé sur le parvis de la Cathédrale. Un long tapis rouge partait du parvis jusqu'à l'autel. Des grands bouquets d'orchidées, de fleurs blanches et de feuillages, ornés de noeuds décorent les extrémités des bancs auxquels plusieurs centaines de fauteuils ont été rajoutées pour asseoir les nombreux invités attendus. Les bords d'allée décorés de pieds en fer et de bouquets de fleurs, toutes les colonnes de la Cathédrale étaient également décorées de fleurs ainsi que l'autel. L'éclairage de la Cathédrale avait été entièrement refaite pour l'occasion pour le grand bonheur de mon cousin, l'Archevêque François Wolf Ligonde qui devait officier la cérémonie entouré des autres Évêques de l'Eglise Catholique.

Jean Claude était très soucieux des moindres détails. Rien ne lui échappait. Il s'est inquiété auprès du Chef du Protocole, l'Ambassadeur Fritz Massillon, qui nous avait préparé un plan du sitting des invités à la cérémonie religieuse, des places qu'occuperaient certaines personnalités politiques étrangères et haïtiennes. Histoire de ne pas heurter les sensibilités. Il fallait que cela soit parfait et le pauvre Massillon ne savait plus où donner de la tête, tiraillé entre Jean Claude d'un côté et ses sœurs de l'autre. De mon côté, j'intervenais très peu car je n'étais pas encore bien imbue de tout ce qui attrait au Protocole mais surtout je voulais vivre mes dernières heures de future mariée sereinement sans les prises de tête avec le Protocole qui était très strict et bien rodé. Il me faut préciser que Marie-Denise et Simone avaient fait un boulot extraordinaire dans l'organisation et la décoration de la Cathédrale. J'étais ravie de la décoration florale qui était parfaite à mes yeux.

Mes parents, Aurore et Ernest Bennett
Cathédrale de Port-au-Prince
27 Mai 1980
Après les petits problèmes de Protocole vite résolus, Jean Claude passa un long moment avec le Directeur et les techniciens de la TNH sur les réglages de lumière et pour être sûr que la retransmission en direct se ferait sans incidents. Il y tenait beaucoup car il désirait que la population participe à la cérémonie et aux festivités du mariage. JCD avait fait installé des télévisions sur toutes les places publiques de la Capitale, de Petion-Ville et des grandes villes de province. Des fêtes étaient organisées dans tous les quartiers populaires de la Capitale. De Cité Simone en passant par le Bel-Air, de Carrefour au Stade Sylvio Cator. Les Maires des villes de province étaient en charge des festivités pour leurs communes respectives.

Après avoir passé deux bonnes heures à la Cathédrale, on se rendit au Ranch pour dîner et voir les derniers préparatifs. Des dizaines de tentes toutes décorées de fleurs blanches étaient installées dans les vastes jardins du Ranch. De jolies nappes blanches posées sur les tables décorées de beaux bouquets de fleurs blanches et de candélabres en argent. Les services de table, les couverts et les serviettes portaient nos initiales MBD & JCD. Délicate attention de mes belles-sœurs qui ont pensé à tout dans les moindres détails. La table principale qui était immense et décorée d'une magnifique nappe blanche brodée de fils argent, devait uniquement accueillir nos deux familles, le parrain de noces, l'Ambassadeur Edner Brutus accompagné de son épouse et l'Archevêque Ligondé.

On se quitta tard dans la soirée. La journée avait été longue pour tous. Épuisée, je ne pensais qu'à dormir et comme toutes les futures mariées, je commençais à stresser en pensant au jour J. J'en fis part à Jean Claude quand il appela pour me souhaiter une bonne nuit. J'avais besoin d'être rassurée et Il a su trouver les mots pour me conforter.

Monseigneur Wolf Ligondé, Archevêque
de Port-au-Prince Cathedrale de Port-au-Prince
27 Mai 1980
A 14 h un Officier du Palais National se présenta à la maison et demanda à me voir personnellement, porteur d'un message du Président. Quelle ne fut ma surprise de recevoir un paquet enrubanné d'une grande maison de joaillerie française. De retour dans ma chambre ou je me maquillais, j'ouvris la petit écrin pour découvrir une magnifique paire de boutons d'oreilles en diamants. Jean Claude adorait me faire des surprises mais je ne m'y attendais vraiment pas à celle-là seulement à quelques heures de notre mariage. C'était le seul bijou que je portai ce jour là et l'alliance qu'il me passa au doigt plus tard à là Cathédrale.

Coiffée par un spécialiste de coiffures de mariage de la Maison Carita de Paris, cadeau offert par mes belles-sœurs, la coiffure en elle même était juste un chignon fait avec mes longs cheveux et une importante coiffe en forme de diadème faite entièrement de fleurs de muguets en soie préparée par la chapelière des ateliers de la maison Givenchy était posée autour du chignon.

Avec l'aide de Joan et d'une Première Main envoyée par le couturier Hubert de Givenchy, je me glissais ma robe en organza brodée de fleurs de muguets et descendis l'escalier vers le salon ou m'attendait mes parents, Chantal et son époux Samir Mourra, Ti Nes et sa femme Mary, Frantz et sa femme Geneviève, Rudy et sa femme Sabrina, et les deux célibataires de la famille, Joan et Ronald. Ils étaient tous tres beaux et élégants. Le Protocole avait bien précisé sur les cartons d'invitation: Smoking pour les hommes et robes longues pour les dames.

Je fis une séance de photos dans le salon avec les enfants et les membres de ma famille. Il était 16h30, la pluie s'était arrêté et Il faisait beau à nouveau.

Michèle Bennett Duvalier
Paris, France
Le 27 Mai 1980




Livret du Mariage
27 Mai 1980

Aucun commentaire:

Publier un commentaire