Par Claudy Briend Auguste
Partout, c’est la grogne, même dans les rangs de PHTK au faible pouvoir d’achat. Ironie du sort, alors que les autorités dominicaines s’apprêtaient, samedi, à calibrer les pompes à essence, pour rendre effectifs les nouveaux prix révisés à la baisse, dans le souci d‘assurer l’apaisement social de manière continue, de l’autre côté de la frontière, en Haïti, la caravane du changement, sans encore arriver à placer de l’argent dans les poches des citoyens, entame un changement majeur. Tous les prix des résidus de l’hydrocarbure sont révisés à la hausse, une décision aux conséquences incalculables qui vient rendre plus élevé le coût de la vie déjà fragile dans un pays où des millions de citoyens vivent en deçà du seuil de la pauvreté.
En effet, l’administration tèt
kalé bis, qui n’a fourni aucun
détail sur l’indisponibilité des
fonds pour financer des projets de
développement, continue de faire
preuve d’amateurisme flagrant
dans la gestion des affaires de l’État. La publication du communiqué conjoint des ministères des
Finances et du Commerce, tôt
dimanche matin dernier, sur
l’ajustement des prix du carburant, éclipsent l’installation ratée
de Fritz Jean à l’UCREF et au renvoi en douceur sur la touche de
Jeantel Joseph, lui et le président
Jovenel Moise, tous deux alliés de
Guy Philippe. Ce dernier, accusé
de blanchiment d’argent en provenance présumée du trafic de la
drogue, est en attente d’un verdict
du juge, en juillet prochain.
Le kérosène dont le consommateur haïtien en ville ou à la
campagne, a le plus grand besoin
pour l’éclairage, face à une compagnie électrique en agonie, a subi une augmentation de 25 gourdes, fixant le gallon à 173 gourdes, dépassant ainsi les 130 pesos que
vaut ce même gallon de l’autre
côté de la frontière. Avec cette
décision unilatérale d’ajuster à la
pompe le prix du gallon du
mazout, du kérosène et de la gazoline, sous prétexte qu’un accord
tacite a été trouvé avec les syndicats de transporteurs, non représentatifs des desiderata de la société, Jovenel Moïse cherche à asphyxier la classe moyenne au
détriment des familles de la bourgeoisie, qui sont les principaux investisseurs de sa campagne électorale, a révélé l’ancien sénateur
du Nord Moïse Jean-Charles. Celui-ci est, pour l‘instant, consi- déré comme le seul leader et ex-candidat à la présidence à placer
son mot dans le débat suscité par
cette grave crise économique latente que pourrait connaître bientôt le pays. Le carburant étant considéré comme un produit transversal, la hausse de son prix, dimanche matin, engendre inexorablement l’augmentation des prix de
tous les autres services que pourra
solliciter le citoyen. Quand on connaît l’état de fonctionnement de
l’économie de marché haïtien, les
marginalisés, les laissés-pour-compte sont à la merci des caprices des décideurs économiques de
ce pays.
Comme pour signifier que l’augmentation à la pompe du carburant serait percuté uniquement
sur les services du transport en
commun, Rudy Hériveaux, un
transfuge de Lavalas converti au
PHTK, du ministère des Affaires
sociales, est venu avec une liste de
nouveaux tarifs effectifs sur les
principaux circuits de transport de
la République. Pour le directeur
général de ce ministère, qui exigea
l’application immédiate des tarifs, il suffirait que les conducteurs des
différents circuits appliquent les
nouveaux prix, et, d’après lui, le
problème est résolu. La grogne
entre chauffeur et passagers, est
évitée, pense-t-il. Mais le pouvoir
d’achat d’une population déjà
agenouillée, qui végète dans la
misère, n’a pas été pris en compte
dans l’adoption de telle mesure. Contrairement à l`administration
Martelly-Paul et à celle de Privert-Jean-Charles, qui ont dû faire
marche arrière par rapport à leur
projet d`augmenter les prix des
produits pétroliers, les tenants du
pouvoir actuel se sont montrés
insensibles aux récriminations de
la population et aux pressions des
syndicats de transports arc-boutés
depuis une semaine à leurs positions. Le 20 août 2016, l’un des représentants les plus réputés de la
machine de la propagande du régime tèt kale, sur les réseaux sociaux et à l’extérieur du pays, avait
qualifié de « décision malhonnête
», la tentative de l’administration
Privert-Jean-Charles d’ajuster à la
hausse le prix de vente à la pompe
du gallon de carburant. Prenant la
défense du peuple, dont il prétendait parler en son nom, il agitait la
carte de la misère dans laquelle il
patauge au jour le jour. Aujourd’hui, ce même individu, par son
attitude abjecte, à l’instar de Lucien Jura, en déficit de crédibilité
depuis l’incident de l’Arcahaie
non élucidé, trouve normal la
hausse de 17 à 20 % du prix des
produits pétroliers.
« Il ne s’agit pas de subvention du carburant, mais d’un
manque à gagner pour les tèt kale
», probablement, seul l’avis d’un
économiste pourrait nous aider à
mieux comprendre cette partie de
la déclaration de l’ex-sénateur
Moïse Jean-Charles qui intervenait sur les ondes d’une station de
radiodiffusion de la capitale. L‘ex-sénateur, qui tentait d’expliquer «
la gourmandise du régime tèt kale
» avec tous ces décaissement de
millions, çà et là, et voulant à tout
prix rembourser les bienfaiteurs
de la campagne électorale de
Jovenel Moïse, a rappelé que l’administration Moïse-Lafontant vise
la destruction de la classe moyenne, déjà affaiblie, au détriment de
la bourgeoisie. L’ex-candidat à la
présidence, qui en a profité pour
rappeler la genèse de Petro Caribe
dont un point de l’accord stipulerait vraisemblablement : 60 % du
prix de vente au Venezuela et les
40 % au projet de développement
durable, avec faible taux de remboursement échelonné sur 25 ans, aurait cependant oublié que le
régime Lavalas, vers 2003, avait
entraîné le premier la destruction
de la classe moyenne, avec le
mouvement des coopératives. Depuis lors, l`homme de la rue se
trouve confronté à la dure réalité
de la dégradation de son train de
vie.
Malheureusement, comme un
clou en chasse toujours un autre, les fausses promesses de campagne électorale ont produit les
mêmes effets. En 2011, a rappelé
M. Jean-Charles, l’ex-président
Michel Martelly et ses administrations Martelly-Lamothe et Martelly-Paul ont tout gaspillé en conservant à 100 % des rentrées de la
vente des produits pétroliers pour
des projets-bidons et en rendant le
pays redevable envers le Venezuela de plusieurs milliards de dollars. Pour l’ancien sénateur du Nord, avec une hausse du prix du gallon
de carburant à la pompe, un produit transversal, c’est tout le secteur économique qui sera en crise, un point de vue qui est, cependant, loin d’être partagé par l’un des
multiples conseillers du président
Jovenel Moïse, Guichard Doré. Pour M. Doré, le protocole d’accord signé avec des syndicalistes
comporterait plusieurs points au
bénéfice de la population très septique sur un nouvel ajustement à la
baisse dans le cas où le baril de
pétrole s’achèterait à moins de 45
$ sur le marché international.« Si
j’étais à la place de Jovenel Moïse, j’irais prélever de l’argent sur les
activités rentables des Boulos, Arpaid, Accra, Mevs...», a lâché
l’ex-sénateur sans mâcher ses
mots, pointant ainsi du doigt la
frontière haitiano-dominicaine où, d’après lui, des contrebandiers
passent pour être les vrais maîtres
dans les fausses déclarations de
bordereaux de douane. Ce sont des milliards de dollars qui fuient
les caisses de l’État, selon une estimation de Moïse Jean-Charles recommandant au président Moïse
d’aller chercher des fonds dans ce
secteur et laisser tranquille les
braves travailleurs.
Le chien aboie, la caravane
passe, auraient fait comprendre les
maîtres d’Haïti pensant pouvoir
venir avec des décisions unilatérales sur la hausse des prix du carburant, quand, selon un rapport de
la Commission Latortue, des
membres de cette équipe, y compris Wilson Laleau, et le régime
tèt kale 1, seraient pour beaucoup
dans le gaspillage des fonds Petro-Caribe. Sans dresser une grille de
salaire révisé, dans l’administration publique, sauf pour la classe
possédante, des jours sombres
s’annoncent pour le pays où manger et boire à satiété, voire à sa
faim, deviennent un luxe. Avec
cette augmentation des prix des produits dérivés du carburant appliqués de gré ou de force, comme
avait prévu le conseiller spécial du
président envoyé à la table des négociations, a rappelé, de son côté, le Député Sinal Bertrand, c’est la
classe démunie qui en subira en
premier les graves répercussions.
Il est inconcevable, dit-il, qu’un
«évadé fiscal » [ses propres mots], comme Dr. Jack Guy Lafontant
vienne parler de taxes sur le diesel
et la gazoline quand lui-même, un
professionnel, a passé 5 ans sans
accomplir ses devoirs civiques
envers la DGI. Mais dans la foulée, l’augmentation des prix de
produits de premières nécessités
est la conséquence première enregistrée suite à la hausse du prix du
diesel et autres produits pétroliers
à la pompe.
Aux syndicalistes (jaunes, roses, etc.) dont la crédibilité nous
laisse dans le doute, nous leur
disons qu’on ne campe pas sur ses
positions sur un terrain d’entente. De belles offres, il est difficile de
résister à cette tentation « sitou lè
ou konn byen kote ou soti e ki kote
ou vle rive ». Maintenant, arrêter
de duper la population avec un
suivi efficace de cet accord paraphé sous des pretexts fallacieux.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire