Michel Martelly |
LA FIN ARRIVE DANS
QUATRE JOURS POUR TÈT KALE
Les
dernières magouilles de Martelly et co.
Un
trafiquant de drogue proposé comme PM… l’OEA tenue en respect…Sweet Mickey face
à son destin…
Par
Léo Joseph
De la prestation de
serment de Michel Martelly comme président de la République, le 12 mai 2011, au
7 février 2016, c’est comme si c’était hier. Après son quinquennat, qui touche
à sa fin quasiment dans quatre jours, le chanteur du compas continue de poser
des actes de désespoir, car craignant le sort qui l’attend dès qu’il aura
quitté le périmètre du Palais national. Les propos qu’il lance et les décisions
qu’il prend semblent donner raison à ceux qui disent qu’il a perdu la raison ou
qu’il est sous l’influence de la drogue.
En effet, voyant venir
« la fin», le chanteur du compas a voulu tenter un vain effort de se faire
partie prenante des négociations visant à trouver une solution consensuelle
pour sortir de la crise. Le dernier projet qu’il a conçu est la mise hors jeu
de son Premier ministre de facto, Evans Paul, pour le remplacer in extremis par
un chef de gouvernement trié sur le volet, qui serait son homme lige, pour
qu’il le couvre d’immunité, afin de lui épargner les poursuites légales,
nationales et internationales, qui l’attendent.
Reynold
Deeb proposé comme Premier ministre
En conseil des
ministres, au cours de la semaine précédente, Michel Martelly a sorti une liste
de personnalités proches du régime tète kale sur lesquels il voudrait jeter son
dévolu comme Premier ministre. Parmi les noms qu’il a mentionnés figurent deux
hommes impliqués dans l’affaire du bateau d’Acra. Il s’agit de Reynold Deeb et
de Marc Antoine Acra, ce dernier étant celui qui avait placé la commande de
plus de 665 tonnes de sucre que transportait le bateau battant pavillon
panaméen, le Manzanares. Mais à bord de ce bateau, qui s’était mis à quai au
Teminal Varreux, se trouvaient, dissimulées parmi les sacs de sucre, environ
240 tonnes mixtes de cocaïne, d’héroïne et de marijuana. Il arriva que, selon
un des débardeurs arrêtés par la Police, Reynold Deeb était un des individus qui
avaient pu récupérer une portion de la marchandise.
Dans la foulée, il a
été révélé que le bateau panaméen avait mouillé dans le port de Varreux afin de
livrer la « marchandise » qu’avait commandée Marc Antoine Acra pour le compte
de la société NABATCO, firme dont les propriétaires sont les frères et fils
Acra.
Si dans ses choix de
candidats à proposer comme Premier ministre, le président Martelly a été forcé
de laisser tomber Marc Antoine Acra, il a bel et bien maintenu Reynold Deeb.
Cette décision s’est basée sur le fait qu’une première audience de l’affaire du
bateau d’Acra se tiendra prochainement, les pressions exercées par le pouvoir
et les alliés d’Acra sur les autorités judiciaires, pour faire arrêter le
processus, ayant débouché sur le néant.
Reynold
Deeb : Le coup de poker de Martelly
Parvenu au bout du
rouleau, Michel Martelly n’a pas perdu espoir de trouver la formule susceptible
de lui donner les garanties pour lesquelles il s’est battu du bec et des ongles
afin d’organiser des élections faites sur mesure.
Dans sa jugeote, placer
le nom de Reynold Deeb parmi ses choix pour la primature constitue un risque
calculé. En désignant l’actuel chef de la primature (K-Plim) et l’ex-président
du Sénat, le sénateur Riché Andris, il pensait qu’en dépit de ses handicaps, M.
Deeb compte des atouts qu’il juge potentiellement avantageux pour ses plans.
À noter que, dans sa
stratégie, Sweet Mickey sait que M. Andris n’a aucune chance de se faire élire
Premier ministre.
Quant à Evans Paul, il saura
« dérailler » son élection. Il suffit d’inciter Paul à démissionner pensant que
l’ambition du pouvoir de ce dernier finira par le convaincre de rendre son
tablier pour se faire élire et devenir ainsi un chef de gouvernement de
consensus. Il aura ainsi cessé d’être un Premier ministre de facto.
Mais Evans Paul a eu la
sagesse de revenir sur sa décision de démissionner. Quant à Reynold Deeb, Martelly
estimait qu’il possède suffisamment d’argent pour offrir jusqu’à USD 100 mille
$ à chaque parlementaire qui voudra voter en sa faveur.
Mais avec le refus de
K-Plim de se retirer, M. Martelly voit ses plans s’effondrer comme un château
de cartes.
La
mauvaise chance, comme la bonne, vient en série
Ces derniers jours
n’apportent pas bonheur pour Michel Martelly. Après les démissions de conseillers
électoraux et la décision des secteurs ayant envoyé des représentants à
l’organisme électoral refusant de nommer des remplaçants, le vent commençait à
changer de direction.
À ces mauvaises
nouvelles, allait faire suite la démission de Pierre-Louis Opont causant l’évanouissement
du rêve de Martelly d’annoncer un énième ajournement du processus électoral. Avec
ce dernier événement, il est approprié pour Sweet Mickey de s’écrier: « Adieu,
veau, vache, cochon, couvée ». Décidément, la mauvaise chance, comme la bonne,
vient en série.
Mais Martelly croyait
avoir encore un autre atout : ses alliés de l’OEA et de l’ONU. Aussi, en
catastrophe, fit-il une demande à l’organisme régional d’envoyer une commission
pour aider à trouver une solution à la crise. Presque en même temps, il devait
faire une requête aux Nations Unies pour qu’elle aide à trouver une formule
pour lui permettre de rester au pouvoir au-delà du 7 février.
Mais, arrivée en Haïti,
la délégation de l’OEA s’est retrouvée dans un paysage politique complètement
dénudé. Pas de CEP avec qui négocier une quelconque relance du processus ajourné,
il ne lui reste qu’à s’entretenir avec un président de la République quasiment
dépouillé de ses pouvoirs. Aussi qu’à prendre contact avec les parlementaires
(le Sénat) où la délégation est accueillie avec fermeté.
De fait, les
représentants de l’OEA, qui étaient accueillis à coups de manifestations populaires
hostiles, se sont entendu rappeler par les sénateurs qu’ils ne devaient pas
penser qu’ils allaient refaire les expériences antérieures en prenant des décisions
en lieu et place du peuple haïtien. Mais l’attitude affichée par le sénateur a
prouvé aux visiteurs que les choses ont changé. Aussi les émissaires de l’OEA
ont-ils annoncé qu’ils étaient venus « seulement pour écouter».
On apprend que l’Église
catholique avait signifié aux hommes de l’OEA qu’elle n’avait aucune intention
de les rencontrer. De même pour d’autres secteurs de la vie nationale. Autant
dire, cette fois, l’OEA a bel et bien constaté qu’elle n’a aucun rôle à jouer
dans le processus électoral haïtien. En tout cas, pas avant que soit aménagée
une porte d’entrée qui sera la résultante d’un consensus inter-haïtien.
Il semble que la
délégation de l’OEA, comprenant qu’elle évoluait sur un terrain piégé en Haïti,
n’ait daigné solliciter aucune rencontre avec le G8 et ses alliés. Indubitablement
l’organisme régional, qui a causé tant de torts au peuple haïtien, dans le
cadre de sa gestion des affaires électorales haïtienne, s’est retrouvé hors
jeu.
Martelly
a-t-il rendez- vous à l’ambassade américaine ?
La date du 7 février
arrive. Malgré ses déclarations abracadabrantes du genre qu’il ne quittera pas le
Palais le 7 février, il semble que les plans de Sweet Mickey soient loin de
confirmer ses promesses, y compris celle annonçant sa présence sur un char carnavalesque
une fois qu’il aura laissé le Palais national.
On apprend, d’une source
diplomatique, que Michel Martelly aurait rendez-vous à l’ambassade des
États-Unis le 7 février. Un dimanche doublé de la tenue des carnavals, ce n’est
pas le jour de régler des affaires à la mission diplomatique américaine. D’aucuns
se demandent ce que Sweet Mickey pourrait bien venir chercher le jour de la fin
de son mandat présidentiel.
Un diplomate a évoqué
la possibilité qu’il aurait négocié sa reddition aux autorités judiciaires
américaines. Un autre diplomate a expliqué que, suite à une autre communication
avec l’ambassade U.S. il aurait fait remarquer que, selon les informations
qu’il possède, la situation sécuritaire serait sérieusement compromise et qu’il
est possible qu’il ne puisse faire le déplacement de par lui- même. Aussi
aurait-il demandé s’il était possible qu’on vienne le chercher.
Voilà des déclarations
apparemment contradictoires, mais qui pourraient receler des décisions
pertinentes.
En clair, l’aube est sur
le point d’attraper Michel Martelly totalement dans l’impréparation quand à son
sort, le jour fatidique du 7 février.
Les dernières
magouilles du président haïtien sortant n’ont eu aucun effet sur l’épilogue de
la présidence de Martelly. Au fur et à mesure qu’approche la date de son départ
du Palais, plus il se rendra compte de son impuissance à influencer les
événements.
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