mercredi 3 février 2016

LA FIN ARRIVE DANS QUATRE JOURS POUR TÈT KALE


Michel Martelly

LA FIN ARRIVE DANS QUATRE JOURS POUR TÈT KALE

Les dernières magouilles de Martelly et co.

Un trafiquant de drogue proposé comme PM… l’OEA tenue en respect…Sweet Mickey face à son destin…

Par Léo Joseph

De la prestation de serment de Michel Martelly comme président de la République, le 12 mai 2011, au 7 février 2016, c’est comme si c’était hier. Après son quinquennat, qui touche à sa fin quasiment dans quatre jours, le chanteur du compas continue de poser des actes de désespoir, car craignant le sort qui l’attend dès qu’il aura quitté le périmètre du Palais national. Les propos qu’il lance et les décisions qu’il prend semblent donner raison à ceux qui disent qu’il a perdu la raison ou qu’il est sous l’influence de la drogue.

En effet, voyant venir « la fin», le chanteur du compas a voulu tenter un vain effort de se faire partie prenante des négociations visant à trouver une solution consensuelle pour sortir de la crise. Le dernier projet qu’il a conçu est la mise hors jeu de son Premier ministre de facto, Evans Paul, pour le remplacer in extremis par un chef de gouvernement trié sur le volet, qui serait son homme lige, pour qu’il le couvre d’immunité, afin de lui épargner les poursuites légales, nationales et internationales, qui l’attendent.

Reynold Deeb proposé comme Premier ministre

En conseil des ministres, au cours de la semaine précédente, Michel Martelly a sorti une liste de personnalités proches du régime tète kale sur lesquels il voudrait jeter son dévolu comme Premier ministre. Parmi les noms qu’il a mentionnés figurent deux hommes impliqués dans l’affaire du bateau d’Acra. Il s’agit de Reynold Deeb et de Marc Antoine Acra, ce dernier étant celui qui avait placé la commande de plus de 665 tonnes de sucre que transportait le bateau battant pavillon panaméen, le Manzanares. Mais à bord de ce bateau, qui s’était mis à quai au Teminal Varreux, se trouvaient, dissimulées parmi les sacs de sucre, environ 240 tonnes mixtes de cocaïne, d’héroïne et de marijuana. Il arriva que, selon un des débardeurs arrêtés par la Police, Reynold Deeb était un des individus qui avaient pu récupérer une portion de la marchandise.

Dans la foulée, il a été révélé que le bateau panaméen avait mouillé dans le port de Varreux afin de livrer la « marchandise » qu’avait commandée Marc Antoine Acra pour le compte de la société NABATCO, firme dont les propriétaires sont les frères et fils Acra.

Si dans ses choix de candidats à proposer comme Premier ministre, le président Martelly a été forcé de laisser tomber Marc Antoine Acra, il a bel et bien maintenu Reynold Deeb. Cette décision s’est basée sur le fait qu’une première audience de l’affaire du bateau d’Acra se tiendra prochainement, les pressions exercées par le pouvoir et les alliés d’Acra sur les autorités judiciaires, pour faire arrêter le processus, ayant débouché sur le néant.

Reynold Deeb : Le coup de poker de Martelly

Parvenu au bout du rouleau, Michel Martelly n’a pas perdu espoir de trouver la formule susceptible de lui donner les garanties pour lesquelles il s’est battu du bec et des ongles afin d’organiser des élections faites sur mesure.

Dans sa jugeote, placer le nom de Reynold Deeb parmi ses choix pour la primature constitue un risque calculé. En désignant l’actuel chef de la primature (K-Plim) et l’ex-président du Sénat, le sénateur Riché Andris, il pensait qu’en dépit de ses handicaps, M. Deeb compte des atouts qu’il juge potentiellement avantageux pour ses plans.
À noter que, dans sa stratégie, Sweet Mickey sait que M. Andris n’a aucune chance de se faire élire Premier ministre.

Quant à Evans Paul, il saura « dérailler » son élection. Il suffit d’inciter Paul à démissionner pensant que l’ambition du pouvoir de ce dernier finira par le convaincre de rendre son tablier pour se faire élire et devenir ainsi un chef de gouvernement de consensus. Il aura ainsi cessé d’être un Premier ministre de facto.

Mais Evans Paul a eu la sagesse de revenir sur sa décision de démissionner. Quant à Reynold Deeb, Martelly estimait qu’il possède suffisamment d’argent pour offrir jusqu’à USD 100 mille $ à chaque parlementaire qui voudra voter en sa faveur.

Mais avec le refus de K-Plim de se retirer, M. Martelly voit ses plans s’effondrer comme un château de cartes.

La mauvaise chance, comme la bonne, vient en série

Ces derniers jours n’apportent pas bonheur pour Michel Martelly. Après les démissions de conseillers électoraux et la décision des secteurs ayant envoyé des représentants à l’organisme électoral refusant de nommer des remplaçants, le vent commençait à changer de direction.

À ces mauvaises nouvelles, allait faire suite la démission de Pierre-Louis Opont causant l’évanouissement du rêve de Martelly d’annoncer un énième ajournement du processus électoral. Avec ce dernier événement, il est approprié pour Sweet Mickey de s’écrier: « Adieu, veau, vache, cochon, couvée ». Décidément, la mauvaise chance, comme la bonne, vient en série.

Mais Martelly croyait avoir encore un autre atout : ses alliés de l’OEA et de l’ONU. Aussi, en catastrophe, fit-il une demande à l’organisme régional d’envoyer une commission pour aider à trouver une solution à la crise. Presque en même temps, il devait faire une requête aux Nations Unies pour qu’elle aide à trouver une formule pour lui permettre de rester au pouvoir au-delà du 7 février.

Mais, arrivée en Haïti, la délégation de l’OEA s’est retrouvée dans un paysage politique complètement dénudé. Pas de CEP avec qui négocier une quelconque relance du processus ajourné, il ne lui reste qu’à s’entretenir avec un président de la République quasiment dépouillé de ses pouvoirs. Aussi qu’à prendre contact avec les parlementaires (le Sénat) où la délégation est accueillie avec fermeté.

De fait, les représentants de l’OEA, qui étaient accueillis à coups de manifestations populaires hostiles, se sont entendu rappeler par les sénateurs qu’ils ne devaient pas penser qu’ils allaient refaire les expériences antérieures en prenant des décisions en lieu et place du peuple haïtien. Mais l’attitude affichée par le sénateur a prouvé aux visiteurs que les choses ont changé. Aussi les émissaires de l’OEA ont-ils annoncé qu’ils étaient venus « seulement pour écouter».

On apprend que l’Église catholique avait signifié aux hommes de l’OEA qu’elle n’avait aucune intention de les rencontrer. De même pour d’autres secteurs de la vie nationale. Autant dire, cette fois, l’OEA a bel et bien constaté qu’elle n’a aucun rôle à jouer dans le processus électoral haïtien. En tout cas, pas avant que soit aménagée une porte d’entrée qui sera la résultante d’un consensus inter-haïtien.

Il semble que la délégation de l’OEA, comprenant qu’elle évoluait sur un terrain piégé en Haïti, n’ait daigné solliciter aucune rencontre avec le G8 et ses alliés. Indubitablement l’organisme régional, qui a causé tant de torts au peuple haïtien, dans le cadre de sa gestion des affaires électorales haïtienne, s’est retrouvé hors jeu.

Martelly a-t-il rendez- vous à l’ambassade américaine ?

La date du 7 février arrive. Malgré ses déclarations abracadabrantes du genre qu’il ne quittera pas le Palais le 7 février, il semble que les plans de Sweet Mickey soient loin de confirmer ses promesses, y compris celle annonçant sa présence sur un char carnavalesque une fois qu’il aura laissé le Palais national.

On apprend, d’une source diplomatique, que Michel Martelly aurait rendez-vous à l’ambassade des États-Unis le 7 février. Un dimanche doublé de la tenue des carnavals, ce n’est pas le jour de régler des affaires à la mission diplomatique américaine. D’aucuns se demandent ce que Sweet Mickey pourrait bien venir chercher le jour de la fin de son mandat présidentiel.

Un diplomate a évoqué la possibilité qu’il aurait négocié sa reddition aux autorités judiciaires américaines. Un autre diplomate a expliqué que, suite à une autre communication avec l’ambassade U.S. il aurait fait remarquer que, selon les informations qu’il possède, la situation sécuritaire serait sérieusement compromise et qu’il est possible qu’il ne puisse faire le déplacement de par lui- même. Aussi aurait-il demandé s’il était possible qu’on vienne le chercher.

Voilà des déclarations apparemment contradictoires, mais qui pourraient receler des décisions pertinentes.

En clair, l’aube est sur le point d’attraper Michel Martelly totalement dans l’impréparation quand à son sort, le jour fatidique du 7 février.


Les dernières magouilles du président haïtien sortant n’ont eu aucun effet sur l’épilogue de la présidence de Martelly. Au fur et à mesure qu’approche la date de son départ du Palais, plus il se rendra compte de son impuissance à influencer les événements.

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