Si ce 7 février 2016, après avoir suivi en direct le président de la république dans son dernier speech, n'est pas une autre victoire de Martelly, et un échec pour l'opposition plurielle, alors on doit retourner à l'école des Sciences-Po.
Michel Martelly en présence de ses alliés sûrs du Core-Group a terminé en apothéose. Son écharpe au Mupanah, il est loin de sortir par la petite porte. Pas un geste symbolique pour le désapprouver au parlement. Par ailleurs, le Président du Sénat, Jocelerme Privert a recadré le PM de facto KP et a mis les points sur les "i" et les "j" pour Martelly qui s'estime avoir accompli sa mission.
Le leader le plus populaire en Haïti, Jean-Bertrand Aristide (à qui l'on reproche d'avoir sauvé Martelly par procuration ), à deux reprises n'a jamais pu terminer son mandat. René Préval, par son humilité, a échappé de peu à cette fatalité historique, lors des élections de 2010.
Michel Martelly, le novice en politique mais GNBiste en 2004, le mal élu, le moins formé, le plus provocateur, a pu devenir président et vient de terminer son mandat malgré les turbulences, nonobstant la présence physique du leader charismatique de Fanmi Lavalas, de Moise Jean-Charles, du Mopod, et de toutes les forces populaires du béton. Michel Martelly qui aura tout fait et tout essayé pour irriter la société haïtienne dans toutes ses dimensions sociales n'a pu obtenir la prolongation au 14 mai. Selon le président, partir le 7 février était une promesse de campagne et non une obligation constitutionnelle, le PM KP a été plus loin en disantc’est un grand sacrifice qu’a consenti le président; ces deux compères de l’exécutif, semble-t-il, n’aurait jamais lu la constitution amendée. Du coup, l'opposition plurielle, faute de n'avoir pas pu renverser Michel Martelly, pour ses dérives depuis son accession au Palais National, à cause du soutien sans faille et jusqu'au bout du Core Group/Usa, s'apprêterait à sabler le champagne. Le leader de PPD, Moise Jean-Charles, a récemment affirmé naïvement que sa plus grande victoire ou celle du peuple haïtien c'est de mettre Michel Martelly KO, car son mandat arrive à terme ce 7 février 2016. Drôle de victoire! Cherchez le scoop dans tout ça! L'opposition plurielle ressemblerait-elle à une bande d'enfants à la maternelle? Comment l'équipe Tèt Kale dans une certaine manipulation cognitive arrive à manifester dans les rues avec le soutien des hommes en tenue vert olive, armés, pour exiger avec beaucoup d'audace ou de culot le 14 mai en réclamant le second tour des joutes du 25 octobre. Et comme si cela allait s'accomplir, tout le monde ou presque, du côté de l'opposition veut se rabattre sur la non réalisation de ce fantasme. Après quatre (4) ans de lutte, qu'a pu obtenir concrètement l'opposition démocratique? Les tapages médiatiques ont-ils suffit pour se donner un satisfecit? Martelly à certain moment s'est rétracté sur quelques dossiers mais in finish, il a pu bien accomplir pas mal. Il a campé un embryon de son armée. Lamothe a été éjecté sans aucune égratignure puis remplacé par Evans Paul. Un icône déchu devenu allié de Tèt Kale. Le CEP à la lumière de la Constitution/Art 289 pour lequel chaque secteur avait envoyé leur représentant -tout ce qu'il avait de meilleur ou de pire- était passé au service du régime Tèt Kale. PHTK a remporté beaucoup de sièges. Mopod n'a eu aucun élu au parlement. Pitit Dessalines un député et un sénateur. A regarder dans l'ouest qu'a-t-elle remportée au parlement? Il aura fallu de peu , n'était-ce la résistance verticale de Jude Célestin, le pays a failli ingurgiter la banane du Trou du Nord. Jamais une note de blâme pour Michel Martelly par la communauté internationale.
L'opposition à chaque fois crie victoire mais après on ne voit que des déboires. Quand le pouvoir donne des réceptions, l'opposition compte ses déceptions. Tout leur échappe. L'opposition ne contrôle presque rien. La rue se plaint d'être exclue de la table des décisions. Alors que durant quatre ans aucune institution (si elle existait était contrôlée par le régime) n'a pu stopper Martelly dans ses délires, aujourd'hui tout le monde souhaite que la solution au départ de Tèt Kale soit institutionnelle. La rue une fois encore est divisée sur l'après Martelly. Des troupes sans général ou des généraux sans troupes. Cet accord entre le Parlement et l'exécutif divise, rassure, révolte. Au lieu de fixer les yeux sur Pierre-Louis Opont, on préfère indexer les parlementaires. Les incertitudes sont certaines.
Des chefs de partis ne sont pas en confiance avec leurs élus au parlement et n'ont pas leur contrôle. Martelly, c'est pas fini, car il a osé donner la voie à suivre pour le 8 février et les jours suivants. Ceux qui ont dénoncé et contesté les joutes du 9 Août vont-ils se porter candidat par devant ce parlement? Plus que les 54 du premier tour, la liste des candidats à la présidence provisoire risque d'être longue et peut bien encore faire le jeu du régime sortant.
Par exemple, pourquoi attendre sept jours pour élire en assemblée nationale un président provisoire? Certainement le temps pour l'équipe Martelly de manipuler ou d'acheter des votes, afin d'imposer leur président provisoire. Et quand on regarde la procédure, c'est le processus le plus ridicule dans la Constitution. On parle de majorité relative. Un homme, un vote. Le quorum nécessaire ou minimal exigera la présence de 16 sénateurs et de 61 députés, donc 77 parlementaires. Le président ne vote pas. Alors le candidat qui totalisera 39 votes sur 76 deviendra l'heureux élu. Et dans le cas d'une séance accusant la présence des 92 députés et des 24 sénateurs, donc 116 parlementaires, le président ne vote pas, alors le candidat ayant réuni la moitié de (116+1) donc (58 + 1 = 59) donc 59 parlementaires éliront le président provisoire.
Sans avoir l'air pressé ou sous pression, Martelly a promis d'être toujours là.
Entre temps, il y a une vérité historique qui doit nous interpeller: Depuis l'indépendance pour arriver à l'après 1986, René Préval est le seul président à accomplir deux mandats présidentiels au complet, à passer l'écharpe présidentielle à un président quand le protocole l’exigeait et n'avoir jamais connu l'exil après ses deux mandats. Même s'il est vrai que cet accomplissement personnel ne lui enlève pas le péché de n'avoir pas mis sur pied certaines institutions républicaines qui pourraient alléger certains maux d'aujourd'hui sans pour autant garantir une totale stabilité politique.
Shalom. Dieudonne Saincy. DS
Source : Tout Haiti
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